Après la prise de conscience, le temps de l’action. Une énergie verte et dynamique s’est emparée de Hong Kong ce weekend, et on ne le doit pas seulement à la journée mondiale de la Terre.
Du 20 au 22 avril, The Conscious Festival a fait résonner dans l’enceinte de PMQ les meilleures initiatives vertes, respectueuses de l'environnement et soucieuses des impacts sociaux.
La fondatrice Stephanie Dicksons répète inlassablement qu'il est tout à fait possible de vivre une vie moderne tout en ayant un impact positif sur la planète et les hommes. "Nous voulons que les gens repartent avec des actions tangibles qu'ils pourront mettre en œuvre tous les jours" détaillait-elle.
Les Talks et le Market Place ont attiré un large public samedi et dimanche. Déambulant de stand en stand, les visiteurs ont découvert les solutions pour réduire leur impact sur la pollution. La Française de No!w No Waste et ses objets écologiques ont convaincu certains d’entre eux. Plus loin, What’s In présentait son concept de box de fruits. Le tout rythmé par des interventions de spécialistes sur les thèmes majeurs comme les habitudes de consommation et le mouvement zéro déchet, la terre et la biodiversité, l'éducation des générations futures…
Mais dès le vendredi 20 avril, les professionnels du secteur ont planché sur l’économie circulaire. D’ateliers en conférences, ils se sont succédés pour présenter au public d’initiés les nouveautés technologiques et marketing des entreprises pour éviter le gaspillage.
La co-fondatrice, Paula Miquelis, insiste sur le rôle que peut jouer Hong Kong. "Il était important d'organiser une expérience qui accélère les dialogues". Après Singapour, Hong Kong est aux yeux des organisateurs une ville idéale pour étendre l'influence de la plateforme Green is the new black auprès de nouvelles entreprises du développement durables et autour de nouvelles solutions viables pour demain.
Cette journée UNCONFERENCE n’a pas déçu, au contraire elle a révélé de belles promesses. Accompagné par une représentante de H&M, Edwin Keh a présenté sa découverte révolutionnaire pour l’industrie du textile. Séparer les différentes fibres qui composent de nombreux textiles, en préservant le coton, est le pari du chercheur du Research Institute of Textiles and Apparel.
"Nous avons créé un processus de recyclage qui ne dégrade pas la matière première, s’enthousiasme Edwin Keh qui salue l’investissement des grosses entreprises du prêt-à-porter. Ce qui est excitant, c’est qu’on arrive de cette manière à une boucle continue et infinie".
Le scientifique n’est pas avare en déclarations puisqu’il a mentionné l’ouverture prochaine à Tai Po de la première usine de coton depuis cinquante ans. Une usine moderne, automatisée, et probablement réduite à six travailleurs pour produire de nouvelles fibres.
La pollution comme matière première
Pourquoi ne verrait-on pas dans notre pollution un nouvel ingrédient à utiliser? C’est le postulat de départ d’une jeune start-up américaine qui souhaite transformer le méthane en or. Ce gaz à effet de serre, plus néfaste que le CO2, participe au réchauffement climatique.
Au lieu de subir ses conséquences, Mango Materials a choisi de s’en servir pour créer une matière biodégradable. Les scientifiques et ingénieurs récupèrent le méthane pour nourrir des bactéries. "Nous avons fait des recherches pour identifier les bonnes bactéries, et sélectionner celles très spécifiques qui ‘mangent’ le méthane. Elles existaient déjà dans la nature", précise Tze Weì U, chef de produit et business développement.
Une fois les bactéries rassasiées, les chercheurs les stimulent en changeant les conditions dans lesquelles elles se trouvent. Leur réaction va être de créer un biopolymer pour se défendre et survivre. Le biopolymer permet alors de produire une poudre qui sera transformée en fibre. "C'est comme un processus de fermentation, on part du méthane pour produire en quelques jours du polyhydroxyalcanoates (PHA)", souligne l’expert.
Ce substitut au polyester, créé par Mango Materials, séduit de nombreuses entreprises, notamment dans la mode. Et Tze Weì U ne s’inquiète pas de la forte augmentation des demandes. "Dès qu'il y a une source de méthane, nous sommes en mesure de créer une usine, assure-t-il. Aujourd’hui nous avons une usine pilote située à côté de bassins de retraitement des eaux usées et de plusieurs exploitations agricoles. Autour de nous, il y a tout le biogaz nécessaire".
"La chose géniale avec ce matériel, c'est que nous pouvons ‘customiser’ ses propriétés, tout dépend comment on nourrit les bactéries, explique-t-il pour valoriser le panel d’exploitation de sa fibre. La première utilisation pour l'instant se concentre sur l'industrie de la mode, mais on peut faire du packaging, des bouteilles, des boites, ou des bouchons en plastique… tout ce qui est fait de plastique maintenant".
Une petite révolution sur laquelle Tze Weì U essaie de communiquer en Asie. Présent sur la côte californienne et un peu en Europe, Mango Materials souhaite mettre en place à Hong Kong "les fondations pour demain".