Avant la crise du Covid19, lepetitjournal.com de Chennai avait rencontré Hugo et Robin, deux élèves en terminale au Lycée Français de Pondichéry, en Inde. Depuis, nous avons pu actualiser leur témoignage avec ce qu’ils vivent depuis quelques mois et comment leur année de bac pourrait se terminer.
Être lycéen en Inde apporte beaucoup
Hugo est un jeune expatrié de 18 ans, arrivé en Inde il y a 2 ans et actuellement en Terminale ES au Lycée Français de Pondichéry. Le 15 mars dernier, il coulait encore des jours tranquilles au sein de son lycée à Pondichéry et sa classe de 10 élèves. Robin, lui, a 16 ans et est en Terminale S, dans une classe d’une vingtaine d’élèves. Parmi leurs pairs, la majorité est française d’origine indienne (des enfants de Pondichériens ayant choisi la nationalité française lors du rattachement à l'Union Indienne). Hugo nous raconte qu’à son arrivée, il a dû choisir entre l’école Américaine à Chennai (AISC) et le Lycée Français de Pondichéry : « Je ne me voyais pas passer 2 cursus différents, j’ai donc choisi de poursuivre le cursus français à Pondichéry, mes parents m’ont laissé choisir. Je suis arrivé en Internat la 1ère année. Au début c’était dur, j’ai perdu du poids dans les 1ers mois, j’avais du mal à m’acclimater à la cantine, à la chaleur, à l’eau. Et j’étais loin de la France, il faut un moment pour s’en habituer. Je n’étais pas seul à l’internat, ce qui permet de vivre loin de sa famille en semaine (qui est installée à Chennai). ».
Niveau cours, ils sont en français, ouf. Mais le niveau d’anglais est très élevé et Hugo, bon en anglais en France, arrive ici face à un sacré niveau. Il passe de 9/20 de moyenne en arrivant à 14/20 aujourd’hui. Il explique cette belle évolution par le fait de vivre au quotidien en anglais « d’ailleurs ce n’est pas forcément à l’internat que j’ai progressé mais surtout depuis cette année, où je vis en guest house. Tous les jours je rencontre de nouvelles personnes qui font le tour du monde ou qui viennent d’Inde en vacances ici ; tous les 2-3 jours ça change et il m’arrive d’avoir de grands débats avec ces gens de passage, c’est passionnant ! Cela ne m’apporte pas que de l’anglais d’ailleurs, cela m’apporte aussi de la culture sur l’Inde, sur différents pays du monde, une ouverture sur le monde. Aujourd’hui, je n’ai aucun regret sur mon choix de Pondichéry. Je pense qu’à l’école Américaine, je n’aurai pas vu l’Inde. »
Lepetitjournal.com s’est demandé quels étaient, à leurs yeux, les avantages d’être lycéens en Inde, et à fortiori dans un pays étranger ? Hugo nous répond : « en étudiant ici, je développe une double culture (j’en ai déjà une avec le Portugal avec ma famille). Avec Robin, nous avons intégré l’option « esprits critiques et controverses » et nous avons ainsi des débats géopolitiques, religieux, sur le monde, mais aussi des conférences focalisées sur l’Inde. Tout cela nous a apporté une forte ouverture sur l’Inde, cela nous a permis aussi de voir la France d’un autre point de vue (du point de vue indien) en lisant notamment les journaux locaux. Mon regard sur la France change en étant loin d’elle. » Ainsi, en étudiant à Pondichéry et en vivant en Inde, Hugo se détache peu à peu des médias français et arrive à créer son propre esprit critique et son propre avis. Au-delà des études, Hugo, comme ses parents, est ravi de l’indépendance acquise lors de son expatriation et pense que cela l’aidera beaucoup pour la suite de ses études : « Personne ne me dit de faire ci ou ça, et cette indépendance va forcément m’aider pour la suite de mes études et ma vie. Je rappelle que c’était dur au début et il y a une immense différence entre ma 1ère et 2ème année en Inde, je pense que c’est important de le dire. »
Passer son baccalauréat en Inde
Parlons Baccalauréat. Hugo est serein. Il est entouré de professeurs agrégés, il se sent bien préparé et reconnait que le fait d’être dans la 2nde année en Inde est plus rassurant car « j’ai eu le temps de m’adapter à ce pays et je suis maintenant dans un environnement familier. » en Mars dernier, quand nous avons rencontré Hugo, le bac devait avoir lieu mi-juin, « calé sur les mêmes dates qu’en France, d’ailleurs Pondichéry n’est plus 1er à recevoir les sujets (ndlr on connaissait beaucoup Pondichéry pour cette caractéristique) ». Les examens devaient avoir lieu dans les locaux du lycée, dans des salles de permanence. Autour de lui, Hugo sent que ses amis ne sont pas stressés par le Bac, tout le monde est confiant car bien préparés. De plus, être en classe restreinte est un élément positif puisque les interactions sont plus nombreuses, et le programme est terminé beaucoup plus rapidement « Le programme de spé Maths a été fini avant les vacances de février ! Ce qui nous permet d’approfondir les Maths le reste du temps. » nous raconte Hugo.
[Depuis notre interview, la situation sanitaire mondiale s’est dégradée, due au Coronavirus, ou Covid19. Suite à cela, lepetitjournal.com a recontacté Hugo et Robin pour savoir comment leur situation de (futurs) bacheliers évoluait et comment la vivaient-ils.] « Nous vivons une situation sans précédent qui a fait que le bac a été annoncé comme évalué en contrôle continu. » raconte Robin. « Selon moi, cela représente un bon compromis car cela permet tout de même d’évaluer les élèves de Terminale sur le travail qu’ils ont fourni toute l’année 2019-2020, et pour qu’ils puissent tout de même obtenir leur diplôme. Nous nous sommes tous demandés comment nous pouvions passer le bac avec la fermeture des écoles et cette annonce de contrôle continu nous a beaucoup rassurés. ». Que pense Robin de cette situation ? « Nous vivons dans un contexte exceptionnel d’où la nécessité à notre gouvernement de prendre des mesures exceptionnelles pour passer nos examens cette année. La session 2020 restera dans les mémoires de certains comme une des rares sessions où le Bac a été modifié… ». De son côté, Hugo nous raconte son quotidien : « Le confinement se passe bien pour moi pour l'instant, je commence à trouver une routine comme la majorité. Pour les cours j'ai environ 3h de cours en visio-conférence ou par messages vocaux par jour, je fais les devoirs demandés mais sans plus, je préfère continuer un apprentissage un peu plus vaste comme j'ai le temps de m'étaler sur de nombreux sujets. Pendant mon temps libre, je lis énormément en complétant mes lectures avec des conférences, cela me permet de me cultiver plus vite et mieux que les programmes qui ne sont pas assez variés. En parallèle, je fais du sport entre 30min à 1h par jour comme on ne marche plus, je cours ou je nage. »
Et après ?
Hugo a postulé pour une école de commerce spécialisée dans le développement durable et l’économie responsable « L’Inde a joué sur ce choix, je n’aurais jamais envisagé un parcours comme ça avant, en France. (ndlr ESCD3A). J’ai réalisé mes souhaits sur parcoursup en ligne et j’attends maintenant des nouvelles. ». C’est indéniable, le fait d’être expatrié a ses avantages puisqu’il est possible de passer seulement des oraux et non des épreuves écrites. De plus, mettre en avant une double culture, des voyages ou encore une ouverture sur le monde sont de vrais plus dans la candidature. Depuis, nous avons demandé des nouvelles à Hugo : « Pour parcoursup j'ai eu mes deux principaux vœux validés mais je vais prendre la voie hors parcoursup pour partir vers l'écologie ». Fin avril, Robin se préparait aussi à des oraux hors parcoursup. « Les professeurs et les outils mis à notre disposition depuis le confinement, nous aident à préparer un bagage solide pour notre futur et nos études post bac. ». Aujourd’hui, il est content car il a obtenu son vœu formulé dans Parcoursup. Tous deux attendent maintenant l’annonce officielle de l’obtention de leur Baccalauréat…
Hugo et Robin le disent eux-mêmes, l’année 2020 est une année très particulière qu’ils sont en train de terminer avec brio et nous félicitons par avance les Bacheliers ! Et si l’examen 2020 ne ressemblera à aucun autre, l’expérience lycéenne en Inde leur aura apporté bien plus qu’un diplôme, avec ou sans mention.