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À la découverte des sept collines d’Istanbul

La péninsule historique de la ville d’Istanbul fut, comme Rome, construite sur sept collines. À l’origine divisée en deux, à l’instar du Tibre, par la rivière Lycus, elle comptait sept buttes tournées vers la Marmara ou la Corne d’Or, arasées au fil des siècles, bien que l’on puisse encore en deviner l’existence par les pentes et dénivelés.

Palais de TopkapiPalais de Topkapi
Palais de Topkapi
Écrit par Gisèle Durero-Köseoglu
Publié le 9 mars 2023, mis à jour le 22 août 2024

De nombreux changements ayant été effectués dans le temps, il n’est pas toujours aisé de reconstituer la typographie byzantine des "régions" de la cité, par comparaison avec celle de l’époque ottomane, en attribuant à chaque sommet ses constructions d’origine ; c’est ce que j’ai tenté de faire en consultant les écrits des spécialistes, mais le sujet ayant peu de sources détaillées pour les périodes les plus anciennes, qu’on me pardonne une éventuelle approximation de géographie…

 

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La première colline d’Istanbul : Sarayburnu

Comme la ville de Rome a débuté sur le mont Palatin, c’est, selon Eusèbe de Césarée, sur la colline de la Pointe du Sérail, qui porte aujourd’hui le nom de "Sarayburnu", haute de trente mètres, que, selon la légende, Byzas, fils de Poséidon et Céroessa, fonda, au VIIème siècle, la cité de Byzance. A partir du premier siècle, la cité grecque tomba sous la domination de Rome et lorsqu’en 324, Constantin se mit à régner seul, il ordonna à ses architectes de transformer la ville délabrée par les guerres en capitale impériale, jusqu’à l’investiture officielle, le 11 mai 330, de Constantinople comme "Nouvelle Rome", la capitale de l’Empire romain. C’est donc sur cette première colline que seront élevés une multitude d’édifices, le Grand Palais impérial, Sainte-Irène et Sainte-Sophie, l’hippodrome et le temple abritant la borne du Million, qui, à l’instar du Milliaire de Rome, servait de point de départ pour calculer toutes les distances.

 

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Sainte-Sophie

 

On y trouvait, de plus, les citernes destinées à pourvoir la ville en eau, comme la Citerne-Basilique (Yerabatan, dont l’emplacement est parfois attribué à la deuxième colline) et celle de Philoxenos (Binbirdirek).

 

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Citerne de Philoxenos

 

Lorsque Mehmet le Conquérant prit la ville en 1453, nouveau "César des Romains", il poursuivit la tradition en entamant, en 1462, la construction du palais de Topkapi sur la Pointe du Sérail. Au XVIIe siècle, le sultan Ahmed 1er édifiera, face à Sainte-Sophie, la célèbre mosquée portant son nom, surnommée "la Mosquée bleue" par référence à ses carreaux de faïence et pourvue de six minarets.

La deuxième colline d’Istanbul : Çemberlitaş

La deuxième colline d’Istanbul, celle de Çemberlitaş, plus haute de dix mètres que la précédente, était celle du Forum de Constantin, qui y fit ériger sa statue, couronnant une colonne de porphyre rouge venue du temple d’Apollon de Rome, aujourd’hui appelée la "Colonne de Çemberlitaş" ou "Colonne brûlée", suite à un incendie qui l’endommagea.

 

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Colonne de Çemberlitaş

 

Elle comportait aussi la citerne de Théodose (Şerefiye), où se déroulent actuellement des spectacles d’animation lumineuse. C’est là aussi que se trouve le Grand Bazar, à l’entrée duquel les Ottomans, construisirent, au XVIIIe siècle, la mosquée de Nuruosmaniye, la première en style baroque. Au pied de la colline se tiennent la Mosquée Nouvelle et le Marché Egyptien.

 

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Le Marché Egyptien

 

La troisième colline d’Istanbul : Bayezid

La troisième colline, haute de cinquante mètres, est celle de Bayezid. A côté de l’emplacement correspondant à l’ancien Forum de Théodose, dont subsistent encore des colonnes brisées, fut édifiée, en 1506, la mosquée de Bayezid, et en 1846, l’université d’Istanbul, la plus ancienne de l’Empire ottoman, reconnaissable à son monumental portail d’entrée.

 

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Vestiges du Forum de Théodose

 

Chez les Byzantins, se situait sur cette colline l’église Theotokos Kyriotissa, datant des IX et Xe siècles, celle de "la Mère de Dieu assise sur son trône", devenue mosquée Kalenderhane, qui a conservé des marbres colorés d’époque. Aujourd’hui, le lieu est souvent appelé aussi "Colline de Süleymaniye", car c’est à son sommet que se dresse, visible de loin, la merveilleuse mosquée de Soliman le Magnifique, terminée en 1557 par l’architecte Sinan.

 

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Mosquée de Soliman le Magnifique

 

La quatrième colline d’Istanbul : Fatih

La quatrième colline, celle de Fatih, est, comme la première, particulièrement riche en édifices historiques de plusieurs époques. En effet, chez les Byzantins, elle comportait le monastère du Christ Pantépoptès, "celui qui voit tout", dont l’église est devenue la mosquée Eski Imaret, à l’architecture byzantine presque intacte ; le monastère de Lips ou mosquée de Fenari Isa ; et surtout, l’ancien monastère du Christ Pantocrator ou mosquée de Zeyrek, un des plus extraordinaires monuments byzantins d’Istanbul.

 

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Mosquée de Zeyrek

 

Avant la conquête, c’était aussi sur la quatrième colline que se situait la plus importante église byzantine après Sainte-Sophie, celle des Saints-Apôtres, aujourd’hui disparue, qui servit de modèle à la basilique Saint-Marc de Venise. Elle abritait des reliques insignes volées pendant la quatrième croisade et fut utilisée comme nécropole impériale pendant plusieurs siècles ; on peut encore en voir certains sarcophages de porphyre rouge à l’entrée du Musée archéologique d’Istanbul. C’est sur ses restes que Mehmet II édifia sa monumentale mosquée de Fatih ou Mosquée du Conquérant, entourée de jardins comportant des mausolées, dont le sien.

 

mosquée de fatih
Mosquée de Fatih

 

La cinquième colline d’Istanbul : Yavuz Sultan Selim

La cinquième colline porte le nom du sultan Selim 1er ou "Yavuz sultan Selim", ("le brave") ; elle est chapeautée par la mosquée éponyme, édifiée en son honneur, au XVIe siècle, par son fils, le sultan Soliman. A côté de la mosquée, on découvre la citerne byzantine à ciel ouvert Aspar ou "Sultan Selim Çukurbostan", désormais utilisée comme parc de promenade en pleine ville.

 

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Citerne Aspar

 

Ce tertre abrite également la mosquée de Fethiye, récemment restaurée, qui, chez les Byzantins, était l’église Théotokos Pammakaristos, soit "la très sainte Mère de Dieu", dont des panneaux de mosaïques sont bien conservés.

 

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Mosquée de Fethiye

 

Sur le pan de la colline face à la Corne d’Or, on peut découvrir l’immense Lycée grec de Fener, construit en briques rouges de Marseille entre 1880 et 1882, et les bâtiments du Patriarcat œcuménique de Constantinople, avec sa célèbre cathédrale Saint-Georges, qui conserve la Colonne de la Flagellation.

 

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Le lycée grec et le Patriarcat de Fener

 

La sixième colline d’Istanbul : Edirnekapı

La sixième est celle de la porte d’Edirne ou Edirnekapı, la plus haute, qui culmine à soixante-dix mètres et comportait chez les Byzantins la citerne à ciel ouvert d’Aetius, Çukurbostan ou "le jardin enterré", devenue stade de Vefa.

Et aussi le palais impérial des Blachernes, dont ne subsiste aujourd’hui que le bâtiment tardif de "Constantin Porphyrogénète" ("Tekfur Sarayi", en turc), converti en musée.

 

Palais de Constantin Porphyrogénète
Palais de Constantin Porphyrogénète

 

On peut aussi y voir un autre chef-d’œuvre de l’art byzantin, la mosquée Kariye, qui fut le monastère de Saint-Sauveur-in-Chora, dont les fresques et les mosaïques du XIV siècle sont célèbres dans le monde entier.

 

Saint-Sauveur-in-Chora
Saint-Sauveur-in-Chora

 

Non loin de là se dresse une des créations de l’architecte Sinan, la sublime mosquée de la sultane Mihrimah, fille unique du sultan Soliman et de la sultane Hürrem appelée "Roxelane" en Europe.

 

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Dans la mosquée de la sultane Mihrimah

 

La septième colline d’Istanbul : Kocamustafapaşa

Pour terminer, la septième colline, celle de Kocamustafapaşa, tournée vers la Thrace, était celle, à l’époque romaine, du Forum d’Arcadius, dont ne reste que le sous-bassement très endommagé de la colonne d’Arcadius, coincé entre deux maisons, appelé plus tard, chez les Ottomans, la "pierre du marché aux esclaves", car, comme le raconte Lamartine, c’était là que se déroulait la vente des esclaves de sexe féminin.

 

Vestiges de la colonne d'Arcadius
Vestiges de la colonne d'Arcadius

 

La plus grande des quatre citernes byzantines à ciel ouvert, celle de Mocius (Altımermer Çukurbostanı ou "le jardin des six marbres"), dont les murs ont survécu, est désormais utilisée comme terrain de sport. Deux grandes œuvres de l’époque ottomane ont fait la réputation de cette colline : le magnifique complexe religieux de la sultane Hürrem, édifié par Sinan, "Haseki Hürrem Sultan Külliyesi", le terme "Haseki" désignant celle qui avait donné des fils au sultan, et la mosquée de Cerrahpaşa, construite par un élève de Sinan, Davud Ağa, en s’inspirant de la fameuse Selimiye d’Edirne.

 

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Mosquée de Cerrahpaşa​​

 

Une excursion sur chacune des sept collines vous permettra de découvrir ou de revoir, puisque la plupart des édifices cités dans cet article se visitent, les inégalables vestiges historiques de la ville d’Istanbul…

 

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