Les deux dirigeants se sont rencontrés mercredi dernier à San Francisco à l’occasion du sommet de l’Asia Pacific Economic Cooperation (APEC). Si les dossiers de désaccord profond entre les deux puissances restent vérouillés (Taiwan, droits humains, guerre Israël-Hamas), des progrès ont été fait dans les domaines de la sécurité, de la lutte contre le fentanyl (opioïode) et des liaisons aériennes.
“Un nouveau point de départ pour la stabilisations des relations sino-américaines”, selon la déclaration chinoise publiée à la fin de l’échange entre les présidents chinois et américain Xi Jinping and Joe Biden mercredi dernier. La rencontre entre les deux partis s'est déroulée dans la cordialité et dans un esprit d'apaisement des tensions.
Rétablissement des canaux de communication
Les Etats-Unis ont obtenu le rétablissement des canaux de communication entre les armées américaines et chinoises, rompus par la Chine à la suite de la visite de la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi à Taïwan, en décembre 2022. Une avancée importante : un rapport du Pentagone paru ce mois recense 180 manoeuvres dangereuses des forces aériennes chinoises sur l’armée américaine dans les eaux internationales sur ces deux dernières années.
Xi Jinping s’est également engagé à coopérer avec les Etats-Unis dans la lutte contre le fentanyl. Les composantes clés de l’opioide meurtier aux Etats-Unis (70 000 morts en 2022) sont en effet produites en Chine.
Les échanges humains entre les deux pays devraient être facilités prochainement, avec un accord sur l’augmentation des lignes aériennes et la simplification des procédures de visa. Xi Jinping a déclaré espérer accueillir 50 000 étudiants américains dans les cinq prochaines années. En 2021-2022, seuls 211 américains ont étudié en Chine, selon l’étude 2023 de l’Institute of International Education.
Blocage sur Taiwan
Sans surprise, Taiwan est resté un point de désaccord majeur entre les deux pays. Xi Jinping a demandé à Joe Biden de ne pas soutenir l’indépendance de l’île et de cesser de l’armer - le dernier transfert d’armes des Etats-Unis datant d’août. De son côté, Joe Biden a déclaré avoir obtenu l’assurance de Xi Jinping de ne pas intervenir dans les élections taïwanaises en janvier prochain. Les déclarations de Joe Biden ont été plus timorées, loin de celle de 2021 où Biden avait assuré que les Etats-Unis défendraient Taïwan en cas d’attaque.
La guerre à Gaza est, elle aussi, restée une question en suspens, les deux pays n’ayant pu qu’exprimer leur désaccord. Joe Biden a invoqué le droit à se défendre d’Israël, tandis que Xi Jinping s’est exprimé comme favorable à un cessez-le-feu. Le blocage s’est retranscris dans la décaration commune de l’APEC, évoquant sobrement “un échange de points de vus’” entre les différents membres.
APEC, une volonté d’ouverture mise à rude épreuve
Lors de leur rencontre, Joe Biden a fait part de ses inquiétudes quand à l’impact économique négatif de la politique commerciale de la Chine sur les Etats-Unis. Cette déclaration a été immédiatement suivie d’un retournement de la critique par Xi Jinping, qui a qualifié les mesures américaines d’”injustes” - sans qu’un dévérouillage ne soit évoqué. Les attentes de l’APEC d’un environnement d’investissement et de commerce “libre, ouvert, juste […] et prédictible”, comme voulu dans la déclaration commune du sommet, restent encore incertaines… D’autant plus que le libre-échange a perdu de sa popularité politique aux Etats-Unis.
Xi Jinping s’est cependant exprimé sur l’ouverture du marché chinois devant des entrepreuneurs américains dont le PDG d’Appel Jim Cook lors d’un dîner, dans une volonté de rassurer les investisseurs étrangers. Le commerce devrait resté en dehors de tentative de “politisation”, a déclaré le chef d’Etat.