Devenue photographe freelance après une chute à cheval lors d'un weekend en famille, portrait d'une femme au parcours atypique.
Au Kahve 6, l’ambiance se faisait estivale. Couples, familles, réunions d’amis, chaque table semblait fêter quelque chose d’important. C’est en terrasse que Noémie m’attendait, assise sur une banquette recouverte de coussins noirs aux motifs aborigènes. Sur la table, quelques carnets étaient allongés sur le dos ici et là, ouverts, leurs corps tatoués à l’encre bleue et rouge. Nous entamons notre discussion.
Son parcours scolaire est des plus classiques. « Après mon bac, j'ai eu la chance de partir un an aux États-Unis dans l’Iowa. J’ai ensuite fait ma prépa à Lille, puis mon école de commerce à Rouen que j’ai fini en 2002. » m’explique-t-elle entre deux gorgées de çay. La suite est là aussi des plus logiques. « J’ai bossé 10 ans en France, entre Nancy, Lille, Paris et Lyon, de 2003 à 2012. J’ai fait du commercial, de l’évènementiel et du trade marketing pour les Brasseries Kronenbourg. »
Malgré sa réussite, cette vie rangée ne lui convient pas et un évènement va venir bouleverser le cours des choses. Un weekend, alors qu’elle se trouve en famille à Saumur, Noémie fait une chute à cheval. « Je me suis cassée par tassement deux vertèbres. J’ai été en arrêt de travail pendant trois mois. » raconte-t-elle, ajoutant « Un an avant la chute j’avais fait un burn-out. J’en avais déjà assez de travailler dans ce domaine et je crois que cette chute a été comme une révélation. Quelque chose qui me disait « Eh oh réveille-toi ». »
Noémie quitte son travail quelques mois après cette chute et s’ensuit une petite période de chômage. Heureux hasard ou mysticisme forcé, un nouvel évènement vient taquiner son destin. « Pendant mes mois de chômage, j’ai découvert un livre – Fais ce qu’il te plaît de Maud Simon - qui a bouleversé ma vie » m’explique-t-elle. Ce livre de douze chapitres « composé de beaucoup d’exercices, comme se rappeler ce qui nous attirait enfant par exemple » a changé sa vie.
Une fois l’ouvrage terminé, Noémie est décidée et c’est sur la photo qu’elle jette son dévolu. Pourtant, son premier vrai lien avec ce moyen d’expression ne date pas d’hier puisque c’est le jour de ses 30 ans que sa mère et sa sœur lui offre son premier appareil. « Je m'en servais au cours de mes voyages. C'est grâce au travail fait avec ce livre que j'ai compris que la photographie était ce qui me correspond » exprime-t-elle la voix serrée de nostalgie.
Fatiguée de la France, Noémie fait le grand saut et part s’installer à Istanbul en octobre 2013 afin de devenir photographe freelance. « Je travaille avec des familles francophones, anglophones et des familles mixtes. C’est super de voir des cultures différentes s’intéresser à mon travail. » dit-elle. Son travail, elle l’aborde de manière bienveillante, son but étant de « créer un vrai contact humain avec les gens » qu’elle photographie. Elle veut toucher, émouvoir et surtout faire plaisir.
Familles, enfants, paysages, arbres, lieux de culte, peu importe, Noémie ne tremble jamais lorsqu’il est question de tirer les portraits. Elle trouve même des méthodes pour travailler avec les plus retors. « Pour les enfants, j'offre souvent des machines à bulles. Cela permet qu'ils s'amusent, et donc de créer des sourires et des rires. Ça marche à tous les coups ! »
Après des dizaines de portraits et une affaire qui tourne, je lui demande la question fatidique. Des projets ? Ni une ni deux, Noémie répond : « Un de mes projets est de créer un nouveau service basé sur le lifestyle où j’irai chez des gens (familles, couples etc.) et je ferai des séries de photos sur leur quotidien. Un peu du storytelling si vous voulez. Car les moments du quotidien devraient aussi faire partie de notre héritage visuel. » Elle a décidemment pensé à tout…