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EXPAT DE LA SEMAINE - Emeric Abrignani, profession: directeur-voyageur

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Emeric Abrignani.
Écrit par Edouard Roux
Publié le 17 avril 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

Installé en Turquie depuis 2014 seulement, le directeur de la Abdullah Gül University tente d'internationaliser le système éducatif turc. Rencontre au bout du fil.

 

« Cher Edouard, je ne suis pas à Istanbul mais vous pouvez m’appeler sur mon portable. Je suis libre à 16h. Cordialement, Emeric » Le mail est organisé, carré, direct. Celui d’un universitaire en somme...

Au fond d’un café, les mains moites et le téléphone collé à mon oreille, j’attends qu’il décroche. Une fois, puis deux. À 16h05, une voix calme interrompt les sonneries enregistrées. La discussion commence.

Son parcours ? Celui d’un étudiant qui réussit brillamment des études de commerce et de langues appliquées. Où ça ? Cergy, Valparaíso, Grenoble, Bangalore… Entre temps, Emeric voyage et découvre la Turquie. « J’étais déjà venu en Turquie en voyage plus jeune et en 2009, j’avais déjà effectué un stage de deux mois dans une université turque située à Antalya » explique-t-il, ajoutant : « Je n’ai jamais vraiment penser que j’allais revenir y habiter un jour ! »

Ses diplômes en poche, il est envoyé dans la ville de Kayseri en février 2014 et rejoint la Abdullah Gül University qui se lance dans des projets innovants. Emeric raconte que cette université « se focalise sur l’impact sociétal et enseigne tous ses programmes de licence, master et doctorat en anglais. » C’est également « la seule université publique en Turquie disposant d’une fondation philanthropique privée dont l’unique but est de soutenir son développement. » Une grande première dans le paysage universitaire turc.

Rapidement, il est promu au poste de directeur du bureau international de l’université qui comporte cinq membres. « Je m’occupe de l’internationalisation, la promotion, le recrutement, du bien-être des étudiants internationaux, des partenariats et des centres de test TOEFL et SAT » explique-t-il récupérant son souffle au passage et ajoutant : « J’enseigne aussi des cours de faculté ayant pour sujet ''la mobilité et les migrations'' ou ''le marketing international.'' »

Son rôle de directeur, Emeric le tient à cœur et raconte qu’en quatre ans, lui et son équipe ont créé plus de cent partenariats avec des universités internationales, allant de la NUS à Singapour à Télécom SudParis, de l’Université de Nantes à des universités coréennes ou malaisiennes.

En plus de ces partenariats, « l’université offre des programmes divers comme l’ingénierie – très importante en Turquie – le commerce, l’architecture, les sciences naturelles et sociales. » dit-il. Pour le directeur, l’internationalisation de l’université est primordiale pour se démarquer des autres et pour donner aux étudiants une réelle chance de réussite.

Emeric table sur la venue d’étudiants internationaux afin de mettre un peu de diversité dans le système universitaire turc qui peut parfois être sclérosé. « Le quota en Turquie pour les étudiants internationaux est de 35%. » explique-t-il. « Il faut comprendre qu’en septembre dernier nous n’avions que 50 places pour 5000 candidatures et en septembre de cette année, 65 pour 6 500… Actuellement, on a 10% d’étudiants internationaux, 160 élèves. Mais les chiffres augmentent ! » place-t-il d’un ton abrupt.  

Concernant les professeurs, le directeur a là aussi décidé de ne pas faire comme tout le monde. Avec 20% de professeurs étrangers et le reste des turcs qui ont étudié et été formés aux Etats-Unis, le professorat est on ne peut plus diversifié. Autre innovation, « le ratio prof/élèves actuel est de 1 prof pour 7-8 élèves. Comme ça, on peut se focaliser sur le suivi individuel et le travail pratique. » Bref, du grand luxe pour les étudiants…

Malgré cette réussite éclaire, Emeric continue à avoir de nombreux projets en tête, comme celui de grimper dans les classements. « Nationalement, on est mieux classés que beaucoup d’universités réputées internationalement, mais on est encore trop jeune ou petit pour apparaître dans certains classements internationaux. » confesse-t-il.

Ce challenge semble plus qu’atteignable puisque l’université est récemment entrée dans le TOP 200 du prestigieux classement mondial ''THE University Impact Ranking''. Pas mal pour quelqu’un qui a pris les rênes en 2014…

Quant à son expérience professionnelle, il la résume sobrement en deux mots : positive et enrichissante.

Alors que mon téléphone s’apprête à rendre l’âme, je lui demande s’il va rester encore longtemps en Turquie. « Je vais rester encore deux ans ici puis pourquoi pas tenter une autre aventure en Turquie ou plus loin en Asie, comme en Malaisie, à Singapour ou Hong Kong par exemple. » conclut-il la voix chargée de voyages.

 

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