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Harris ou Trump, quel conséquences sur les relations sino-américaines ?

A sept semaines des élections, c’est Kamala Harris qui se situe en tête des sondages, d’après l'agrégateur 538, cette dernière ayant une avance de 2,9% sur son adversaire Donald Trump. Le résultat de ces élections sera déterminant pour les quatre prochaines années tant à l’échelle nationale qu’à l’échelle globale, en particulier concernant les relations entre la Chine et les Etats Unis. Explications

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Kamala Harris et Donald Trump pendant le débat présidentiel
Écrit par Juliette Robieux
Publié le 24 septembre 2024, mis à jour le 24 octobre 2024

Donald Trump, le protectionnisme avant tout

"D'autres pays vont enfin, après 75 ans, nous rembourser pour tout ce que nous avons fait pour le monde." a annoncé Trump lors du débat présidentiel du 10 septembre 2024. Cette déclaration décrit efficacement l’hostilité de ce dernier pour le libre-échange avec la Chine. Il avait par ailleurs averti d’une augmentation des droits de douane de 60% sur toutes les importations chinoises aux Etats Unis. Même si cette démarche s’aligne avec les ambitions protectionnistes de Trump, illustrées par sa volonté d’augmenter de 10% les droits de douane sur tous les produits importés, ce dernier reste particulièrement réticent à la Chine en tant que premier concurrent direct des Etats Unis.

De plus nombreuses déclarations envers la Chine de la part des “super hawks”, (supers faucons) membres de l’ancienne administration Trump, laisse présager un regain de tension sino-américaine en cas de victoire républicaine. Steve Banon, ex-conseiller de Trump a par exemple énoncé dans une interview en juillet dernier : “Concernant la Chine, je pense que [Donald Trump] admire Xi Jinping. Mais nous sommes des faucons. Nous voulons voir l’élimination du Parti communiste chinois.”

Kamala Harris, le choix de la modération

Si la position de Trump sur la Chine est claire, celle de Harris est plus floue. Les spécialistes sino-américains s’attendent à une poursuite de la politique de Biden, axée sur la concurrence scientifique et technologique. Le 13 septembre 2024, le Bureau du représentant américain au Commerce a annoncé une augmentation des taxes douanières concernant notamment les produits électroniques, tels les micro-conducteurs, les voitures électriques ou les batteries. Les droits de douanes de ces derniers produits devraient augmenter entre 25 et 100% d’ici la fin du mois. Ce mois de septembre est marqué par la discussion de nombreuses lois ciblant les entreprises chinoises, 25 au total, dont certaines ont déjà été adoptées.

Kamala Harris a démontré par le passé, une position mitigée par rapport au libre échange. Elle a par exemple voté contre des accords de partenariats économiques transpacifiques en 2016. Harris n’a pas encore explicité les détails de ses plans de politiques étrangères, mais elle s’est montrée cependant plus ouverte des discussions dans le pacifique en entretenant de fortes relations bilatérales avec des puissances de l’Indo pacifique. Reste à savoir si cette politique d’ouverture s’étendra à la Chine. 

Taïwan, point de divergence entre les deux candidats

La question de Taïwan ne figure étonnamment pas dans le programme électoral des Républicains qui parlent seulement de « contrer la Chine ». Donald Trump semble en effet de plus en plus réticent aux dépenses américaines liées à la sécurité dans la région. Il a déclaré dans un entretien avec Bloomberg Businessweek en juillet dernier que “Taïwan devrait payer [Les Etats Unis] pour sa défense”. Il met l’accent sur une vision de Taiwan purement liée à l’économie, en soutenant que cette région reste un partenaire économique important pour les Etats Unis, notamment en matière de micro-conducteurs.  

Le chercheur et ancien employé de la Maison Blanche, Ryan Hass souligne que Donald Trump “passe beaucoup de temps à penser à Taiwan dans le contexte de la compétition entre Taiwan et la Chine plutôt que de penser à Taiwan pour Taiwan”. Il insiste sur le fait que Harris a une vision plus globale sur la question.


Kamala Harris, en cas de victoire, semble vouloir maintenir le statu quo à Taïwan, en accord avec les politiques étrangères de l'administration Biden. Figure clé de la stratégie américaine dans l'Indo-Pacifique, Harris a joué un rôle central dans l'élaboration des mesures prises dans cette région, démontrant ainsi une solide expertise sur le sujet. Elle adopte une position favorable à Taïwan, comme en témoigne son vote en faveur du Taiwan Travel Act en 2018, qui a autorisé des représentants officiels américains à se rendre à Taïwan. En 2022, elle a également rencontré le vice-président taïwanais, Lai Ching-te.

Sous la présidence de Biden, les États-Unis ont affirmé leur intention d’intervenir en cas d’attaque contre Taïwan. Cette posture s'est accompagnée d'un renforcement de l’assistance militaire américaine à l'égard de l'île. En 2023, Washington a pour la première fois décidé de fournir une aide militaire directe à Taïwan, avec un budget de 8 milliards de dollars, marquant un tournant dans leur partenariat. Jusqu’à cette décision, les États-Unis se limitaient à des ventes d’armes à Taïwan.

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