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La mairie d’Istanbul perd la propriété du parc Gezi

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Place Taksim depuis le parc Gezi
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 24 mars 2021, mis à jour le 11 janvier 2024

Alors que la décision de transférer à une fondation les droits de propriété du parc Gezi a été prise par la Direction générale des fondations, exerçant sous l'autorité du ministère de la Culture et du Tourisme, Ekrem İmamoğlu, le maire d’Istanbul, a déclaré que sa mairie allait intenter une action en justice contre cette décision.

Le parc de Gezi, qui se situe sur la place Taksim, est considéré comme le "poumon" du centre de la métropole d’Istanbul. Il revêt une importance symbolique, depuis qu’il a été le foyer d’une contestation en 2013, alors que le gouvernement voulait y ériger, à la place, des casernes imitées de l'époque ottomane. Cela avait conduit à des semaines de manifestations qui s’étaient étendues à tout le pays, au printemps-été 2013. Le projet, qui n’a pas abouti à l’époque, n’a néanmoins jamais été abandonné par le président Erdogan, qui a depuis régulièrement répété qu’un jour, ces casernes ottomanes seraient construites.

Une fondation inexistante ?

Le 12 mars dernier, les droits de propriété du parc Gezi ont donc été remis à la Direction générale des fondations, affiliée au ministère de la Culture et du Tourisme. Se basant sur la loi relative aux fondations (article 30), qui autorise la remise de "biens culturels" appartenant à des administrations, tels que le Trésor, les municipalités, les administrations locales, à des "fondations enregistrées", la Direction générale des fondations a ensuite transféré les droits de propriété du parc à la fondation Sultan Beyazıt Hanı Veli Hazretleri Vakfı

La question de savoir si cette fondation existe a été posée à plusieurs reprises, car elle ne bénéficie d’aucune source sur internet ; il semblerait donc qu’elle soit en cours de création...

Remise en cause du projet de la nouvelle place Taksim

Cette décision de transfert des droits de propriété intervient quelques mois après un cas similaire : le transfert de la propriété de la Tour de Galata à la Direction générale des fondations, en mai 2020.

La municipalité d’Istanbul, dirigée par le principal parti d'opposition, le CHP, considère que le transfert de propriété du parc de Gezi a été organisé dans le but de porter atteinte au projet de la nouvelle place Taksim, pour laquelle les résidents de la ville ont voté en novembre 2020. Le projet sélectionné prévoit davantage d’espaces verts autour du parc actuel.

Murat Ongu, le porte-parole de la mairie d’Istanbul, a annoncé samedi 20 mars que cette décision avait pour but de nuire et de faire perdre du temps, et que le projet était toujours d’actualité.

Ekrem İmamoğlu a pour sa part fait remarquer que si "la loi autorise le transfert des biens culturels aux fondations, le parc Gezi n’est pas un bien culturel".

D’autres sites concernés

Lundi 22 mars, la direction des fondations du ministère de la Culture et du Tourisme a annoncé avoir transféré, en plus du parc de Gezi, la propriété de plus de 1000 sites. Sur la liste se trouvent notamment le Pera Palace, la caserne de Selimiye, le palais d’Adile Sultan, le lycée Vefa, ou encore l’hôpital Şişli Etfal.

 

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