À Gaziantep, un savoir-faire longtemps resté dans l’ombre accède à une reconnaissance mondiale. L’Antep İşi, broderie traditionnelle de fil tiré, vient d’être inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.


Une reconnaissance annoncée à New Delhi
Réuni à New Delhi début décembre 2025, le Comité intergouvernemental de l’UNESCO a inscrit l’Antep İşi sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Avec cette nouvelle reconnaissance, la Turquie porte à 32 le nombre d’éléments inscrits sur les listes de l’UNESCO, confirmant son poids dans la cartographie mondiale des patrimoines vivants.
Derrière cette annonce institutionnelle, un savoir-faire longtemps méconnu accède à une visibilité internationale.
Qu’est-ce que l’Antep İşi ?
L’Antep İşi est une technique de broderie au fil tiré originaire de Gaziantep, dans le sud-est de la Turquie. Elle consiste à retirer puis retravailler certains fils du tissu afin de créer des motifs ajourés, géométriques ou floraux, d’une grande finesse.
Traditionnellement réalisée blanc sur blanc, sur du coton ou du lin, cette broderie orne depuis des générations le linge de maison, les trousseaux de mariage et certains vêtements. Chaque pièce exige un temps long, une extrême précision et une parfaite maîtrise du geste.
Détail de broderie Antep İşi : longtemps réalisée blanc sur blanc pour le linge et les trousseaux, cette technique de broderie ajourée connaît aujourd’hui des déclinaisons colorées, sans rompre avec le geste traditionnel.
Un savoir-faire féminin, transmis dans l’ombre
L’Antep İşi s’est développé dans la sphère domestique, transmis de mère en fille, sans écrits ni manuels. Cette transmission informelle explique en partie pourquoi ce patrimoine est longtemps resté hors des radars officiels, malgré son ancrage profond dans la culture locale.
Ces dernières années, des ateliers municipaux et centres de formation, soutenus notamment par la municipalité métropolitaine de Gaziantep, ont contribué à structurer la transmission, à documenter les techniques et à former de nouvelles générations de brodeuses.
De l’intime au patrimoine de l’humanité
Avec l’inscription de l’Antep İşi, l’UNESCO met en lumière un savoir-faire fondé sur la précision, le temps et la répétition du geste. L’organisation souligne l’importance de préserver des pratiques vivantes, intimement liées à des communautés précises, sans les figer ni les folkloriser.
Cette inscription marque un tournant symbolique : ce qui relevait de l’intime et du quotidien accède désormais à une reconnaissance universelle, tout en restant enraciné à Gaziantep.
Un patrimoine qui ne se limite pas aux monuments
Déjà connue pour sa gastronomie classée à l’UNESCO, Gaziantep rappelle, à travers l’Antep İşi, que le patrimoine ne se limite ni aux sites archéologiques ni aux grandes traditions visibles. Il se joue aussi à l’échelle du fil, de l’aiguille et du geste répété, souvent porté par des femmes restées longtemps invisibles.
Pistaches d’Antep et baklava : l’âme sucrée d’un terroir turc
Avec cette inscription, la broderie d’Antep rejoint un ensemble de patrimoines turcs qui racontent une autre histoire du pays : celle des savoir-faire transmis, transformés et toujours vivants.
Pour suivre l’actualité en Turquie au quotidien, abonnez-vous à notre newsletter.
Sur le même sujet





































