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Olivier Chambard : « Trois années pour renforcer notre relation bilatérale »

Olivier Chambard ambassadeur indonesieOlivier Chambard ambassadeur indonesie
Écrit par Valerie Pivon & Marie Pinot Liebert
Publié le 16 octobre 2022, mis à jour le 7 décembre 2022

Olivier Chambard, ambassadeur de France en Indonésie et au Timor-Oriental arrive à la fin de sa mission de trois années. Lepetitjournal.com Jakarta l’a rencontré avant son départ pour faire un bilan de son séjour dans le plus grand archipel du monde.

 

Monsieur l’Ambassadeur, vous arrivez au terme de votre mission. Quel bilan tirez-vous de ces trois années ?

C’est un bilan très positif. Tout d’abord, sur le plan professionnel, je voulais revenir dans ce pays dans lequel j’avais servi il y a 25 ans. L’Indonésie est un pays très important dans notre politique étrangère. Jusqu’à récemment, il n’avait pas été suffisamment pris en compte. Ces trois années ont permis d’assister au renforcement de la relation bilatérale entre la France et l’Indonésie notamment grâce à de nombreuses visites ministérielles, dont certaines ont même eu lieu durant la période Covid. Ce qui montre la détermination de la France et des Français à renforcer ce partenariat.

Entre le moment où je suis arrivé, et le moment où je pars, notre relation a beaucoup évolué. Nous avons avancé dans de nombreux domaines comme, par exemple, la signature d’un plan de renforcement du partenariat stratégique, des rencontres ministérielles programmées entre Jakarta et Paris, le développement du dialogue maritime. La vente d’armements également qui, au-delà de l’aspect commercial, constitue également un rapprochement stratégique.

D’un point de vue personnel, j’ai redécouvert un pays qui a beaucoup changé, notamment sur le plan économique. En revanche, la beauté, la diversité du pays et la gentillesse de son peuple sont restées intactes. Avec mon épouse, nous avons eu la joie de continuer à le visiter. 

 

L’Indonésie est au centre des attentions avec le G20 qui arrive, de nombreux ministres français sont venus rencontrer leurs homologues indonésiens. La relation bilatérale entre nos deux pays n’a jamais été aussi bonne ?

Effectivement, la relation bilatérale entre nos pays n’a jamais été aussi bonne. En 2020, nous avons fêté les 70 ans de la relation. Toutefois, nous n'avons eu que deux visites de Président de la République ce qui montre que le dialogue, pourtant bon, n’était pas assez dense. Nous devons sans relâche travailler à renforcer cette relation.

Je me réjouis d’accueillir notre président Emmanuel Macron pour le sommet du G20 à Bali. Toute l’équipe de l’ambassade est mobilisée pour l’organisation de l’évènement. La relation bilatérale entre la France et l’Indonésie ne peut que ressortir renforcée de ces rencontres entre chefs d’Etat.

Cette année 2022 est importante pour l’Indonésie, elle a l’opportunité d’être plus active sur la scène internationale. Certes, le contexte reste compliqué, nous sortons de la crise Covid, la guerre en Ukraine rend difficile les échanges au sein du G20. L’Indonésie gère très bien le G20 sur le plan des rencontres, mais on voit bien que la guerre complique et freine les débats, et par conséquent les résultats. Le sommet de Bali sera, à cet égard, très délicat. C’est un moment important.

 

Quelles sont les réalisations que vous retiendrez ?

Je garderai en tête le fait d’avoir participé au travail d’équipe qui a permis de renforcer ce partenariat bilatéral. Je crois que nous avons avancé dans la bonne direction à ce sujet et j’en suis ravi.

De plus, durant la crise du Covid, nous avons réussi, en un temps record, la mission d’aide au départ des Français bloqués en Indonésie. Toute l’ambassade était mobilisée sur le terrain et par téléphone. Nous avons pu affréter quatre avions et faire rentrer en France environ 2 500 personnes. Une période à la fois difficile et excitante, car nous étions dans un rôle d’action concrète au service des Français. Nous sommes fiers d’avoir pu aider les français.  

Et puis, sur un autre point, je suis également content d’avoir pu changer de Résidence car c’était un de mes objectifs dès mon arrivée. Aidé par Paris et des équipes chargées notamment de la décoration intérieure, nous avons à présent une résidence qui est au niveau de la relation que nous entretenons.

 

Trois années amputées par la période Covid, vous n’avez certainement pas pu faire tout ce que vous souhaitiez, quels sont vos regrets ?

De ne pas avoir suffisamment voyagé dans le pays sur le plan professionnel et personnel. Heureusement, il s’agissait de notre deuxième séjour, nous connaissions déjà le pays.

J’aurais aimé aller à la rencontre des Français les plus isolés, aux Moluques, Medan ou à Kalimantan, car c’est toujours une satisfaction d’aller voir les compatriotes qui sont au “bout du monde”.

 

Vous avez eu l’opportunité de voyager en Indonésie et au Timor-Oriental, quelles sont les images que vous en gardez ?

Ce fut un plaisir de retrouver les endroits que l’on a aimés et de découvrir ceux que je ne connaissais pas comme la Papouasie ou Labuan Bajo.

L'accueil chaleureux est l’une des caractéristiques de l’Indonésie et la rend extraordinaire et attachante. Les locaux sont polis mais surtout sympathiques, accueillants, curieux et drôles. Cette particularité participe beaucoup à l’expérience du voyage. La beauté des paysages comme les fonds marins ou les vues au sommet d’un volcan, ce sont des endroits qui ne laissent pas indifférents. Mon épouse et moi-même garderons ces images : un mélange d’endroits et de gens extraordinaires.

Il me revient une image lors de notre voyage à Sumba, nous visitions un village et avons vu quatre villageois qui jouaient aux cartes. Deux femmes et deux hommes, ces derniers portaient à l’oreille des mâchoires de porc. En discutant avec eux, il s’avère que ces mâchoires étaient en fait des gages parce qu’ils avaient perdu chacun une partie. Ce fut vraiment un moment surprenant, drôle, mais aussi d’échanges. Une autre vision de l’Indonésie multiple.

 

Je ne suis allé qu’une fois au Timor-Oriental car le pays s’est refermé à cause de la pandémie. C’est un pays qui a beaucoup de difficultés mais qui est une vraie démocratie. La France y entretient de très bonnes relations, nous avons à Dili, une attachée de coopération, une trentaine de Français sont installés sur place.

 

Un mot plus particulier à la communauté française d’Indonésie ?

La communauté que j’ai découverte en arrivant en 2019 a effectivement beaucoup changé par rapport à ma première expérience. A l’époque, une grande partie des ressortissants étaient sous le statut d’expatriés et travaillaient au sein de grandes entreprises principalement basées à Jakarta.

Aujourd’hui, la communauté est plus variée. Il y a toujours des expatriés, mais aussi de nombreux entrepreneurs indépendants, des retraités ou des digitals nomades. Plus de la moitié des résidents enregistrés auprès de l’ambassade résident à Bali. Ce changement de profil change la vision et l’engagement des Français sur ce pays, car ils sont là sur le long terme. Dans l’immense majorité, ce sont des gens dynamiques qui aiment ce pays et qui y sont très attachés. Ce qui est un excellent signe. Il est important que notre communauté s’implante et représente notre pays ici.

 

Durant la crise du Covid en particulier, j’ai pu apprécier la résilience de notre communauté.

Concernant Bali, je sais que beaucoup attendent l’arrivée d’un consul honoraire, nous avons trouvé une personne pour prendre cette responsabilité. Il faut savoir tout d’abord que ce poste est bénévole, ensuite, en accord avec la législation locale, la personne doit être de nationalité indonésienne. Compte tenu de la communauté francophone sur l’île et du nombre important de touristes, il nous semble essentiel que cette personne connaisse bien les deux pays. Nous avons identifié une personne installée en Indonésie depuis 30 ans et qui était en processus de naturalisation. Le dossier du consul a été déposé auprès de l’administration indonésienne pour validation. Le consul honoraire est déjà présent à Bali et travaille depuis cet été à l’accompagnement des Français en difficulté.

Avec les restrictions levées, nous avons mis en place des tournées consulaires à Bali, environ dix sur l’année. Les Français inscrits auprès de l’ambassade reçoivent par email les informations sur les dates de passage des équipes consulaires et peuvent prendre rendez-vous pour les rencontrer.

 

Auriez-vous trois mots pour définir votre séjour en Indonésie ?

Redécouverte, émerveillement et amitié.

Cette combinaison fait de l’Indonésie un grand pays et un pays dans lequel on se sent bien.