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"Race for Water", le bateau écolo à Hong Kong

Race for Water bateau énergie solaireRace for Water bateau énergie solaire
Race for Water, le plus grand catamaran du monde à énergie solaire, est amarré au Pier 9 jusqu’au 10 novembre @Julien Girardot
Écrit par Lepetitjournal Hong Kong
Publié le 1 novembre 2019, mis à jour le 4 novembre 2019

Vous aviez peut être suivi l’odyssée de PlanetSolar, le premier catamaran à énergie solaire à boucler le tour du monde en 2015. Le voici de retour sous l’appellation "Race for Water" avec une nouvelle mission: éradiquer les plastiques de la planète. Lepetitjournal.com a rencontré Jean-Marc Normant, son capitaine, pour parler du projet. Embarquez sur le plus grand bateau à énergie solaire du monde

Propos recueillis par Didier Pujol

Comment est né le projet “Race for Water”?

Créé en 2010 par Marco Simeoni, un entrepreneur suisse passionné de bateau et concerné par la planète, la "Race For Water Foundation" a voulu démontrer la viabilité de l’énergie solaire. En 2015, "PlanetSolar", le premier bateau à énergie solaire de la fondation a effectué un tour du monde en passant par les zones les plus polluées du monde à la recherche du fameux 6ème continent de plastique. Or, l'expédition de Marco Simeoni s'est vite aperçue que celui-ci n’existait pas. "Il y a une soupe de particules dont seulement 10% flotte à la surface. Les bateaux qui nettoient les océans ont une efficacité très réduite. La solution est de lutter sur terre", déclare celui-ci.

 

Race for Water bateau énergie solaire
Marco Simeoni: "La solution au problème du plastique dans les océans se trouve sur terre" Photo@Julien Girardot

 

L’objectif de "Race for Water" est donc d'éduquer le public à rejeter moins de déchets car les océans fournissent  plus de la moitié de l’oxygène que nous respirons via le plancton. Nous sommes partis le 9 avril 2017 de Lorient et y seront revenus en octobre 2021. Entre temps, des arrêts de longue durée sont prévus un peu partout sur le globe, comme à Hong Kong, pour sensibiliser le public.
 

Comment est conçu le bateau? 

"Race for Water" est un catamaran de 114 pieds dont l’énergie est amenée par 512 m2 de panneaux solaires. Aujourd'hui "Race for Water" est le plus grand catamaran propulsé à l'énergie solaire du monde. L'énergie est stockée sous forme d’hydrogène sous pression dans 25 bouteilles. En effet, conscient de l’impact écologique négatif des 7,5 tonnes de lithium des panneaux solaires, nous avons mis en place ce système qui évite de multiplier le lithium pour accroitre le stockage. L’autonomie est de 1,5 jour grâce aux panneaux mais nous pouvons naviguer 5 jours sans soleil du fait des cellules de stockage. L’autre source est le vent grâce à un kite de 40 m2 suspendu à 150 mètres de hauteur, ce qui évite de masquer les panneaux solaires par une voile. Le kite permet de réduire notre consommation d'électricité.

 

 
 

Pouvez-vous nous parler de la vie à bord?

Nous sommes un équipage entièrement français. Pour l'étape de Hong Kong, il y a Anne, technicienne, Margaux, l'intendante, Basile, notre ingénieur, Erwann, mon second, et moi-même. Chaque membre d'équipage reste en moyenne 1 mois et demi à bord avant d’être relevé. Nous avons donc tous un double, ce qui nous permet de revenir en France voir nos proches de façon régulière. Du fait de la vitesse peu élevée (3 noeuds en moyenne soit 6 km/h environ), les temps de déplacement sont importants et la cohésion est essentielle. Outre que tous sont très motivés par le volet écologique de l'odyssée, chacun prend soin des autres à bord. Le nombre de tâches étant particulièrement élevé pour faire fonctionner et maintenir ce prototype unique, il n’y a en définitive pas vraiment le temps de s’ennuyer.

 

Race for Water bateau énergie solaire
Le kite permet de diminuer la consommation d'électricité, ici au large de Tahiti Photo@Julien Girardot

 

Depuis sa fabrication, le bateau a parcouru l’équivalent de quatre tours du monde (88.000 nautiques), du fait des détours, même si nous allons seulement boucler le second tour complet du globe. Or, cette performance passe par une vigilance de tous les instants. Nous nous relayons au poste de pilotage toutes les deux heures pour surveiller la route, les obstacles et anticiper la météo car la puissance des moteurs ne permet pas d’affronter des tempêtes qu'il convient d'éviter à tout prix. Le reste du temps est consacré au bon fonctionnement des panneaux solaires, moteurs, batteries, provisions d’eau, etc... Venant du monde de la course au large, j’avais amené trois gros livres lors de mon premier voyage, persuadé d'avoir beaucoup de temps pour lire. Force est de constater que je ne les ai jamais ouverts!

 

Comment sont intégrées les expériences scientifiques?

Depuis le départ il y a trois ans, 6 missions scientifiques ont été hébergées par "Race for Water", le bateau fonctionnant un peu comme la navette spatiale dans ce domaine. En effet, du fait qu’il y a zéro émission, le milieu d’étude n’est pas perturbé par notre présence, favorisant une observation scientifique de qualité. Ainsi en Guadeloupe, l’équipe de chercheurs embarquée a-t-elle pu étudier sur 12 jours la sédimentation des déchets plastiques. De même, aux Fidji, la navigation côtière à permis de faire des prélèvements calibrés de déchets plastiques flottants grâce un filet manta. 

 

 

Par ailleurs, nous faisons la promotion d’une découverte française pour la production d’énergie à partir du plastique, le Biogreeen®. Dans les endroits où la production d’énergie coûte cher comme sur les îles isolées, la collecte du plastique pourrait en effet être rémunérée et permettre de faire fonctionner des équipements grâce à cette technologie révolutionnaire. Nous nous comportons donc comme une plateforme, en accueillant les projets à chaque escale (lors de ma rencontre avec Jean-Marc, le plongeur hongkongais Harry Chan était justement invité à discuter des synergies possibles avec son programme Ghostnets de lutte contre les filets dérivants). "Race for Water" est encore à Hong Kong jusqu’au 10 janvier et accueille des visites du grand public jusqu'au 9 Novembre. Il vous suffit de vous inscrire ICI

 

Race for Water bateau énergie solaire
Jean-Marc Normant avec Harry Chan, fondateur du programme Ghostnets et Camille Rollin, responsable du programme "Plastic Waste to Energy", Romain Zanna-Bellegarde, du groupe Carrefour, Marco Simeoni, Président de la "Race for Water Foundation"

 

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