En 2016, Laura Clergue fait un pari audacieux : quitter son travail d’ingénieur et la France pour se consacrer pleinement à sa carrière professionnelle de padel, ce sport dérivé du tennis. Championne de France et classée au 46ème rang mondial, la compétitrice a réussi son pari. Même si l’ascension de Laura est fulgurante, sa course vers les sommets est loin d’être achevée.
« Tout s’enchaîne très vite dans le padel ». Après 20 ans de tennis, Laura Clergue découvre en 2014 ce sport à mi-chemin entre le tennis et le squash. Un véritable coup de foudre. La jeune Aixoise devient rapidement double championne de France en 2015 et 2016 et vice-championne d’Europe avec sa partenaire. Son objectif : atteindre les sommets du padel mondial.
Un pari audacieux
Pour réaliser son rêve, une seule possibilité : partir en Espagne. « C’est à Madrid que tout se passe. Tous les plus grands joueurs sont ici. C’est le pays du padel ! Dans toutes les grandes résidences, il y a une piscine et un terrain de padel », certifie la Française. La jeune championne intègre en janvier 2017 l’un des centres d'entrainement les plus réputés de Madrid, le Sport Center Manolo Santana. « En France, il y a très peu d’entraineurs de padel. Ceux de grande renommée se trouvent en Espagne. Et puis comme je travaillais à côté, je n’arrivais pas à suivre le rythme. Je ne pourrais pas avoir cette vie en France. »
Plus relevée qu’en France, la compétition espagnole est rude. Comme pour le tennis, les tournois de padel passent par de longues phases de qualifications, avant que les joueurs puissent espérer toucher du bout de la raquette le tableau final. En 2017, Laura est parvenue à accéder à ces phases finales lors de huit tournois sur onze. Une prouesse qui fait d’elle la première Française qualifiée pour les derniers tableaux de cette discipline. En intégrant en une année le top 50 mondial, la sportive devient ainsi la première joueuse française à se faire une place parmi les meilleures joueuses du monde.
« Ma nationalité française est une force »
Dans un environnement dominé par les cultures ibériques et d’Amérique latine, l’arrivée de la jeune frenchie a été remarquée. « Il n’y a que des Argentines, des Espagnoles et une Portugaise dans le top 50. Pourtant, je n’ai eu aucun problème d’intégration, j’ai été bien accueillie. Ça m’a aidé d’être française. Mon sponsor joue sur cette image. Sur le circuit, on me connait un peu comme la Française. Laura la Française, c’est mon nom », plaisante la jeune championne.
Réussir en tant que Française, c’est aussi un formidable coup de pouce pour l’image de la discipline. Encore peu connu en Europe, le second sport national espagnol est en plein essor, et commence de plus en plus à se propager au-delà des frontières ibériques. « J’ai été un peu le cobaye, et maintenant, de plus en plus de Belges, d’Allemandes, etc, font le même pari que moi. C’est une bonne chose pour notre sport ! », précise Laura.
« Je passe entre 4 et 5 heures par jour à m’entraîner »
Laura est certaine d’avoir fait le bon choix. « Je suis hyper épanouie. Vivre sa passion, ça n’a pas de prix. » Pas de prix oui, mais un coût : un travail régulier et acharné. La prodige passe entre quatre et cinq heures par jour à s’entrainer, physiquement et techniquement. « Je me suis demandée si mon corps pouvait tenir le rythme du haut niveau. Pour l’instant, je touche du bois ». Pour suivre la cadence et ce rythme effréné, la Française est entourée par un nutritionniste, un kinésithérapeute et un psychologue sportif. Son entraineur, Gaby Reca, ancien numéro un mondial, la suit partout : « Toute l’équipe est derrière moi et je ne suis pas venue pour faire les choses à moitié. »
De grandes ambitions pour 2018
Laura réalise la plus belle progression de l’année 2017 en gagnant 52 places au classement mondial. Après avoir terminée l’année en beauté en parvenant à se hisser en huitième de finale du World Padel Tour de Bilbao, la compétitrice espère pouvoir atteindre une nouvelle fois ce palier en 2018. L’étoile montante espère aussi briller aux championnats du Monde au Paraguay, en octobre. « Un top 30 serait formidable, mais ça dépend de pleins de facteurs. » Audacieuse, Laura est aussi prudente, signe d’une grande maturité. « C’est compliqué car quand on rentre dans top 50, les filles sont plus expérimentées, donc les places valent plus cher et sont plus difficiles à défendre ». Et malgré une place dans le haut niveau, Laura n’est toujours pas stable financièrement. « Pour vivre pleinement du sport, il faut être dans le top 20. De mon côté, je suis à la recherche de sponsors. J’ai besoin de soutien car pour l’instant, je ne rembourse toujours pas mes frais. » Inspirée par Marta Marreno, actuelle numéro une mondial de padel et ancienne ¼ de finaliste de Roland Garros, la jeune frenchie a aujourd’hui toutes les armes -ou raquettes- en main pour rivaliser avec les plus grandes. Prochain gros test : le World Padel Tour en mars prochain.