"Tu ne parles pas comme un journaliste. Tu parles comme un membre du Fetö." C’est ce qu’a répondu Recep Tayyip Erdoğan à un journaliste de France 2, lors de la conférence de presse commune avec son homologue français Emmanuel Macron, vendredi dernier. En visite à Paris, le président turc n’a visiblement pas apprécié les questions des journalistes français et s’est montré à deux reprises particulièrement agacé.
C’est d’abord Laurent Richard, pour l’émission "Envoyé spécial" sur France 2, qui a provoqué la colère du président Erdoğan en l’interrogeant sur les soupçons de livraisons d’armes à des groupes djihadistes par Ankara, en 2014. Recep Tayyip Erdoğan a accusé le journaliste de reprendre les arguments des membres du réseau du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux Etats-Unis et accusé d'être le cerveau de la tentative de coup d'Etat en juillet 2016. Et le président turc d’ajouter : "Les États-Unis ont envoyé 4.000 camions remplis d'armes en Syrie. Pourquoi est-ce que tu n'enquêtes pas là-dessus ? Tu es journaliste, non ?"
Lors de la question qui a conclu la conférence de presse, la journaliste Marie Chantrait, pour LCI/TF1, a interpelé les deux présidents sur le respects des droits de l’homme en Turquie. Elle a notamment évoqué le cas d’Osman Kavala, mécène et homme d’affaires turc, né en France en 1957 et arrêté le 18 octobre dernier à Istanbul. "Je vois qu’Osman Kavala a des avocats, c'est bien", a ironisé Recep Tayyip Erdoğan.
Lors de la conférence de presse, le président turc a aussi comparé certains journalistes à des "jardiniers du terrorisme" : "Le terrorisme ne se crée pas tout seul, il y a des jardiniers du terrorisme, hommes de pensée et d'idées qui écrivent dans leurs chroniques et journaux et qui apportent de l'eau au moulin du terrorisme."
Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) lundi 8 janvier 2018
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