Tradition confucéenne oblige, le Vietnam accorde une importance primordiale à l’éducation. Le gouvernement actuel en fait d’ailleurs une priorité, en y consacrant plus de 16% du budget de la nation : il y va la pérennité de la croissance et du développement.
Sans doute est-il intéressant, en cette veille de rentrée scolaire, de faire un focus sur le système éducatif « à la vietnamienne ».
Si le Vietnam peut se targuer d’avoir aujourd’hui un taux d’alphabétisation de 96%, c’est à son système éducatif qu’il le doit. L’école, véritable institution, est en effet présente partout dans le pays (jacobinisme à la vietnamienne), y compris dans les zones les plus reculées, là où vivent nombre de minorités ethniques, pour lesquelles parler vietnamien ne va pas forcément de soi…
Une tradition ancrée dans l’Histoire du Vietnam
Pour comprendre ce qu’est le système éducatif au Vietnam, il faut bien avoir à l’esprit que le pays a été sous domination chinoise durant une période qui correspond à peu près à notre Moyen-âge. Qui dit domination chinoise dit influence confucéenne… Le fait est que les préceptes confucéens ont modelé et continuent de modeler la société vietnamienne.
Or il se trouve que la morale confucéenne fait de l’élévation par le savoir l’une des choses les plus nobles qui soient. C’est sans aucun doute ce qui a conduit l’un des empereurs de la dynastie des Ly, Ly Thang Tong, à fonder dès 1070 à Thang Long, qui ne s’appelait pas encore Hanoï, la première université du Vietnam, connue sous le nom de « Temple de la Littérature ». Il s’agissait alors de former une élite de lettrés et de hauts fonctionnaires d’Etat, les mandarins.
Cette tradition va perdurer pendant un peu plus de huit siècles, entre 1076 et 1915 pour être précis, et servir d’ascenseur social à certaines personnes de condition modeste. Témoins de cet âge d’or, les 82 stèles du temple de la Littérature, que l’UNESCO a inscrites au patrimoine mondial, et que beaucoup d’étudiants viennent toucher, aujourd’hui encore, dans l’espoir de s’approprier ainsi une petite miette du talent de leurs illustres aînés.
« Il faut 10 ans pour faire pousser un arbre, mais 100 ans pour éduquer un homme »… Cette maxime, on la retrouve aujourd’hui gravée sur le fronton de bien des écoles. Elle est signée Ho Chi Minh.
Le système éducatif vietnamien
Le système éducatif vietnamien actuel est organisé en différents cycles : le préscolaire, qui englobe les crèches et garderies familiales pour les enfants âgés de 3 à 36 mois ; le primaire qui est en principe obligatoire et gratuit et qui s’échelonne sur 5 années, de la 1ère (lop 1, CP en France) à la 5e (lop 5, CM2 en France) ; le secondaire, avec quatre années de collège, de la 6e (lop 6, 6e en France) à la 9e (lop 9, 3e en France), et trois de lycée, de la 10e (lop 10, seconde en France) à la 12e (lop 12, terminale en France) ; et enfin le supérieur. A noter que la fin du secondaire s’accompagne du baccalauréat et surtout du concours d’entrée à l’université : moment ô combien crucial dans la vie d’un jeune Vietnamien !
Horaires lors des études
Les élèves du primaire travaillent du lundi au vendredi, matin (8h00-11h00) et après-midi (14h00-17h00). Ceux du secondaire ont également des cours le samedi. La pause méridienne leur permet bien sûr de se restaurer, mais également de faire la sieste, allongés sur les tables : plutôt spartiate ! A noter aussi que tous les lundi matin, a lieu une cérémonie de lever du drapeau national.
Pour ce qui est de l’année scolaire, elle débute donc en septembre, après la fête nationale, et s’achève fin-mai, avec une seule période de vacances d’une dizaine de jours, au moment du Têt, c’est à dire fin janvier début février.
L’école publique est en principe gratuite, les parents d’élèves ne devant payer que les livres et les fournitures. Il est néanmoins extrêmement fréquent qu’ils aient à dépenser davantage pour permettre à leurs enfants de suivre les cours supplémentaires qui sont dispensés par les enseignants en dehors du temps scolaire.
Port de l'uniforme dans les écoles vietnamiennes
L’uniforme est de rigueur au sein des établissements, du primaire jusqu’à la fin du secondaire. La discipline y est assez stricte. Il faut dire qu’il n’est pas rare que certaines classes comptent jusqu’à 50 élèves ! Quant aux rapports professeurs-élèves, ils sont plutôt « verticaux » et empreints d’une déférence héritée du confucianisme. Que tous les élèves se lèvent comme un seul homme lorsqu’un enseignant fait son entrée en classe ne fait évidement pas débat au Vietnam !
S’agissant des disciplines enseignées, rien que de très classique. Les mathématiques et le vietnamien dominent largement, suivis de près par les langues étrangères. Quant aux méthodes, elles sont souvent fondées sur le modèle à suivre. Mais les mentalités évoluent, et vite.
Tendances de l'éducation au Vietnam
Si l’on considère maintenant la succession des cycles, du primaire au supérieur, on constate un phénomène de désaffection progressive.
En zone rurale, notamment, nombreuses sont les familles qui ne voient pas l’utilité d’obliger leurs enfants à poursuivre leurs études au-delà du strict nécessaire, c’est-à-dire au-delà du primaire : ils leur sont plus utiles aux champs.
L’enseignement supérieur est quant à lui difficilement accessible (le taux de scolarisation y est actuellement de 25%) et dans les faits, réservé à une élite citadine. L’université représente à elle-seule environ 57% des établissements d’enseignement supérieur et offre des cursus de trois à quatre années.
Cela étant, on observe depuis maintenant un certain nombre d’années une recrudescence des départs à l’étranger, avec des programmes de bourses d’études qui permettent à bien des jeunes de se former sous d’autres cieux, et de participer ainsi à l’ouverture au monde que prône le Vietnam.
Autre signe des temps, l’explosion des écoles privées, qui sont très courues par les classes moyennes et aisées. Certaines familles sont disposées à se saigner aux quatre veines pour permettre à leurs enfants de fréquenter ces établissements où, dit-on, l’enseignement est de meilleure qualité. Même constat pour les écoles internationales, qui ont décidément la côte. Nos deux lycées français, tant à Hanoï qu’à Ho Chi Minh-ville, ne font d’ailleurs pas exception à la règle.
Tiraillé entre vieilles traditions confucéennes et volonté de modernisation et d’ouverture au monde, le système éducatif vietnamien est à un moment clé de son développement. Dans un pays qui compte autant de jeunes (un bon quart de la population, tout de même), l’enjeu est de taille.