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L'EXPAT DE LA SEMAINE - Joanna Haenlein, la plus turque des Françaises

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Joanna Haenlein.
Écrit par Edouard Roux
Publié le 10 avril 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

Après un cursus universitaire sans embûches, cette expat décide de tout plaquer et de partir à l'aventure. Portrait. 


Au fond d’un café du quartier de Çihangir aux allures de maison de poupées, Joanna me fait un signe de la main. « Quinze minutes de retard », voilà ce qui se lit dans son regard. Ses grands yeux bleus rieurs - mis en valeur derrière de larges vitres aux voûtes arrondies – rassurent et finissent par m’inviter au dialogue. Nous commandons à boire et commençons.

Joanna raconte qu’elle nait à Paris il y a 29 – presque 30 – ans dans une famille aisée et que son enfance se fait compliquée. « Ado, j’étais une fille très timide, réservée. Certains professeurs ne m’aimaient pas. J’étais une élève sérieuse mais je ne me sentais pas bien, pas à l’aise dans le système éducatif tout tracé. Je voulais autre chose… » Un premier pas dans l’engrenage de l’entreprenariat ? Pas tout de suite…

Hypokhâgne, Master en management interculturel, stages dans le marketing de luxe à Singapour, en Allemagne ou encore à Londres, Joanna est dans le droit chemin. Mais pas à sa place. « Un jour, je parlais avec ma mère dans la cuisine et je me suis effondrée en pleurs.  Je lui ai dit que je ne pouvais plus continuer comme ça. Grosse remise en question. » explique-t-elle. L’entreprenariat ? Patience, ce sera pour bientôt.

« Je suis partie vivre un an dans le sud et j’ai dû trouver du boulot dans le même domaine, ce qui ne m’enchantait pas vraiment. J’ai fait une année sabbatique avec au programme du volontariat. »  Ce n’est qu’après une longue réflexion que Joanna se décide à poursuivre un SVE (Service Volontaire Européen). Entre temps, la future entrepreneure découvre la Turquie. « C’est pendant un voyage en 2012 que j’ai découvert ce pays. Ça a été une révélation. »

Son amour pour la Turquie reste toutefois intact. Elle se sent prête à s’installer dans ce pays si décrié autour d’elle. En Février 2015, Joanna retourne en Turquie afin de lui prendre le pouls. Elle s’installe définitivement en Septembre 2015. C’est décidé, elle va lancer sa première entreprise. « J’ai été sur VIA Pro. Il y avait des formations pour les expats francophones, des cours d’informatique, des conseils pour développer ses projets etc. Ça m’a vachement aidé. » 

Après de nombreux conseils, Joanna décide de créer sa première entreprise, ‘Imparfaites’. « Le concept était de guider les femmes à passer aux cosmétiques écoresponsables et ça a duré un an. J’ai adoré le faire, mais j’ai décidé de changer d’axe. De pivoter. » raconte-t-elle. Elle ajoute : « J’ai refait du coaching et depuis un an maintenant j’ai créé Joanna H. un projet basé sur ma propre expérience et qui consiste à accompagner les entrepreneurs à passer ce cap du pivot. » 

Cette vocation consiste à « coacher » un entrepreneur et lui faire comprendre qu’un changement d’axe dans son projet peut lui être bénéfique. Joanna explique qu’un entrepreneur ayant une idée précise de business au départ, peut au fil du temps en trouver une autre peut-être plus alignée avec ses nouvelles envies/idées, ce dernier évoluant constamment. C’est ce qu’elle appelle le ‘pivot’.  

Joanna est également très présente sur le web afin de toucher le plus possible la communauté francophone. « Je m’éclate sur Internet, surtout sur Youtube. J’adore faire des vidéos et des podcasts ! Je vais commencer à en faire plus » avant d’ajouter : « Je vais aussi commencer à tourner des interviews en format ‘vlogs’ d’entrepreneurs francophones afin qu’ils puissent nous partager leur expérience de l’entrepreneuriat et surtout du pivot. Il faut diversifier son contenu, c’est important. » 

Le but ultime de ‘Joanna H.’ ? « Être libre financièrement et pouvoir travailler partout avec des entrepreneurs aux profils variés. » explique-t-elle. Joanna continue de travailler sans relâche sur ce projet et pense même faire appel à des vidéastes pour améliorer ses contenus.

Nos çays sont débarrassés par le serveur à la hâte. D’un ton solennel, elle dit : « J’ai voulu devenir entrepreneure car durant mon enfance, on m’a empêché d’être moi-même. Je voulais faire quelque chose d’utile. » 

Qu’en est-il d’un potentiel retour en France ? « Je veux rester ici. C’est chez moi Istanbul. Quand je rentre en France, je me sens comme étrangère. Le dépaysement inversé si vous voulez ! » Plutôt 'non' donc...

 

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Lien de la vidéo de présentation : https://www.youtube.com/watch?v=tKa6SE4Lo08&t=25s

 

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Publié le 10 avril 2019, mis à jour le 11 janvier 2021

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