Le secteur de l’innovation et des technologies a été l’un des sujets forts du discours de politique générale de Carrie Lam. Avec huit mesures phares, la cheffe du gouvernement veut accélérer son développement et offrir un écosystème accueillant pour les entreprises innovantes.
Pour son premier discours de politique générale, mercredi 11 octobre, la cheffe du gouvernement Carrie Lam a énuméré plus de 250 initiatives. La compétitivité de Hong Kong figure dans les priorités du gouvernement avec de nombreuses initiatives pour accueillir les entreprises et promouvoir l’innovation et les technologies.
Dans ce domaine, Carrie Lam annonce de nouvelles lois, un budget conséquent, une fiscalité plus favorable et le développement d’infrastructures pour faire de Hong Kong un centre d’expertise.
Les initiatives pour booster l’innovation
1. Augmenter les dépenses de recherche et développement (R&D). L’objectif est de les doubler en 5 ans pour qu’elles passent de 0,73% du PIB, son niveau actuel, à 1,5% en 2022, soit une augmentation de 45 milliards d’HKD par an. Une enveloppe supplémentaire sera accordée à la recherche universitaire (3 milliards d’HKD) et des réductions d’impôt pour les dépenses de R&D (300% ou 200% selon le niveau des dépenses).
2. Développer et attirer les jeunes talents avec le lancement du programme "Technology Talent Scheme" (500 millions d’HK$) et cette enveloppe de 3 Milliards de HKD qui vise à favoriser les initiatives des post-doctorants, le financement des projets, et leur recrutement en entreprise.
3. Renforcer les financements des start-ups avec la création d’un nouveau fonds d’investissement public dédié, le « Innovation and Technology Venture Fund » (2 milliards d’HKD) et un appel aux fonds privés pour prendre plus de participations dans les start-ups locales.
4. Multiplier les infrastructures dans la recherche. A côté de Science Park, Cyberport, Hong Kong Productivity Council, le gouvernement a listé les projets en cours : développement d’un Data Technology Hub, d’un centre d’expertise industrielle à Tseung Kwan O, Innocell, extension du Science Park et de Cyberport (2,000m2 d’espaces de co-working), et mise en place du "Hong Kong-Shenzhen Innovation and Technology Park" à Lok Ma Chau Loop.
5. Allégement des lois et des réglementations vues comme un frein à l’innovation et la recherche des entreprises.
6. Accès élargi aux données gouvernementales pour développer les activités autour de la SmartCity (santé, transport, énergies…) et faciliter les travaux d’analyse de données (Big Data Analysis)
7. Intégrer un volet recherche et innovation dans les commandes du gouvernement en l’ajoutant comme nouveau critère dans les appels d’offres.
8. Promouvoir et valoriser les matières scientifiques. Carrie Lam vise aussi l’école (les matières classées sous l’abréviation STEM: sciences, technologie, ingénierie et mathématique) et que la communauté en voulant multiplier les salons, rencontres entre élèves et entreprises, et les programmes scientifiques dans les musées.
La cheffe du gouvernement a également mentionné toute une série d’initiatives autour de la SmartCity, des objets connectés (Internet of Things - IoT) et la mise en place très rapide d’une identité digitale unique sous le nom de « e-ID » (ndlr : rassembler les données individuelles dans un format unique, authentifié et conservé par un tiers de confiance…)
« Une période d’opportunités et de challenges »
L’ambition du gouvernement est de se tourner vers « l’Economie du futur ». Il annonce vouloir faire de Hong Kong une porte d’entrée en matière d’innovation et de technologies pour connecter la Chine et le reste du monde. Sa volonté est aussi de défendre la position de Hong Kong au sein de la future Bay Area (Guangdong-Hong Kong-Macau Bay Area) vue par certains comme le grand centre de demain pour les innovations et les technologies.
Mais, Hong Kong a un certain retard dans ce domaine. Ses secteurs traditionnels sont la finance, le tourisme et le commerce international. Or, ces activités sont moins consommatrices en recherche et développement que des industries plus classiques.
Ce qui explique le faible score de 0,73% de dépenses de R&D ramenées au PIB. Ces dépenses sont largement inférieures à celles de la Chine, 2,06% (qui les a triplées en 10 ans), de l’Union Européenne (2,05%), de la France (2,25%), des États-Unis (2,79 %), sans parler du Japon (3,58 %) et de la Corée du Sud, championne du monde en matière de R&D avec 4,29% *
Carrie Lam a ainsi reconnu que les avancées de la Chine étaient très rapides. La ville de Shenzhen dans la future Bay Area rafle d’ailleurs tous les titres et est qualifiée de Silicon Valey de la Chine. Ce qui lui fait dire pudiquement que « Hong Kong entre dans une période où des opportunités et des challenges coexistent ».
En réponse à un journaliste qui l’interrogeait sur le retard de Hong Kong par rapport à d’autres villes comme Shenzhen et ce risque d’engager de lourds investissements qui pourraient s’avérer inopérants, Carrie Lam a précisé que la priorité du gouvernement était avant tout de mettre en place un cadre favorable. « Je n'ai pas de boule de cristal devant moi » mais avec ce nouvel écosystème, les entreprises pourront juger d’elles-mêmes et tenir compte "des avantages stratégiques de Hong Kong avec sa liberté, le principe « un pays, deux systèmes », son emplacement géographique, l’environnement des affaires, le système judiciaire, la protection de la propriété intellectuelle et les services financiers..."
* chiffres de la Banque mondiale pour l’année 2015