Édition Istanbul

TROISIEME PONT SUR LE BOSPHORE – Un concepteur français derrière ce pont des records bientôt inauguré

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 18 août 2016

Inauguré dans une semaine, le pont Yavuz Sultan Selim présente des performances techniques remarquables. Derrière cette réalisation, l'ingénieur français Michel Virlogeux, déjà le père du Viaduc de Millau et du pont de Normandie.

"Il s'agit du plus long pont ferroviaire du monde", peut se féliciter Michel Virlogeux (photo William Japhet), concepteur français du Yavuz Sultan Selim, qui sera inauguré dans une semaine, le 26 août. Le troisième pont d'Istanbul à relier l'Asie à l'Europe par-dessus le Bosphore est déjà surnommé par certains "le pont des records".

Doté du plus large tablier du monde (59 m), il accueille deux voies ferrées et huit voies routières : c'est le plus long pont à haubans du monde avec 2.164 m de longueur et une portée de 1.408 mètres. Ses deux pylônes sont aussi à ce jour les plus hauts jamais réalisés pour un pont, puisqu'ils culminent à 322 mètres de hauteur, soit plus grands que la tour Eiffel ! "A noter aussi sa réalisation dans un temps remarquable grâce à la bonne coopération avec les équipes sur place, précise Michel Virlogeux. Aucun pont de cette envergure n'a été construit aussi vite. Nous sommes partis d'une feuille blanche en février 2012." Les travaux ont ensuite débuté il y a trois ans avec une cérémonie officielle le 29 mai 2013, date anniversaire de la prise de Constantinople en 1453.

Face aux performances extraordinaires de son nouveau bébé, Michel Virlogeux garde les pieds sur terre, après les avoir longtemps rêvés en mer : "Quand j'étais plus jeune, je voulais construire des bateaux !" Il n'a finalement jamais dessiné de navires, mais est sorti diplômé de l'Ecole polytechnique en 1967, puis de l'Ecole nationale des ponts et chaussées, deux ans plus tard. Aujourd'hui, à 70 ans, l'ingénieur français compte plus d'une centaine d'ouvrages à son actif. Il est notamment le père du viaduc de Millau, du pont de Normandie ou encore du pont de l'ile de Ré. "Je ne fais que ça depuis 1974", précise Michel Virlogeux.

Sous un pont de critiques

Cette expérience lui a permis de penser le troisième pont d'Istanbul, en binôme avec le suisse Jean-François Klein,  et de remporter l'appel d'offres face aux exigences du gouvernement turc : "Il fallait que le pont possède voies routières et ferrées, tout en gardant un aspect esthétique semblable aux deux autres ponts du Bosphore, explique-t-il. Il fallait être innovant et nous avons proposé de lier deux principes de construction pour que le pont puisse supporter un tel poids tout en restant élégant." Le Yavuz Sultan Selim est ainsi un pont hybride, à la fois suspendu et à haubans.

Ce pont, qui sera inauguré dans une semaine, a pourtant croisé de nombreux obstacles sur son chemin. Outre les critiques virulentes sur son impact écologique, le choix de son nom a aussi été déploré par une partie de la population. Yavuz Sultan Selim, surnommé "Selim le terrible", est associé à la répression des Alévis pendant ses années de règne (1512-1520). Des critiques toutes détournées par les autorités. Le pont sera, dans quelques jours maintenant, ouvert au public et son droit de passage s'élèvera à 3 dollars, auxquels s'ajoutera le prix de la TVA.

Solène Permanne  (http://lepetitjournal.com/istanbul) vendredi 19 août 2016

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Publié le 18 août 2016, mis à jour le 18 août 2016

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