Ce samedi 26 juin, alors qu’il couvrait la marche des fiertés à Istanbul dans le district de Beyoğlu, le photographe de l’AFP a été interpellé avant d’avoir pu sortir sa carte de presse, puis relâché, plusieurs heures après, accompagné des excuses du chef de la police du district de Beyoğlu.
Dans les interviews que le journaliste a données à plusieurs médias locaux, Kılıç raconte avoir été frappé à la tête avec son appareil avant que celui-ci ne soit jeté à terre. Puis dans un second temps plaqué au sol par un policier, le genou sur sa nuque, l’empêchant de respirer.
“Turkish authorities should thoroughly investigate all police personnel involved in the detention of photojournalist Bülent Kılıç and the life-threatening violence he was subjected to,” @gulnozas @Kilicbil @AFP @evrenselgzt @TGS_org_tr https://t.co/EwtgTCwvZg
— CPJ Europe and Central Asia (@CPJ_Eurasia) June 28, 2021
“Une tentative a été faite sur ma vie. C'était une tentative d'étouffement, je tiendrai pour responsable celui qui m'a fait ça [...] ”, c’est en ces mots qu’il s’est exprimé sur les réseaux sociaux après sa remise en liberté. Complétant son tweet avec le hashtag #NefesAlamıyorum : “je ne peux pas respirer”, considérablement relayé dans les heures suivantes sur Twitter.
Les quelques photos qu’il a faites avant sa détention ont pu être diffusées par un collègue photographe.
Bir olaya ne kadar yakınsan ve içindeysen o kadar hedefsindir. @Kilicbil bugün pride eyleminde neden gözaltına alındığını bir de bu fotoğraflar üzerinden bakalım. Gözaltından sonra kırılan makinesinden alınan fotoğraflar... pic.twitter.com/q454NIZqPp
— Yasin Akgül (@yasinnakgul) June 26, 2021
En réponse à ces brutalités, plusieurs professionnels du journalisme et solidaires se sont réunis dans les villes d’Istanbul, d’Ankara et d’Izmir pour dénoncer les récurrentes atteintes à la liberté de la presse en Turquie.
İstanbul’da düzenlenen LGBTİ+ Onur Yürüyüşü sırasında gazeteci Bülent Kılıç’ın (@Kilicbil) boğazına basılıp nefesi kesilerek gözaltına alınması ve polisin basına karşı uyguladığı şiddete karşı eylem gerçekleştirildi.#Pride2021 #NefesAlamıyoruzhttps://t.co/rdsRtRhHF3 pic.twitter.com/eXC5mLoiOT
— Meydan Gazetesi (@meydangazetesi) June 29, 2021
#NefesAlamıyoruz #GazetecilikSuçDeğildir #PressFreedom pic.twitter.com/GdtbL4spZQ
— Ozan (@eozanacidere) June 29, 2021
Depuis 2015, les “prides” sont interdites à Istanbul sur ordre du bureau du gouverneur. Déclarant officiellement “agir pour la sécurité des citoyens et des participants”, l’autorité, avec cette interdiction, peut justifier les violences faites lors des marches. Les associations LGBTQ+ dénoncent une “campagne de haine" menée à leur encontre depuis des années.
Dans une période où la Turquie marque un net recul sur plusieurs droits fondamentaux, comme avec son retrait de la convention d’Istanbul en mars de cette année, ces protestations, qu’elles aient lieu dans les rues ou sur les réseaux, sont le fruit d’une colère montante de la part d’une partie de la population.
Suite à son interpellation de juin 2021, Bülent Kılıç avait porté plainte. Le 8 décembre 2022, un tribunal administratif d'Istanbul a considéré que les policiers "avaient fait usage d'une force disproportionnée [...], et qu'une faute de service s'était donc produite". Le tribunal a ordonné au ministère de l'Intérieur de lui payer 30 095 TL de dommages-intérêts.