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ERDOĞAN/MACRON - Quelle relation entretiennent ces deux chefs d’Etat ?

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Vendredi, il s'agira de la première visite du président turc en France depuis l'élection d'Emmanuel Macron. ©photo officielle
Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 3 janvier 2018, mis à jour le 3 janvier 2018

Emmanuel Macron recevra Recep Tayyip Erdoğan, demain, à l'Elysée. L’occasion pour lepetitjournal.com d’Istanbul de dresser un bref historique de la relation entre ces deux chefs d’Etat.

Combien de fois Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdoğan se sont-ils rencontrés ?

Recep Tayyip Erdoğan se rendra demain en France à l’invitation de son homologue français, Emmanuel Macron. C’est la première visite du président turc en France depuis la tentative de coup d’Etat manquée, en juillet 2015, et de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence, en mai 2017. Les deux chefs d’Etat ont cependant déjà eu l’occasion de se rencontrer lors de sommets internationaux, comme à Bruxelles, en Belgique, en marge du sommet de l’OTAN, au mois de mai. Recep Tayyip Erdoğan et Emmanuel Macron se sont aussi entretenus à New York, aux Etats-Unis, en marge de la 72ème Assemblée générale des Nations Unies, en septembre.

Sur quels sujets ont-ils déjà échangé ? 

En marge du sommet de l’OTAN, les deux chefs d’Etat ont fait part de leur volonté de renforcer les relations entre les deux pays, de développer la coopération dans le domaine de l'industrie de défense et de porter le volume des échanges commerciaux à 20 milliards de dollars. Les deux leaders ont aussi évoqué l'Irak, la Syrie et la situation géopolitique régionale, sans oublier la lutte contre le terrorisme. 

En novembre, la Turquie et la France ont signé, avec l’Italie, une lettre d'intention pour renforcer leur coopération dans des projets d’armement. Cela concerne notamment le secteur de la défense antimissile, ouvrant la voie à l'achat par Ankara de missiles sol-air au consortium franco-italien Eurosam. 

Qu’en est-il des entretiens téléphoniques ? 

Emmanuel Macron et Recep Tayyip Erdoğan se sont aussi entretenus par téléphone à de multiples reprises, notamment au sujet de la libération de journalistes français retenus en Turquie. Le 27 août, en entretien téléphonique avec Recep Tayyip Erdoğan, Emmanuel Macron a exigé "la libération rapide" et le "retour en France" de Loup Bureau. Le journaliste était détenu en Turquie depuis le 26 juillet, car accusé d'appartenir à une "organisation terroriste". Il a finalement été libéré le 15 septembre, après la visite en Turquie du ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Plus tôt dans l’année, les deux chefs d’Etat ont également échangé à propos de l’arrestation du photojournaliste Mathias Depardon, détenu un mois en Turquie pour "propagande terroriste", avant d’être expulsé vers la France.

Sur les questions géopolitiques, en novembre, les présidents Macron et Erdoğan se sont joints au téléphone quelques jours avant le sommet tripartite Turquie-Russie-Iran, qui a eu lieu le 22 novembre à Sotchi en Russie, avec la participation des présidents turc, russe et iranien.

Plus récemment, le 10 décembre, Emmanuel Macron a demandé à son homologue turc dans un entretien téléphonique de "contribuer à l'apaisement" entre Israël et les Palestiniens et "d'éviter les répercussion négatives dans l'ensemble de la région", rappelant "que la France désapprouvait la décision des Etats-Unis de reconnaître Jérusalem comme capitale d'Israël et de transférer l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem".

Qu’ont-ils dit l’un à propos de l’autre ? 

"Être un leader mondial n’a pas grand-chose de ‘cool’. Je suis aussi celui qui est obligé de parler avec Erdoğan toutes les semaines, vous savez", a déclaré Emmanuel Macron, en août, dans une interview accordée au magazine Le Point. Une sortie qui avait été reprise en masse dans les médias français et turcs, et qui n’a pas toujours été bien interprétée en Turquie.

L’Elysée a dû préciser que "le président avait voulu dire que c’était extrêmement sérieux d’avoir des relations avec l’ensemble de ses interlocuteurs" et qu’il avait "établi une relation de travail très étroite et très directe avec le président Erdoğan" .

De son côté, le président turc a répondu : "Je ne vois rien de négatif dans ce qui a été dit à ce magazine. Bien au contraire : je pense que pour eux, parler avec le président turc est un avantage."

Par ailleurs, au sujet de l'Union européenne, Emmanuel Macron a récemment appelé à "éviter les ruptures" entre l’UE et la Turquie, la qualifiant de "partenaire essentiel", tout en s’inquiétant de "dérives préoccupantes", en référence aux purges menées par Ankara après la tentative de coup d’État. Recep Tayyip Erdoğan, lui, a déclaré la semaine dernière vouloir "de bonnes relations avec l’UE et avec les pays de l’UE", afin de "réduire le nombre d’ennemis et augmenter le nombre d’amis". 

En course pour la présidentielle, avant son élection, Emmanuel Macron avait déclaré au sujet de la victoire du "oui" au référendum pour la nouvelle constitution en Turquie : "Avec un régime qui prend ces décisions-là, il n'y aura aucune avancée de l'adhésion à l'Union européenne."

Pourquoi se rencontrent-ils demain ?

"Vendredi, j'irai en France. Nous discuterons des relations bilatérales entre la France et la Turquie", a annoncé Recep Tayyip Erdoğan, lors d'un discours télévisé prononcé devant des membres de son parti à Sinop, au nord de la Turquie. 

Le président français a précisé qu’il parlerait notamment avec son homologue turc de "la question des droits de l’Homme". Cette rencontre, "qui fait suite aux conversations régulières des derniers mois, sera l'occasion d'évoquer les questions liées aux relations bilatérales entre nos deux pays, ainsi que les questions régionales dont notamment un focus tout particulier sur le dossier syrien, sur lequel ils ont de multiples échanges, mais aussi palestinien", selon l'entourage du chef de l’Etat, cité par l'AFP. 

Mercredi, dans ses voeux à la presse, le président français a été plus explicite, assurant qu'il aborderait la "situation des journalistes emprisonnés" avec son homologue turc. "Je continuerai d'évoquer avec la Turquie la situation des journalistes emprisonnés, empêchés d'exercer leur métier, dans quelques jours (...) Je le ferai dans le respect mais avec le souci de défendre, en même temps si je puis dire, nos valeurs et nos intérêts", a poursuivi le chef de l'Etat.

Solène Permanne (http://lepetitjournal.com/istanbul) jeudi 4 janvier 2018

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