Les récentes distributions de tracts électoraux rappellent que les élections législatives approchent à grand pas à Hong Kong, mais sans réel intérêt populaire ni réelle opposition.
Premières élections sous la nouvelle réforme électorale
Les élections législatives qui prendront place ce 19 décembre 2021 interviendront dans un contexte particulier. Il s’agira des premières élections depuis la réforme électorale, votée par l’Assemblée Nationale Populaire, le corps législatif de la République populaire de Chine à Beijing, le 11 Mars 2021.
Dans le but avoué d’assurer un contrôle des « patriotes », nom des partisans pro-Beijing, la réforme électorale favorise en effet largement ce groupe au sein du Conseil Législatif.
Parmi les changements notables figurent une augmentation du nombre de sièges de 70 à 90 et l’instauration d’un Comité Electoral. La part des sièges directement élus au suffrage universel a baissé de 35 à 20, tandis que celui des comités professionnels, représentant les groupes d’intérêts professionnels et traditionnellement favorables au camp pro-Beijing, reste à 30. Le nouveau Comité Electoral sera constitué de 1500 individus représentant 5 secteurs, regroupant 300 membres chacun. Ces secteurs comprennent donc les secteurs industriels, financiers et commerciaux, les professionnels, les secteurs ouvriers, religieux et autres, les membres du Conseil Législatif, et enfin les représentants de la SAR au sein de l’Assemblée Nationale Populaire et de la Conférence consultative politique du peuple chinois ainsi que d’autres représentants des organes nationaux.
Une élection sans réelle concurrence
Les élections, qui ont initialement dû se dérouler en septembre 2020, ont été décalées pour cause d’épidémie de Covid. D’autres raisons officieuses ont été avancées, parmi lesquelles la victoire attendue du bloc des démocrates après les succès enregistrés lors des élections municipales.
La loi de sécurité nationale a aussi eu pour effet de grandement affaiblir le camp démocrate. Adoptée le 30 juin 2020 par le Comité Permanent de l’Assemblée Nationale Populaire, celle-ci a notamment le pouvoir de faire condamner toute personne reconnue coupable de « subversion ». En effet, un certain nombre de politiciens « jaunes » et autres activistes politiques ont été reconnus coupables de subversion, notamment pour avoir organisé des manifestations ou encore pour avoir organisé la veillée annuelle de commémoration des victimes des évènements de Tiananmen de 1989.
Un autre nombre de politiciens ont préféré quitter Hong Kong et demander le statut de réfugié politique à l’étranger. De plus, suivant l’exclusion de quatre députés démocrates accusés de promouvoir l’indépendance de Hong Kong, le retrait des députés démocrates restants par solidarité, a laissé le Conseil Législatif de facto sous le contrôle total des patriotes.
La réforme électorale stipule par ailleurs que tout candidat doit obtenir l’aval des représentants de chacun des cinq secteurs du Comité Electoral, rendant difficile toute candidature jugée « anti-patriote ».
De ce fait, sur les 51 candidats pouvant être élus au suffrage universel, seuls trois se revendiquent comme étant pro-démocrates.
Pourquoi l’élection
Les élections législatives sont un élément clé de la vie politique hongkongaise depuis 1985. Elles permettent aux citoyens d’envoyer des représentants au Conseil Législatif, organe gouvernemental ayant autorité pour voter et changer les lois, approuver le budget et destituer le Chef de l'Exécutif, entre autres. Or, si les élections ont permis jusqu'à présent de faire entendre l'opposition, le nouveau système réduit le pouvoir octroyé aux forces d'opposition à Beijing.
Pour le camp patriote, l’élection sert de moyen de légitimer sa position après deux années troublées politiquement. Suivant les manifestations de masse et les violences qui en découlèrent, les pro-Beijing se présentent comme garants de la stabilité sociale et économique de la région.
Ainsi, le niveau de participation aux élections permettrait de démontrer le soutien de la population envers leur politique. Or, selon un sondage réalisé par le Hong Kong Public Opinion Research Institute du 29 novembre au 2 décembre, 47% de la population a exprimé le souhait de se déplacer aux urnes, pour 40% qui ne voteraient pas et 14% qui y réfléchissaient encore.