Bécassine est un personnage de bande dessinée qui apparaît pour la première fois le 2 février 1905 dans la revue "La semaine de Suzette", hebdomadaire destiné aux jeunes filles.
Crée par la scénariste Jacqueline Rivière et le dessinateur Émile-Joseph- Porphyre Pinchon, Bécassine prend très vite sa place au sein du journal et se retrouve à la ’’une’’ cinq mois après sa première apparition.
Au début de sa carrière, le personnage de Bécassine représente la petite bonne provinciale, naïve, simplette et un peu nigaude, telle que la voyait la bourgeoisie parisienne du début du XXème siècle.
Dans les premiers albums, elle est présentée comme étant originaire de Picardie mais, à partir de 1913, avec le nouveau scénariste Maurice Languereau, alias Caumery, Bécassine devient bretonne, native du village imaginaire de Clocher-les-Bécasses dans le Finistère sud.
Bien au-delà de la représentation de la petite bonne bretonne à l’image un peu sotte, voire arriérée, qu’on peut observer dans les premiers albums, on remarque qu’au fur et à mesure des parutions, non seulement Bécassine sait lire et écrire mais qu’elle passe aussi son permis de conduire, belle preuve d’émancipation féminine en 1927.
Si les deux premiers albums relatent l’enfance de Bécassine et son entrée en apprentissage, les trois suivants, édités en 1916, 1917 et 1918, voient l’héroïne évoluer pendant la première guerre mondiale.
C’est dans le sixième volume que la petite Bretonne découvre la Turquie en 1919.
Après de nombreuses aventures aussi loufoques qu’improbables, elle arrive enfin à Constantinople et y découvre une langue, une atmosphère, un environnement et des habitudes de vie très différentes de ce qu’elle connaît.
En outre, l’Empire ottoman allié à l’Allemagne depuis 1913 et engagé à ses côtés dans la guerre 1914-1918 inspire encore suffisamment de crainte et notre héroïne, pétrie de préjugés, regarde ce pays et ses habitants avec circonspection et défiance.
Page 15 : "Donne deux sous Médême !"
Page 55 : "Au Bazar de Constantinople"
Truffés de lieux-communs, de confusions et d’a priori erronés, texte et images laissent à penser que les auteurs ont traité le sujet en parfaite méconnaissance de la Turquie et de sa population, ce qui les a entraînés à lui donner une image qui ne ressemble en rien à la réalité de l’époque… mais tout cela se passait il y a plus d’un siècle...