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André Graff ou l’intarissable tâche du puisatier

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André Graff©Anne.S
Écrit par Anne Suchanecki
Publié le 18 février 2018, mis à jour le 14 octobre 2021

Du haut du ciel au tréfonds de la terre, André Graff, ancien pilote et instructeur de montgolfière en Alsace, creuse inlassablement des puits dans les petites îles de la Sonde (Nusa Tenggara Timur). Depuis plus de 13 ans il met son empathie, sa passion et ses convictions au service des villageois en apportant des réponses concrètes aux problèmes d’eau dont souffrent ces îles. 

 

Deux choses sont frappantes en Indonésie au sujet de l’eau, son abondance manifeste qui donne l’impression d’une ressource illimitée et la pollution de nombre de cours et pièces d’eau qui la rend impropre à la consommation. L’absence d’infrastructure de redistribution et de stratégie pour faire face aux conditions de plus en plus extrêmes accompagnant les changements climatiques, font de cette eau un bien difficilement accessible et de plus en plus précieux.

 

Les petites îles de la Sonde

 

C’est le cas à Sumba et Savu (NTT) où le climat de plus en plus chaud tarit les sources et rend l’approvisionnement et la redistribution particulièrement laborieux. C’est en 2005 à Waru Wora sur l’île de Sumba qu’André Graff pose ses valises, fraichement débarqué de son Alsace natale. Au cours d’un précédent voyage touristique André explique:

  

"Avoir été profondément touché par les femmes et les enfants de tous âges assignés à la corvée d’eau. L’eau recueillie et transportée sur des kilomètres jusqu’au village est souvent croupie. Pour trouver de l’eau potable il faut aller plus loin car elle est parfois enfouie au fond de grottes à l’accès pénible et dangereux."

 

L’engagement d’André

 

André ne peut rester insensible à ce qu’il découvre et cherche des moyens d’aider les habitants de Waru Wora. Il rentre en France, revend ce qu’il possède et commence à travailler sur les techniques de creusement de puits et de distribution d’eau. La première étape de retour à Sumba est de vivre avec les habitants du village pour comprendre leur mode de vie ; il vit 2 ans en pleine immersion dans une Umah (maison familiale) avant de s’attaquer à la construction du premier puits.

 

Puisatier, toute une technique

 

C’est à un ancien missionnaire Autrichien ingénieux qu’il doit le concept de puits qu’il utilise depuis le début de son aventure. Simple, sécurisé, résistant aux ondes sismiques : le puits est creusé à la barre à mine, puis l’empilement d’une série d’anneaux en béton intérieurement coniques  permet aux hommes de se déplacer jusqu’au fond (la profondeur peut aller jusqu’à plus de 20 mètres). Un travail de longue haleine certes mais sûr, et qui ne nécessite pas d’équipement lourd.  

André forme les habitants de Waru Wora à cette technique et le projet immédiatement soulève l’enthousiasme du village. Une coopérative est créée à Waru Wora avec des amis pour fabriquer les tubes en béton.  40 puits ont ainsi été construits sur Sumba et Savu .

 

Parfois, pour garantir l’eau propre et raccourcir les distances, elle est amenée  près du village par des canalisations à l’aide d’un système de pompe solaire sur des dénivelés pouvant aller jusqu’à plus de 100 mètres.

 

Le financement des puits

 

Pour trouver les fonds nécessaires à la construction des puits dont la demande est permanente, André donne tout ce qu’il a. En  2011, une association est créée en Alsace « Les Puits de l’Espoir ». Elle permet d’assurer une continuité de financement et de planifier des projets à plus long terme. Pour faire connaître ses projets et convaincre des donateurs, il crée des documentaires et participe à des conférences et émissions de télévision en France et en Indonésie.

 

Bilan et challenges

 

Avec ses 40 puits alimentant 500 à 1000 personnes chacun, André a ainsi changé la vie de dizaines de milliers de personnes. Chaque fois, l’émerveillement des enfants et le soulagement des femmes font son bonheur et lui permettent de continuer ce projet dantesque. L’impact social et éducatif de son action le ravit :

Les femmes ont désormais plus de temps à consacrer à leurs activités artisanales, les revenus du village augmentent et les enfants arrivent à l’heure et propres à l’école, il y a moins d’absentéisme. 

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Mais le gros challenge est plus culturel que technique. Pour garantir la pérennité des puits, les villageois doivent comprendre que l’eau nécessite une contribution financière communautaire. En effet, des entretiens réguliers pour éviter la contamination de l’eau et des réparations (remplacement périodique des pompes) sont indispensables. Passer de l’individu à la collectivité est ainsi un combat de tous les jours.Cette éducation devrait être relayée localement (création de comités de l’eau) mais ces relais sont difficiles à mettre en place. L’autre aspect de ce challenge est bien entendu le transfert d’expérience et de compétences vers des volontés  locales, appuyées  par des instances nationales et internationales, indispensables pour la durabilité des projets. 

 

André est aujourd’hui sur l’ile de Savu, île voisine de Sumba où entre autre il travaille avec Geneviève Duggan sur un projet pilote phytosanitaire sponsorisé en partie par l’ambassade de France à Jakarta.

 

 Souhaitons  lui de pouvoir continuer encore longtemps son admirable action en Indonésie.

 

 

Association Les Puits de l’Espoir  et leur page Facebook

 

graffounet@gmail.com 

 

Très beau reportage sur TV5 (Echappées Belles) www.youtube.com/watch?v=6ByxvoIKHR0&t=9s