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Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne

Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienneAinbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne
©Le Pacte
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 2 novembre 2021, mis à jour le 7 novembre 2021

Actuellement à l’affiche dans les salles de cinéma à Lima, ce film d'animation co-réalisé par le Péruvien José Zelada et le Néerlandais Richard Claus, sur la mythologie amazonienne, raconte l'histoire d'une jeune aventurière qui sauve sa forêt tropicale paradisiaque des bûcherons et des mineurs.

Née au cœur de la forêt amazonienne, Ainbo n’a que 13 ans mais rêverait d’être la meilleure chasseuse de tout Candamo. Aussi se lance-t-elle au mépris de tous les dangers dans la lutte contre la déforestation, ce terrible fléau qui menace sa terre natale. Heureusement, elle sait que pour vaincre ses ennemis, coupeurs d’arbres et chercheurs d’or, elle pourra compter sur ses guides spirituels magiques : Vaca, un tapir aussi costaud que maladroit et Dillo, un tatou espiègle.

 

 

« Ainbo : Princesse d’Amazonie », « Ainbo : La guerrera del Amazonas » ou « Ainbo : Spirit of the Amazon » (son titre original), est un ambitieux projet d'animation qui a participé en juin au prestigieux Festival International du Film d'Animation d'Annecy, en France. Il s’agit d’une coproduction internationale menée par la maison de production péruvienne « Tunche Films », propriété des frères José, César et Sergio Zelada, avec le soutien de « Cinema Management Group », une société américaine spécialisée dans la distribution internationale de films d'animation qui a permis d'obtenir les financements suffisants pour couvrir les coûts de production s'élevant à environ 7 millions de dollars.

 

Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne
©Le Pacte

 

Entretien avec le réalisateur d'Ainbo : Princesse d’Amazonie, José Zelada

Qu’est-ce qui vous a inspiré AINBO ? Comment êtes-vous entré dans cette histoire ?

Mes frères et moi avons toujours rêvé de faire des films. On est imprégnés d’histoires fantastiques venues principalement d’Amazonie, dont nous sommes originaires. Et j’ai toujours eu en tête l’histoire de ma mère. C’est elle qui a véritablement inspiré le film. De là, on a commencé à mélanger des ingrédients tels que la triste réalité de la déprédation de la forêt amazonienne par l’exploitation minière illégale, par le changement climatique, par l’abattage inconsidéré des arbres... Puis on s’est demandé comment offrir au cinéma une belle histoire, tout en transmettant un message aux enfants, pour les générations futures. Et comment brosser le portrait d’une réalité quasi apocalyptique sans être trop déplaisant. L’idée d’un film d’animation s’est alors imposée.

 

Nous avons eu la chance de naître en Amazonie

 

Quels aspects de votre enfance au Pérou vous ont inspiré pour ce film ?

Nous avons un lien fort avec l’Amazonie, de par nos racines. Mon enfance et mon adolescence ont été baignées de fantastique et de magie. Les croyances, la façon de voir la vie... La coexistence avec la nature constitue un univers à part entière. Que ce soient les animaux qui parlent, les paysages, les coins magiques remplis de sorciers et de guérisseurs... Ces éléments nous aident à écrire non seulement l’histoire d’Ainbo, mais aussi bien d’autres histoires.

Le secret consiste simplement à prendre ces éléments, qui sont là, tout autour de vous. Ils sont transmis de génération en génération depuis des millénaires. Vous prenez l’histoire d’une tortue géante portant sur son dos la jungle pour la cacher des sorciers, et vous l’associez à celle d’une fillette héroïque qui sauve une tribu de la faim et de la soif. Au fond, c’était le mélange de tout ça : avoir grandi dans la jungle, bercés par ses histoires, et écrire ces contes merveilleux que l’on nous racontait, enfants.

Nous avons eu la chance de naître en Amazonie, car non seulement ces histoires vous nourrissent, mais vous les vivez, vous les voyez, vous les imaginez, et vous y croyez. On y trouve des paysages extraordinaires, des arbres hauts de 50, 70, voire 80 mètres, qui ont un esprit, et on communie avec eux. Tout ceci m’a aidé, ainsi que toute l’équipe, à raconter et à concevoir graphiquement l’histoire, à être méticuleux tout en exagérant les traits des personnages et des paysages – jusqu’à la forme des huttes. Toute la culture shipibo – d’où nous venons – est incarnée dans le film, mais avec encore plus de magie.

 

Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne
©Le Pacte

 

Comment avez-vous conçu les personnages ? Parlez-nous des animaux et de ce qu’ils représentent dans votre culture et vos traditions...

Encore une fois, le personnage d’Ainbo s’inspire de ma mère. Ainbo est en somme la fusion de deux cultures. Ma mère est issue d’une famille d’Européens immigrés dans la forêt amazonienne. Elle est née au fin fond de la jungle, et notre grand-mère nous a raconté la légende de notre mère. Ainbo vient donc essentiellement de cette légende et de l’histoire de notre mère.

Les personnages qui entourent Ainbo s’inspirent de la mythologie amazonienne. Ce sont des guides spirituels. Motelo Mama, par exemple, immense esprit millénaire, s’inspire de la légende de la Motelo Mama (« motelo » signifie tortue) ; c’est la géante mère tortue qui porte sur son dos une partie de la jungle pour l’emmener en lieu sûr, à l’abri des prédateurs. Le Yacuruna est littéralement un démon qui contrôle l’esprit des indigènes pour profiter d’eux et voler l’or. Vaca et Dillo sont un tapir et un tatou que nous avons trouvés amusants, qui apportent un relief comique au film ; ils sont les compagnons et les guides spirituels de Ainbo. Tous occupent un rôle majeur dans la mythologie amazonienne.

 

Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne
©Le Pacte

 

Comment avez-vous collaboré avec Richard Claus à la réalisation ? Quelles sont, selon vous, ses plus précieuses contributions ?

Il s’agissait là de ma première expérience de coréalisation. Ça a été un vrai challenge au début, du fait de nos différences culturelles et linguistiques. Mais petit à petit, on a réussi à s’accorder autour d’une intrigue centrale et à se soutenir mutuellement. Il avait de l’expérience, de par ses précédents films, et a fait des propositions pertinentes qui se sont parfaitement intégrées au récit. Collaborer avec Richard s’est avéré une expérience formidable.

 

Ainbo, une représentation authentique du folklore de l’Amazonie péruvienne

 

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