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ÉTUDIANTS ÉTRANGERS EN TURQUIE – Un parcours du combattant ?

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 14 octobre 2013

Le nombre d'étudiants étrangers dans l'enseignement supérieur turc augmente chaque année. Malgré cette hausse exponentielle, les démarches administratives des nouveaux arrivants s'apparentent parfois à un parcours du combattant. Témoignages.

Chaque année, ils sont de plus en plus nombreux. Quinze mille en 2005 et plus de vingt-six mille aujourd'hui, les étudiants étrangers ne cessent de miser sur les universités turques pour leurs séjours à l'étranger, d'après un rapport du Centre d'évaluation, de sélection et d'implantation (ÖSYM) publié sur le site du quotidien Today's Zaman. A croire que le pays est devenu un eldorado pour les Erasmus et autres programmes d'échange... Pourtant, selon cette enquête, de sérieux problèmes persistent. A commencer par l'obtention de l'Ö?renim Amaçl? ?kamet: un permis de résidence étudiant obligatoire pour pouvoir rester sur le territoire.

Photo Flickr/CC/Camille Stromboni

Hélène a 19 ans et fait ses études à l'université de Galatasaray. Dès son arrivée à Istanbul début septembre, elle tente de prendre un ?e-randevu? sur le site de la Direction générale de la police d'Istanbul : impossible. "A chaque fois que je me connectais, les dates proposées étaient déjà prises. J'ai essayé d'y aller en journée, en pleine nuit, mais rien à faire." Comme ce rendez-vous doit nécessairement être pris dans le mois suivant l'arrivée sur le territoire turc, Hélène se rend début octobre au bureau général à Fatih (Vatan Emniyet, le seul habilité à délivrer le sésame) pour obtenir une date. "Là aussi, ça a été l'aventure. Les bâtiments étaient mal indiqués et personne ne parlait anglais. Là-bas, tu ne sais absolument pas ce que tu dois faire, personne pour répondre à tes questions. On te donne juste un formulaire et tu dois prendre un numéro", explique-t-elle. Bilan : 2h15 d'attente et un rendez-vous fixé au? 12 décembre 2013.

Une expérience partagée par de nombreux étudiants et autres étrangers en Turquie, et que confirme Ramazan Ünalan, conseiller pédagogique pour les étudiants internationaux de l'Université Fatih d'Istanbul, au journal Today's Zaman. Pour lui, presque aucun effort n'a été entrepris pour faciliter la communication avec les étudiants. "L'absence de tout personnel ayant des compétences en anglais au bureau de police rend les choses compliquées pour eux. Il devrait y avoir un département spécial pour ces requêtes, déplore-t-il. Même quand c'est nous (les enseignants, ndlr) qui appelons pour des renseignements, personne ne nous répond. "

Intégration à la peine

Mais d'après le quotidien anglophone, l'obtention du permis de séjour ne serait qu'un problème parmi tous ceux rencontrés par ces étudiants étrangers. A en croire le témoignage du secrétaire général de la Mozaik International Students' and Culture Foundation, Ömer Yalç?n, il y aurait aussi un volet scolaire, encore plus lourd de conséquences. "Il n'y a pas d'examen commun d'admission pour les élèves étrangers. Tous sont choisis suivant leurs résultats dans leur pays d'origine. Or le niveau d'instruction varie suivant l'endroit d'où ils viennent. Je sais que certains étudiants ont perdu leur bourse en raison de leur échec scolaire (en Turquie, ndlr) et ont dû retourner dans leur pays", souligne ce responsable. A cela s'ajoute, parfois, des changements de dernière minute : des cours censés être dispensés en anglais qui le sont finalement en turc, par exemple.

Gözde Kartal, étudiante turque à l'université technique Y?ld?z d'Istanbul, constate elle aussi l'afflux massif d'étudiants étrangers, notamment via le programme d'échange européen Erasmus. La jeune femme porte toutefois un regard très différent sur les problèmes d'intégration de ses camarades étrangers. Selon elle, le principal handicap resterait la barrière de la langue et la barrière culturelle car ?malgré les efforts pour que tout se passe bien, les gens restent souvent dans leurs communautés: les Turcs avec les Turcs et les étrangers avec les étrangers.

Simon Lancelevé (http://www.lepetitjournal.com/istanbul15 octobre 2013

Vous êtes étudiant étranger en Turquie ? Partagez-vous ces constats ? Comment se passe votre intégration dans votre université? N'hésitez pas à témoigner dans les commentaires de l'article.

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 14 octobre 2013, mis à jour le 14 octobre 2013

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