Le sommet de la mode 2018 s’est tenu à Hong Kong avec comme thème majeur l’économie circulaire. C’est la plus grande conférence d’Asie organisée au sujet de la mode "durable et responsable".
Après le sommet de Copenhague en mai 2018, les acteurs de l’industrie se sont une nouvelle fois rassemblés pour apporter des solutions dans ce qu'ils qualifient de "changement révolutionnaire".
L’industrie textile est une des plus polluantes au monde. Les coûts sociaux et environnementaux sont énormes tout au long de la vie d’un vêtement. L’industrie rejette par exemple chaque année plus de gaz à effet de serre que les vols internationaux et le trafic maritime réunis. Et que dire de la quantité d’eau nécessaire à la fabrication d’un vêtement (elle peut aller jusqu’à 11.000 litres), des conditions de travail parfois misérables et des déchets textiles dont moins de 1% sont recyclés. (voir sur notre article Prêt-à-porter....de nouveau)
Le sommet, fondé par Create Hong Kong et organisé conjointement par sept organisations, s’est déroulé au Convention Centre les 6 et 7 septembre derniers. L’objectif du sommet était de sensibiliser le public, grâce à des données factuelles, au rôle que l’industrie textile doit jouer en intégrant rapidement une économie circulaire. Un des slogans à Copenhague était "si nous changeons l'industrie de la mode, nous pouvons changer le monde."
Le constat est donc simple: il faut impérativement rendre le secteur plus durable et responsable en éduquant la nouvelle génération à avoir un état d’esprit différent.
Une enquête mondiale avec de grandes différences culturelles
Comme pour Copenhague, un panel de discussions a été organisé autour de l’étude Fashion Pulse Report menée par HSBC sur la consommation durable dans la mode. L’enquête, auprès de plus de 5.000 consommateurs répartis dans 5 villes (Hong Kong, Shanghai, Londres, New York et Tokyo), évalue les gestes des consommateurs et les opportunités d'une mode plus durable.
Le panel a mentionné de grandes différences entre les zones géographiques. Le Japon gagne la 1ère place dans le recyclage des déchets. Pour la prise en charge par les consommateurs du surcoût lié à une consommation durable– qualité versus quantité - les avis diffèrent selon les classes sociales mais sont unanimes pour dire qu’ils ne sont pas prêts à le supporter seul. Les consommateurs attendent également un effort de l’industrie. Les résultats complets de l’enquête seront disponibles dans quelques mois.
L’économie circulaire dans l’industrie de la mode
L'économie circulaire qui vise à dépasser le modèle linéaire « extraire, fabriquer, consommer et jeter » a été longuement discuté. Dans la mode, cela se traduirait par une consommation responsable des ressources naturelles et des matières premières ainsi que la prévention de la production de déchets.
François Souchet a dû répondre à la question "L’économie circulaire est-elle durable pour l’industrie de la mode?". Il est Project Manager de l’initiative "Make fashion circular", lancée par la Fondation Ellen MacArthur, dont la mission est de promouvoir et d’accélérer la transition vers l’économie circulaire au sein des entreprises.
Sa réponse est sans équivoque "elle est une nécessité non pas pour la prospérité mais pour la survie du secteur qui se doit de changer radicalement de modus operandi. Il va s’ouvrir ainsi à de grandes opportunités économiques. Mais, pour y arriver, il faut une action conjointe de tous les acteurs, le business, les gouvernements, les innovateurs et les citoyens."
Aux yeux des organisateurs, les 3 piliers pour rendre durable l'industrie sont:
- Des business models qui maintiennent le plus longtemps possible les vêtements dans le circuit,
- L'emploi de matériaux réutilisables et sûrs,
- Des solutions qui transforment des vêtements de seconde main en nouveaux vêtements.
Des initiatives pour contrer le fléau des déchets textiles
Les déchets textiles sont dus principalement aux chutes de tissus lors de la production et à la fast fashion qui pousse le citoyen à la surconsommation. Les achats de vêtements ont augmenté de 60% ces 10 dernières années. Malgré ces chiffres, les marques brulent parfois leur stock d’invendus à la fin d’une saison. Mais elles adoptent de plus en plus des démarches durables mis en scène dans ce clip.
Redress, une ONG basée à Hong Kong, co-organisatrice de l'évènement, travaille activement à la réduction des déchets textiles dans l’industrie de la mode.
Face aux 340 tonnes de déchets textiles par jour à Hong Kong, Redress promeut des modèles innovants. Ses membres ont collecté plus de 5 tonnes de vêtements au printemps dernier. Après un tri minutieux, ils ont organisé un Pop Up Store en collaboration avec On The List. Une grande partie des vêtements a été distribué à des œuvres de charité et le reste stocké pour une future usine de recyclage textile à Hong Kong.
La nouvelle usine basée à Tai Po sera non seulement la première usine de recyclage de la ville mais aussi pionnière dans la réutilisation "upcycling" des déchets textiles (la réutilisation en améliorant plutôt que le recyclage).
Preuve que la question fait son chemin, le sommet a rassemblé plus de 1.000 participants, des intervenants de qualité autour de nombreuses thématiques, faisant de cette deuxième édition asiatique un succès.