Quand on interroge des Français vivant en Inde sur leur pays d’adoption, une des images mise en avant est la foule, sa densité et son effervescence. Oui, c’est une évidence, l’Inde est un pays très peuplé, et il est intéressant de comprendre cette réalité grâce à quelques chiffres.
Alors, combien sont-ils ?
Le dernier recensement officiel en 2011 évaluait la population indienne à 1,21 milliard. Une étude des Nations Unies l’estimait à 1,35 milliard en 2018, et selon l'INED, les habitants de l'Inde seraient 1,37 milliard en 2019. Il est établi qu’à partir de 2024 (environ), l’Inde dépassera la Chine pour devenir le pays le plus peuplé du monde. En fait, la population devrait continuer à croître jusqu’en 2060 pour atteindre 1,7 milliard. Les chiffres sont vertigineux à l’échelle de la France, ne serait-ce que la comparaison de densité : 117 pour la France contre 413 habitants/km2 pour l’Inde !*
Sans bouleversement majeur, la population indienne va donc continuer à progresser pendant les quarante prochaines années, principalement grâce à l’allongement de la durée de vie. La marge est en effet importante si on la compare aux données occidentales. D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, l’espérance de vie était de 68 ans dans la période 2011/2015 (67 ans pour les hommes et 70 pour les femmes). Malgré un accroissement continu depuis l’indépendance, le niveau reste bas, inférieur à celui du Népal et du Bangladesh. La principale raison serait le taux relativement élevé de mortalité avant 5 ans, en moyenne de 50 pour 1000 naissances pour toute l’Inde (3,7 pour 1000 en France). La surmortalité touche les filles en plus grande proportion, par discrimination dans les soins. A ce fait s’ajoute la conséquence d’avortements sélectifs pour favoriser la naissance de bébés mâles, (la pratique d’échographies pour connaître le sexe de l’embryon est pourtant interdite depuis 1994). Le ratio national de femmes (nombre de femmes pour 1000 hommes) est ainsi anormalement bas, 914 en 2011 (1068 en France en 2018). Le « manque » de femmes, le recul de l’âge du mariage (et donc de l’âge du premier enfant) et l’utilisation de contraceptifs par les couples mariés conduisent à une baisse de la fécondité. En 1970, on comptait 5,5 enfants par femme. En 2016, le chiffre était descendu à 2,2 proche du niveau de remplacement des générations (2,1).
Des disparités entre Etats
Toutes ces données cachent de grandes disparités entre les états. Les deux états de l’extrême sud, le Tamil Nadu et le Kerala, sont à la tête de la tendance démographique amorcée depuis les années 80. Ceux sont des états très peuplés, avec une forte densité population (555 pour le Tamil Nadu et 859 pour le Kerala en 2011). Cependant leur croissance est limitée en raison d’une part d’un taux de fécondité bas, inférieur au seuil de renouvellement et d’autre part d’une mortalité infantile très en dessous de la moyenne nationale. Les femmes y sont semble-t-il moins discriminées si l’on considère le ratio femmes/hommes (993 femmes pour 1000 hommes au Tamil Nadu) et le nombre moyen d’années de scolarisation (6,7 ans par femme dans le Tamil Nadu alors que la moyenne est à 4,4 ans pour toute l’Inde).
Pour mieux comprendre ces disparités, voici un tableau qui reprend les données à l’échelle nationale et pour les états du Tamil Nadu, du Kérala et l’état du Bihar, au nord, parmi les régions les plus déshéritées.
Pour en savoir plus sur la démographie mondiale et celle de l’Inde, parcourez le site web www.ined.fr et accédez à un ensemble de graphiques interactifs sur le pays de votre choix.
Sources : L’Inde contemporaine de Christophe Jaffrelot / INSEE population française/ *données 2018