Doug Woodring est l’un des 50 watermen les plus célébrés au monde. Depuis 10 ans, ce natif de Californie aujourd’hui résident de Hong Kong s’engage au service de la planète en montant des programmes de prévention pour les communautés urbaines et de villages dans le monde entier, travail pour lequel il a reçu en 2018 le prix Albert de Monaco pour la Philanthropie Innovante. Lepetitjournal.com a eu la chance de rencontrer ce militant pour la sauvegarde des océans.
"Il est urgent d'agir contre le plastique"
Comment est venue la prise de conscience écologique?
J’ai grandi en Californie et ensuite travaillé en Asie pendant plus de 20 ans, au Japon et à Hong Kong. Adepte des sports d’eau au plus haut niveau comme la natation, la pirogue à balancier, la plongée et le surf, j’organise certaines des plus grandes courses de natation en eau libre à Hong Kong et j’ai été élu parmi les 50 meilleurs « Watermen » de tous les temps. À ce titre, mes voyages et compétitions sportives m’ont permis de voir à quel point la question de la pollution plastique était devenue un enjeu majeur. Je me suis en particulier rendu au milieu de l’Océan Pacifique, à la recherche du fameux 6e continent de plastique flottant et le constat était effectivement effrayant, les déchets flottant tels de véritables colonnes solides, sur des dizaines de mètres de hauteur, la plupart des résidus définitivement posés sur le fond des océans. J’ai donc créé en 2010 Ocean Recovery Alliance pour tenter d’agir sur le cours des événements.
"Nous agissons en formant les populations pour lutter contre la pollution plastique"
Que fait exactement Ocean Recovery Alliance?
Nous montons et proposons des programmes prêts à l’emploi pour les communautés humaines dans le monde entier. Grâce au soutien des Nations Unies, nous avons accès aux tribunes de décideurs et grandes entreprises dans le monde entier, ce qui permet de sensibiliser les dirigeants de ce monde ainsi que les responsables de communautés, villes et villages au problème de la pollution et surtout aux solutions qui permettent d’éviter de polluer. En mettant à disposition des entreprises et des collectivités des packages et méthodes prêts à l’emploi, nous donnons la possibilité aux différents acteurs de prendre en main leurs destinées et d’agir concrètement là où ils se trouvent, pour améliorer la situation des océans et de la planète. Nous sommes dans ce cas à la disposition des acteurs pour former, accompagner et conseiller sur la meilleure manière de procéder et de pérenniser les actions entreprises.
"Le coût des rejets de plastique est de 75 milliards de dollars par an"
Pourriez-vous nous donner quelques exemples ?
Le programme PDP (Plastic Disclosure Project) est particulièrement développé, rapport annuel mettant en évidence le cycle et l’utilisation du plastique dans le monde, un peu sur le modèle des rapports sur les émissions de carbone. Ce programme fait directement écho à l’assemblée des Nations Unies de juin 2014 où a été présenté le premier rapport sur ce thème. Depuis, les actions de mise en évidence de l’impact des rejets de plastiques sur l’environnement ont conduit à la mise en place de filets sur certaines rivières au Cambodge permettant de récupérer les plastiques avant qu’ils n’aillent aux océans ou encore des opérations de collectes massives de plastique sur le lac Tonlé dont on sait qu’il évolue en fonction des pluies. Suite à ce rapport, on a pu identifier à 75 milliards de dollars le coût annuel des rejets de plastiques dans le monde pour le seul secteur des biens de consommation.
Une application mobile pour signaler le plastique
Quelles actions permettent à chacun de contribuer ?
Récemment, nous avons lancé une application disponible intitulée « Global Alert » au grand public permettant de signaler par des photos et la géolocalisation des zones particulièrement impactées par les rejets de plastiques. À l’appui de cette carte interactive, il est plus facile de sensibiliser les pouvoirs publics qui pourraient être dans le déni. Par ailleurs, chacun a la possibilité d’agir là où il se trouve en évitant de rejeter des plastiques dans les rivières où les océans. Enfin, nous faisons la promotion de la collecte des déchets en vendant sur notre site des sacs en toile récupérée sur des voiles de kite surf pour ramasser les déchets lors des randonnées ou même vos activités marines et des puzzles représentant des déchets plastiques, une autre manière de sensibiliser les jeunes générations à ce problème. Les petits gestes et les comportements individuels ont, au final, un impact considérable, ne serait-ce que par l’exemplarité.
La consigne pour les bouteilles usagées à Hong Kong
À Hong Kong, quelles sont vos actions spécifiques ?
Nous avons en ce moment engagé avec succès une action sur le thème de l’économie circulaire pour la récupération des bouteilles usagées. Le gouvernement de Hong Kong va bientôt mettre en œuvre un programme de collecte des bouteilles contre un montant de 5 centimes pour chaque bouteille rendue. Nous trouvons à ce titre que la somme n’est pas suffisamment incitative et militons pour que ce montant soit multiplié par quatre, même si c’est déjà une initiative qui va dans le bon sens. Par ailleurs, un de nos programmes démarré au Cambodge semble avoir trouvé à Hong Kong une écoute favorable puisque la mise en place de messages sur les grilles d’égout incitant à ne pas jeter de détritus à cet endroit a inspiré plusieurs artistes de Kowloon. Suite à ces premières plaques décorées, le gouvernement a décidé d’en diffuser dans toute la ville.
Pour contacter l’association et en apprendre plus sur les programmes d’Ocean Recovery Alliance, cliquer ICI
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