

Avec son livre, publié en août dernier, Virginie Girod, offre à ses lecteurs les secrets de la sexualité féminine au temps de Rome. Une facette de la vie quotidienne de nos ancêtres analysée avec minutie pour révéler l'originel dilemme de la place de la femme dans notre monde contemporain. Mère ou putain, liberté sexuelle ou sécurité familiale, dans l'Antiquité, les hommes et leurs lois avaient déjà choisi pour elles.
Entre soumission et ascension sociale
Avec Les femmes et le sexe dans la Rome Antique, Virginie Girod, Docteur en Histoire, explique comment la conduite sexuelle de chaque romaine déterminait son rôle social. Dans une épigramme adressée à son épouse, Martial écrivait : "Je veux bien que tu sois une Lucrèce pendant le jour tout entier, mais c'est une Laïs qu'il me faut la nuit". Cette phrase décrit la double vision que chaque homme romain avait des femmes. Pour ces derniers, celle qui enflammait leurs nuits ne pouvait être la même qui donnait vie à leur descendance et assurer la bonne tenue du foyer. Un point de vue qui dépassait les limites de leur chambre à coucher.
"Des pratiques inappropriées pouvaient faire déchoir la matrone de son rang alors qu'une affranchie loyale et honnête pouvait devenir matrone en se mariant avec un homme libre. Mais la putain, qu'elle fût esclave de sa libido ou qu'elle mit son corps au service du plaisir du premier venu pour de l'argent, ne pouvait jamais espérer quitter sa catégorie infamante". Rien d'étonnant dans une société où la pénétration était vue comme un acte de domination permettant aux hommes d'exprimer leur pouvoir sur ceux et celles qu'ils considéraient comme inférieur. Mère, putain, concubine, maîtresse, l'auteur explique en détail les cultes, les fêtes, les manières de s'habiller et les positions préférées qui leur était assignés pour légitimer leur échelon dans la Cité romaine.
L'érotisme de Cinquante nuances de Grey à l'ancienne
Avec un style simple et facile à lire, Virginie Girod propose ce qui pourrait s'apparenter à un petit manuel de la sexualité au temps de Jules César. Pas de voyeurisme, rien de pornographique, le ton est celui d'une historienne consciencieuse qui offre le fruit de ses pointilleuses recherches. La vie amoureuse des Romaines est alors passée au peigne fin. La procréation, la ménopause, l'allaitement, la fellation, le coït vaginal, le clitoris, la sodomie, les putes de luxe, les prostituées de classe moyenne, la femme adultère, tous les sujets qui intéressent qui font encore débat dans notre monde contemporain.
La publication du travail de l'auteur fait écho, à sa manière, à la nouvelle explosion de la littérature érotique. Pourtant, les
Au fond, le tour de force de l'écrivaine est d'avoir su réadapter sa thèse d'historienne, pour parler au grand public de l'art de faire l'amour dans la Rome Antique et de la domination historique des hommes sur les femmes. Un panorama à faire frémir les féministes les plus engagées et qui rappelle une ?uvre antagoniste devenue l'emblème de la lutte des femmes pour leur émancipation : Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir. Une analyse qui à travers les mythes, les civilisations, les religions, l'anatomie et les traditions, remet en cause l'institution bourgeoise du mariage et la prostitution. Deux pratiques, contestées par la philosophe française qui, pour Virginie Girod, seraient ancrées dans notre ADN socioculturel.
La recherche avant tout
Docteur en Histoire, Virginie Girod a préparé sa thèse sur la sexualité des femmes dans la Rome Antique à l'Université de Lettres et Civilisations Paris-Sorbonne IV. Intitulée L'Erotisme féminin à Rome dans le Latium et en Campanie sous les Julio-Claudiens et les Flaviens, c'est en octobre 2011 qu'elle a soutenu son travail à l'origine de son livre publié, quant à lui, en août 2013.
Sophie Lei (Lepetitjournal.com de Rome) - jeudi 23 octobre 2013
Les femmes et le sexe dans la Rome antique de Virginie Girod aux éditions Tallandier, 361 pages, Prix : 23,90 euros
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