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Covid-19 : les hôpitaux au bord de la saturation à Istanbul

Saturation hôpitaux Istanbul Turquie Covid 19Saturation hôpitaux Istanbul Turquie Covid 19
Écrit par Albane Akyüz
Publié le 16 novembre 2020, mis à jour le 11 janvier 2024

Alors que le ministre de la Santé, Fahrettin Koca, demande aux Stambouliotes depuis début novembre de ne pas quitter Istanbul sauf pour raison impérieuse, et que des appels au confinement de la ville se multiplient chez les professionnels de la santé, les hôpitaux d’Istanbul - publics comme privés - arrivent à saturation. 

La Chambre des médecins d’Istanbul a déclaré, le 10 novembre, qu’il était temps de confiner la ville, indiquant que le nombre des décès de la Covid-19 en Turquie est en réalité trois fois supérieur à celui annoncé quotidiennement, se basant sur des études effectuées par l'Union des médecins de Turquie (TTB). La Chambre a d’ailleurs annoncé que la politique de lutte contre l’épidémie était "en faillite", et qu’Istanbul avait "dépassé Wuhan".

La Chambre alerte sur certains problèmes dans la métropole :

- Les ambulances ne parviennent plus à transporter comme il se doit les patients Covid-19, et certains attendent sur les brancards pendant des heures avant d’être pris en charge à l’hôpital ;

- Les services hospitaliers ne répondent plus aux besoins, si bien que de nouveaux services Covid-19 sont ouverts tous les jours dans des "hôpitaux pandémiques" (hôpitaux privés obligés de mettre une partie de leurs lits à disposition des patients Covid-19) ;

- Des patients Covid-19 qui doivent être hospitalisés et/ou traités dans des unités de soins intensifs sont maintenus dans les services d'urgence - ou d’autres services - en attendant que des lits se libèrent ;

- Des patients autres que Covid-19 n’ont pas accès aux soins en raison du manque de lits et d'unités de soins intensifs.

Pour sa part, le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a déclaré samedi 14 novembre qu’il était désormais nécessaire de confiner sa ville deux à trois semaines, expliquant que la situation actuelle n’était pas comparable à celle de mars-avril, et rappelant que 50% des cas dans le pays sont à Istanbul.

Il a par ailleurs indiqué dans un tweet samedi soir que sur la seule journée de samedi, à Istanbul, 164 personnes étaient décédées de "maladie infectieuse", alors que le nombre total de décès dus à la Covid-19 dans tout le pays était officiellement de 92.

Ceren Baskan, médecin généraliste française dans un hôpital privé d’Istanbul, appelle les Stambouliotes à "rester chez eux", ajoutant "les hôpitaux d’Istanbul, publics comme privés sont saturés. Certains hôpitaux privés sont donc obligés d’augmenter leur capacité accordée aux patients Covid-19. Et si on augmente cette capacité, cela est aussi au détriment des autres patients, car affecter des lits aux patients Covid-19, c’est en retirer pour les autres patients. Le problème c’est qu’on n’a pas de chiffres précis pour Istanbul, les chiffres publiés chaque soir par le ministère de la Santé sont les chiffres nationaux, comme le taux d’occupation des lits d’hôpitaux. Ce qui est sûr, c’est que cette épidémie est partie pour durer, l’hiver va être très difficile. Et si aucune mesure de confinement drastique n’est mise en place, on va droit dans le mur, beaucoup de gens vont mourir, et à terme les médecins devront prendre des décisions difficiles. Si on veut vraiment mettre un terme à tout ça, il faut rester à la maison. Personnellement, je ne suis pas allée au restaurant depuis mars !"

La Chambre des médecins d’Istanbul préconise 7 mesures à mettre en place pour améliorer la situation actuelle :

- Confinement pendant 14 jours (restrictions de déplacement, privilégier le télétravail etc.) ;

- Prévention sur le "terrain" ;

- Isolement strict pour les personnes positives et mise à disposition de logements pour celles qui ne peuvent pas s’isoler dans de bonnes conditions ;

- Contrôle des hôpitaux privés par l’État, et absence de coût pour les patients Covid-19 ;

- Informations sur les hôpitaux "non pandémiques" afin que les patients autres que Covid-19 puissent en bénéficier pour des opérations reportées depuis des mois ;

- Amélioration les conditions du personnel de santé ;

- Mise en place d’une nouvelle politique sanitaire transparente qui donne une place à chacun des acteurs du système de santé.

Selon Mustafa Tamur, vice-président de l'Association de médecine généraliste d'Istanbul (ISTAHED) interrogé par le journal BirGün ce week-end, le nombre de nouveaux cas quotidiens à Istanbul se situerait en réalité entre 12 000 et 15 000. Pointant le nombre insuffisant d'infirmier(e)s pour faire face à la pandémie, il appelle chacun à prendre ses responsabilités. 

 

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