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CÔTES TURQUES POLLUÉES - Les chercheurs et associations environnementales tirent la sonnette d'alarme

Écrit par Lepetitjournal Istanbul
Publié le 15 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

Les chercheurs et associations environnementales sont unanimes : la Turquie est face à un important problème de pollution de ses mers. Les mers Noire et de Marmara sont particulièrement touchées par cette pollution et voient ainsi leur faune marine se détériorer. Le projet CoCoNET, récemment lancé par l'Union Européenne et visant à développer les aires marines protégées, devrait aider à la préservation des côtes turques.

En 50 ans, le nombre d'espèces de poissons a été réduit de moitié dans la Mer Noire, passant de 52 à 26. Pour la Mer de Marmara, le constat est encore plus préoccupant. Alors que dans les années 1970 les espèces de poissons étaient au nombre de 127, il n'y en a aujourd'hui plus que 4 ou 5. En cause, une pollution des mers qui ne fait qu'augmenter. Dans la Mer Noire se déversent plusieurs fleuves eux-mêmes très pollués, dont le Danube qui est le plus contaminé. Quant à la Mer de Marmara, elle se nourrit des courants de sa voisine du Nord : la Mer Noire. Tout est relié et les problèmes de pollution doivent donc être traités de façon globale. Cette pollution est le résultat de l'activité domestique et industrielle des villes environnantes. La Mer de Marmara, par exemple, regroupe sur son littoral 25 millions d'habitants et accueille de nombreuses activités industrielles comme des raffineries de pétrole ou des usines chimiques.

Les côtes de la Mer Noire sont particulièrement menacées,ici ?ile, à 40 km d'Istanbul (photo MA)

Selon l'institut de statistiques TurkStat, en 2010 sur 2.950 municipalités turques, 715 n'avaient pas de réseau d'assainissement. Ainsi chaque année, un milliard de m3 d'eaux usées est déchargé dans l'environnement sans passer par une phase de traitement. Sur les 2.25 milliards de m3 restants, une grande partie n'est que partiellement traitée. Bien que certaines zones affichent des taux de pollution plutôt faibles, le problème n'est pour autant pas résolu comme l'explique Tezcan Yaramanc?, Président de l'Association turque de protection de l'environnement marin, au journal Today's Zaman. En effet, la pollution est souvent mesurée par rapport à la présence de la bactérie E. coli dans l'eau. Dans certaines zones cette bactérie tend à disparaître. Mais cette disparition s'explique par le fait que la bactérie ne peut survivre en présence de produits chimiques. Le problème ne disparait donc pas, mais se déplace.

Un projet européen pour la protection des zones marines
Fin février à Rome, avait été lancé le projet CoCoNET (Coast to Coast NETworks). Rassemblant 400 chercheurs d'une vingtaine de pays, le projet vise à fournir des lignes directrices pour la conception, la gestion et la surveillance d'aires marines protégées. Ferdinando Boreo, leader de ce projet, était lundi dernier à Istanbul pour le présenter. L'objectif du projet est d'avoir une vision unique et d'éviter que chaque pays n'agisse selon ses propres règles. Il y a actuellement beaucoup d'aires marines protégées en Mer Méditerranée, ce qui n'est pas le cas en Mer Noire. Les endroits particulièrement menacés en Turquie seraient les Îles aux Princes, ainsi que la Mer Noire, notamment la zone entre Giresun et Trabzon. L'autoroute de la Mer Noire qui se situe à même la côte rocheuse est également une source de danger pour le littoral. Le projet CoCoNET comporte une autre partie : celle de développer les parcs éoliens offshores, à la fois en Mer Méditerranée et en Mer Noire. Selon la directive européenne sur les énergies renouvelables, en 2020 34% de la consommation d'électricité viendront des énergies renouvelables. Mais pour arriver à ce niveau, il faut augmenter de 17 fois la capacité d'énergie éolienne offshore. L'objectif de ce projet est donc double : favoriser la création d'aires marines protégées et développer l'énergie éolienne offshore.

En Turquie, le projet est porté par l'université technique du Moyen-Orient (ÖDTÜ - Orta dogu teknik üniversitesi) à Ankara, l'Université d'Istanbul et l'Université de Sinop. Le pays contribuera à hauteur d'un million d'euros. L'étude est prévue sur 4 ans, au terme desquels les différents chercheurs rédigeront le rapport final. Mais entre temps, des conseils et informations seront bien sûr donnés aux gouvernements concernés.

Margaux Agnès (www.lepetitjournal.com/istanbul) mardi 15 mai 2012

lepetitjournal.com istanbul
Publié le 15 mai 2012, mis à jour le 5 janvier 2018

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