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ECONOMIE – Hong Kong est-elle trop dépendante de la Chine ?

Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 janvier 1970, mis à jour le 11 septembre 2017

 


Hong Kong a su occuper une place de choix dans l'ouverture de la Chine et de son marché. Sa richesse s'est faite de la rencontre des marchés internationaux et du continent. Une jonction idéale. Aujourd'hui certains indicateurs sont au rouge, mais de grands projets régionaux laissent entrevoir de nombreuses perspectives (première partie).


20 ans déjà que Hong Kong est rentré dans le giron de la Chine sous le statut de « Région administrative spéciale » (SAR). Les Britanniques, lors de la rétrocession de leur colonie, ont négocié un point capital : Hong Kong conservera une grande indépendance et notamment son propre système de lois pendant les 50 ans suivant la signature du traité. Une indépendance commercialement bénéfique puisqu'elle lui a également permis de préserver son système capitaliste considéré comme un des plus libéraux (et efficaces) du monde.

Mais le succès économique de ce petit bout de terre aux 7 millions d'habitants peut-il durer ? Un succès bâti sur sa relation privilégiée avec la Chine ; Hong Kong n'est-elle pas devenue trop dépendante de sa patrie mère ?

Des taux de croissance aux courbes similaires

Laissons parler les chiffres. 6.5% correspond à la croissance du PIB chinois anticipée par Pékin pour l'année 2017. Soit une prévision inférieure au 6.7% de 2016 qui constituait déjà sa plus faible augmentation depuis 26 ans. Si la France se damnerait pour une croissance pareille, pour la Chine, c'est le signe d'une nouvelle période économique moins opulente. Pendant plusieurs décennies, le pays s'était développé à une vitesse exponentielle avec une croissance moyenne de presque 10%. L'immense machine chinoise se grippe et quand la croissance de la deuxième plus grande puissance économique mondiale ralentie, elle n'est pas la seule à en souffrir.

Le relâchement de la croissance hongkongaise adopte un rythme relativement similaire à celui de « l'Empire du Milieu ». Avec une croissance de 1.9% en 2016 et une prévision à 2.4% pour cette année, les chiffres marquent un net ralentissement par rapport aux années 1980 à 2015, plus fastueuses, où le taux moyen de croissance surfait sur les 5%.

Alors coïncidence ou corrélation ? 

La Chine : une cliente en or 

Entre Hong Kong et la Chine, rares sont les coïncidences et nombreuses sont les causes à effets.

Hong Kong est un pont essentiel entre la Chine et le reste du monde. Parce que son célèbre « Un pays, deux systèmes » fait de l'île un partenaire de confiance et pour les Occidentaux et pour Pékin. Car, tout en étant géographiquement (et, à certains égards, politiquement) intégrée à la Chine, l'île est économiquement parfaitement intégrée à la mondialisation.

Un atout que Hong Kong a su exploiter pleinement, utilisant son ouverture au monde et sa relation spéciale avec la Chine pour devenir un hub régional, un intermédiaire financier et commercial fiable et de qualité. Hong Kong est LA porte d'entrée commerciale privilégiée sur la Chine. Plus de 50% des exportations hongkongaises prennent la direction de la Terre du Milieu. 50%...Une proportion importante? Trop importante ?

Pour conférer à son business une certaine stabilité, mieux vaut faire reposer son chiffre d'affaires sur un portefeuille suffisamment large de clients. Ainsi, quand l'un fait défaut, les autres empêchent la faillite. Hong Kong ne respecte pas cette règle. Un risque sachant que le 21ème siècle a coïncidé avec l'ouverture de l'économie chinoise au reste du monde. Les investisseurs étrangers font, de plus en plus, directement affaires avec la Chine au détriment de Hong Kong.

Le port de commerce de Hong Kong illustre bien cette nouvelle donne. Jusqu'en 2004, il était le port le plus actif au monde en termes de trafic de conteneurs. Depuis lors, il a lentement décliné dans le classement Jusqu'à glisser en 2015 en 5ème position avec un volume de 20.1 millions de containers maniés par an. L'île a été surclassée par 4 autres ports dont 3 chinois : Shanghai (36.5 millions de conteneurs), Shenzhen (24.2 millions) et Ningbo (20.6 millions)*. Des rivaux de taille qui ont l'appui financier de leur gouvernement.

À l'image de cette chute dans le classement, un autre indicateur encore plus flagrant met au jour la perte d'importance de Hong Kong dans l'économie chinoise. Cet indicateur est le poids de l'île dans le PIB chinois. En 1997, Hong Kong, à elle toute seule, représentait 16% du PIB chinois. Depuis sa rétrocession, son poids a progressivement diminué pour s'établir aujourd'hui à 3%.

Hong Kong : pour l'amour de la consommation

 

Causeway Bay: le temple du shopping. Les Chinois le savent qui accouraient et accourent toujours pour dépenser leur argent en vêtements de marque, bijoux, montres? Les taxes d'importations sur ces biens étant plus basses à Hong Kong qu'en Chine, les touristes chinois fortunés venaient nombreux et s'offraient des festins de consommation !

Aujourd'hui, les touristes de consommation chinois se détournent de plus en plus de Hong Kong d'un, parce que la Chine a connu une légère récession récemment et de deux, parce qu'ils ont réalisé que Hong Kong n'était pas la seule à offrir des prix attractifs. Encore un coup à encaisser pour Hong Kong dont la vente en magasin dépend pour beaucoup des touristes chinois qui représentent 70% du nombre total de touristes entrants sur une année. Et si l'on rajoute que le tourisme et les secteurs associés comme le transport comptent pour 35% du PIB hongkongais et emploient 1.4 million de personnes, alors il n'est pas étonnant que cette baisse de fréquentation et de dépenses ait eu des conséquences négatives sur l'économie de l'île. Principaux effets : des fermetures de magasins et une baisse des loyers dans les zones commerciales.

Olivia Bugault (lepetitjournal.com/hong-kong) - lundi 11 septembre 2017

*Chiffres de 2015

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