

Rafik Khalifa, l'ex-milliardaire algérien à l'origine d'un énorme scandale financier, a été condamné hier à la réclusion à perpétuité par la justice de son pays. Mais il ne purgera sa peine qu'à son extradition depuis Londres, où il est en fuite depuis 2003
Khalifa a dû perdre le sourire lorsqu'il a appris qu'il avait écopé de la perpétuité (photo AFP)
Rafik Khalifa s'est réveillé ce matin en liberté, mais un peu moins libre qu'hier. Entre temps, il a appris que le tribunal algérien de Bilda l'avait condamné à la prison à perpétuité. Par contumace, puisque l'ex golden boy, aujourd'hui âgé de 40 ans, est depuis 2003 réfugié en Grande Bretagne. Il est donc libre jusqu'à son extradition de Londres à Alger. La procédure a été entamée, mais elle peut prendre des mois, voire des années.
La justice algérienne l'a reconnu coupable d'association de malfaiteurs, de corruption, d'abus de confiance, de faux et d'escroquerie. Le tout en l'espace de cinq ans.
Grandeur et décadence
Si un film sur la vie de Rafik Khalifa venait à voir le jour, le titre est déjà tout trouvé: Grandeur et décadence. En un temps record, il a d'abord réussi à se construire un empire colossal. Une vingtaine de sociétés dans le monde, dont une chaîne de télévision, une banque et une compagnie aérienne, employant plus de 20.000 personnes au total, un chiffre d'affaires gigantesque, une fortune personnelle estimée à plusieurs milliards de dollars. Et puis en 2003, plus rien.
Ou plutôt un trou de plus d'un milliard de dollars, tous les salariés au chômage, des milliers de particuliers et de sociétés privées, attirés par la possibilité de faire des profits mirobolants, ruinés. Même l'État algérien, à l'origine de la chute de Khalifa, mais actionnaire de plusieurs entreprises du groupe, en a subi les contrecoups.
Durant son enquête, la justice algérienne a mis à jour un vaste réseau articulé autour de la corruption et du blanchiment d'argent, le tout dirigé par Khalifa.
Mais le magnat n'agissait pas seul puisqu'une centaine d'accusés étaient jugés, pour la plupart par contumace, au cours de ce procès fleuve, qui a démarré le 8 janvier. Six de ses acolytes, dont un haut fonctionnaire, à savoir l'ancien gouverneur de la Banque d'Algérie, ont écopé de 20 ans de prison.
Un des plus grands scandales financiers du 21e siècle accouche donc de peines très lourdes, mais paradoxalement, aucun des principaux condamnés ne dormira ce soir derrière les barreaux.
Joris SABI. (www.lepetitjournal.com) vendredi 23 mars 2007
Pour en savoir plus
L'Express - Perpétuité pour l'ancien "golden boy"Rafic Khalifa
Libération - Khalifa: un procès pour en éviter un autre
Nouvelobs - Khalifa condamné à la prison à perpétuité


































