Parlé par un quart de la population mondiale, le chinois dans toutes ses formes est un incontournable pour qui s’intéresse à la Chine et son activité dans le monde. Voici quelques unes des raisons qui font que de plus en plus d’occidentaux apprennent cette langue.
Le chinois, oui mais quel chinois ?
Faisant partie de la famille des langues chinoises (il y a pratiquement un dialecte par région), le mandarin est parlé par plus de 955 millions de personnes en Chine, à Singapour et à Taïwan. Le mandarin, que les dirigeants communistes ont désigné comme la langue véhiculaire de leur nation entière en une version standardisée (dénommée 普通話 pǔtōnghuà, « langue commune »), était d'abord celle de communautés chinoises du nord du pays. Bien que possédant une ancienne histoire littéraire, elle ne dérive pas de la langue écrite classique littéraire et artificielle (文言 wényán), abandonnée en 1919 après avoir été utilisée comme langue écrite officielle et littéraire pendant plus de deux mille ans : en effet, c'est d'une langue vernaculaire parlée (白話 báihuà, « langue simple ») que le mandarin procède.
Le cantonais est aussi une langue chinoise parmi les plus utilisées dans le monde : il y a environ 90 millions de locuteurs dans les provinces du Guangdong et du Guangxi, à Hong Kong et à Macao, ainsi que dans les communautés de la diaspora chinoise (Singapour, Malaisie, États-Unis, Australie etc.)
Quelles différences entre le mandarin et le cantonais ?
D'un point de vue linguistique, il y a plus de différences entre le cantonais et le mandarin qu'entre l'espagnol et le français, mais la compréhension à l'écrit entre les différentes langues chinoises est assez aisée grâce aux sinogrammes, dont la plupart sont les mêmes.
À la différence du mandarin, qui n′emploie que quatre tons, la prononciation du cantonais en connaît neuf. De plus, les syllabes cantonaises se terminent souvent avec une consonne (-p / -b, -m, -n, -ng, -g / -k, -d / -t), alors qu'en mandarin, on ne trouve que les voyelles et deux consonnes nasales (-n, -ng) à la fin d'une syllabe. Autant dire que votre serviteur qui écrit, lit et parle couramment le mandarin, est mis en difficulté par la pratique du cantonais.
Le cantonais s'écrit au moyen des sinogrammes, dont un certain nombre lui sont propres et/ou ne se retrouvent plus en mandarin. Par exemple (transcriptions jyutping) :
- 佢 keoi5, « il, lui » (se prononce qú en mandarin mais n'a pas de sens ; on utilisera 他 tā) ;
- 冇 mou5, « ne pas avoir » (mandarin mǎo, pas de sens, équivalent de 沒有 méiyǒu) ;
- 唔 m4, [négation] (mandarin wú, où il sert d'onomatopée rare ; équivalent de 不 bù) ;
- 係 hai6, « être » (mandarin xì, où il signifie « lier » ; équivalent de 是 shì);
- 乜 mat1, « quoi » (mandarin mie, pas de sens, équivalent de 甚麼/什么 shénme).
Lire les panneaux... au Japon
A priori, même si le mandarin est la langue nationale en Chine, la large diaspora chinoise à travers le monde vous permet de retrouver du mandarin et ses langues proches partout sur la planète. Ainsi, une fois connus les idéogrammes, vous aurez l’agréable surprise de pouvoir choisir vos plats dans la plupart des chinatowns et de reconnaitre les panneaux des magasins. Que dire de l’accès dans le texte aux films de kung fu de votre enfance et la lecture des poèmes classiques qui accompagnent souvent la peinture chinoise. Enfin, même si vous ne parlez pas le japonais, vous serez autonomes dans les transports en commun puisque l’écriture du japonais emprunte de nombreux signes au chinois classique.
Le cantonais a transformé ma relation à Hong Kong
Résidant depuis plusieurs années à Hong Kong, Karine témoigne : « Depuis que j’ai fait l’effort d’apprendre le cantonais, mes relations avec les Hongkongais ont changé. Je me suis fait de nombreux amis et j’ai désormais un accès plus large à la culture. Je peux apprécier l’opéra cantonais et je suis invitée pour les fêtes dans les familles qui ne pratiquent pas l’anglais. C’est un monde nouveau qui s’est ouvert à moi »
David, quant à lui, est résident à Shanghai et utilise le mandarin pour communiquer au travail. « On dit souvent que les Chinois de disent jamais non. C’est une légende qui tombe dès que vous pratiquez la langue. Vous vous apercevrez que les objections que l’on n’ose pas opposer à un étranger sont plus facilement formulées lorsque l’on parle en chinois. C’est un gain de temps considérable pour la résolution de problèmes ! »
Accéder à une culture complète
Enfin, un petit clin d’œil aux amateurs de tatouages chinois faits en fin de vacances ou à l’occasion de sorties arrosées. Il peut parfois être utile de comprendre ce qui est proposé par l’échoppe de tatouage qui vous marquera à vie, histoire de ne pas se retrouver avec la recette du poulet cinq parfums sur le bras ou une insulte à l’attention de la mère de vos interlocuteurs asiatiques ! Plus prosaïquement, la langue écrite en particulier est le support d’une culture quadri millénaire. Aussi est-il essentiel, comme le rappelle David, grand amoureux de l’histoire de l‘Empire du Milieu de « savoir parler la langue pour comprendre la culture de ce pays ».
Avis aux amateurs !