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Quand les cinéastes Hongkongais tournent en France

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Extrait du film “Zen Kwun Do Strikes in Paris”
Écrit par Arnaud Lanuque
Publié le 31 octobre 2019

Après avoir observé comment les cinéastes français utilisaient Hong Kong pour leurs longs métrages, jetons un œil sur le scénario contraire, la manière dont les réalisateurs hongkongais appréhendent l’hexagone pour leurs propres films.

 

Occident? Connais pas!

Tout comme Hong Kong n’a longtemps pas existé sur les radars du cinéma français, la France a été pendant plusieurs décennies une non-entité pour le cinéma de Hong Kong.  Cela tenait à des questions de genre de prédilection, de marchés et de coût financier. Pendant longtemps, le cinéma de Hong Kong privilégiait des films sur une Chine ancienne et fantasmée, idéal pour un public d’immigrés ayant quitté la mère patrie. Si on ajoute à cela des budgets limités, insuffisants pour des déplacements et tournages en France, on comprend qu’il n’y avait guère de raison de se forcer.

 

Kung Fu et érotisme du pauvre à Paris

 

Le succès sans précédent de Bruce Lee à travers le monde ouvre la porte à de nouveaux marchés. Les producteurs locaux comprennent qu’il y a des opportunités à se faire en occident et que des tournages sur place peuvent jouer en leur faveur tout aussi bien pour leur public de prédilection, attirés par le degré d’exotisme apportés par l’environnement européen ou américain, que celui nouvellement acquis, qui s’y retrouve davantage dans l’occident contemporain que dans la Chine ancienne. Mais les premiers cinéastes à tenter l’expérience française ne sont pas vraiment les plus prestigieux… Ainsi, c’est le cas du roublard Godfrey Ho pour son premier film, le bien nommé "Paris Killer", un médiocre film de Kung Fu riche en plans illustratifs de Paris et en touches érotiques typique de la période. D’autres réalisateurs aussi peu flamboyant suivront sa voie comme Lee Tso Nam et son "Kung Fu contre la Mafia", tourné à Paris et aux Pays-Bas, le spécialiste de l’érotisme Lui Kei pour son "Romance in Paris" ou encore l’artiste martial John Liu pour "Zen Kwun Do Strikes in Paris". Rien de très reluisant… Le faux Bruce Lee, Bruce Le, aura même le droit d’apparaître sur les plateaux télé de Michel Drucker pour promouvoir son "Bruce Contre-Attaque", tourné dans la ville lumière !  

 

Montée en puissance

 

Si les premières incursions françaises des cinéastes hongkongais n’avaient rien de glorieux dans les années 1970, les choses évoluèrent au début des années 1980 quand une nouvelle génération de cinéastes plus familiers de l’occident et aux ambitions artistiques plus affirmées se mirent à occuper le terrain. La qualité des œuvres tournées en France augmenta considérablement. Ainsi quand Tsui Hark tourne la parodie de James Bond "Mad Mission 3: Our Man from Bond Street", il utilise la tour Eiffel et le Trocadéro de manière inventive pour des scènes d’action spectaculaires. Quand Tony Au filme l’histoire d’amour entre Chow Yun Fat et Dodo Cheng pour son "The Last Affair", il propose une vision réaliste et crédible de Paris qui enrichit les rapports entre les personnages. Même des super star comme Jackie Chan, "Mister Dynamite" qui fait un passage par la France en plus de l’Autriche et la Yougoslavie, ou John Woo, Les Associés filmé entre Paris et la Côte d'Azur, se fendent de tournages dans l’Hexagone afin d’accroître encore le prestige de leurs productions.   

 

Romantisme à l’eau de rose contre vision au noir

 

Deux approches distinctes se dégagent depuis cette période sur la manière dont la France est vue par les cinéastes hongkongais. Pour les premiers, la France, et surtout Paris, est ce pays de la culture, de l’amour et de la liberté. Ce sont assez logiquement des histoires d’amour outrancièrement romantiques qui choisissent de proposer cette vision du pays comme le "Lavender" de Riley Yip, le "Paris Holiday" de James Yuen ou encore le "Love Contractually" de Liu Guonan. Pour les autres, l’hexagone est un territoire dangereux dans lequel les Chinois, immigrés ou touristes, sont en position de faiblesse et systématiquement menacés. Citons ainsi le "Invincible" de Blacky Ko, consacré à notre bonne vieille Légion Etrangère, ou l’excellent "Midnight Fly" de Jacob Cheung. Laquelle de ces deux tendances aura les faveurs du public pour l’avenir reste encore à déterminer.  

 

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