C’est lui qui aura popularisé le concept de “pleine conscience” en Occident… Thich Nhat Hanh s’est éteint ce samedi 22 janvier, à Hué, à l’âge de 95 ans.
Né en 1926 à Thua Thien-Hue, Nguyen Xuan Bao de son vrai nom, aura connu une vie d’errance et de quête spirituelle.
Il a cinq ans lorsqu’il s’installe avec sa famille dans la province de Thanh Hoa. C’est là qu’il est scolarisé, manifestant très tôt un certain don pour les langues (français, chinois…) et un intérêt tout particulier pour les livres sur le bouddhisme que son frère rapporte à la maison.
C’est ainsi qu’à l’âge de 9 ans, il est frappé par la sérénité qui se dégage d’une image de Bouddha vue en couverture d’un magazine.
Le parcours initiatique de Thich Nhat Hanh
Trois ans plus tard, il décide de suivre son frère pour s’initier à la vie monastique, malgré les réticences de ses parents. Il retourne donc à Hué, à la pagode Tu Hieu, qui va devenir pour lui un véritable port d’attache.
Ce n’est qu’en 1949, alors qu’il s’apprête à quitter Hué pour Saïgon avec deux amis, qu’il décide de se choisir un nom plus approprié à sa vocation monastique. Ce sera donc Thich Nhat Hanh, un nom qu’il est bien difficile de traduire en français, mais sous lequel il accèdera à la notoriété.
En 1950, avec son maître Tri Huu, il décide de construire une nouvelle pagode, la pagode An Quang, qui deviendra par la suite un institut d’études bouddhiques. La même année, il publie un premier ouvrage intitulé Dong phuong luan ly hoc (Logique orientale, en français).
En 1952, avec son frère cette fois, il crée l’école Tue Quang, la première école privée bouddhique, gérée par des moines.
En 1954, il devient surintendant de l’école bouddhiste et étudie la littérature à l’université de Saïgon.
Bouddhisme engagé au Vietnam
Sa découverte de la psychologie occidentale l’amène à adopter une nouvelle approche de la méditation, et surtout à promouvoir le concept de “bouddhisme engagé”.
“Le bouddhisme engagé n’est que du bouddhisme. Lorsque des bombes commencent à tomber sur des gens, vous ne pouvez pas rester méditer comme si de rien n’était. La méditation est une prise de conscience de ce qui se passe non seulement en vous, mais aussi tout autour de vous”, expliquera-t-il à John Malkin en 2003.
A partir des années 1960, il prend son bâton de pèlerin et milite inlassablement pour la fin de la guerre au Vietnam et commence à voyager à travers le monde, notamment aux Etats-Unis où il donne des conférences dans de très nombreuses universités.
En 1965, il écrit à Martin Luther King, pour lui demander de prendre position contre la guerre du Vietnam. Les deux hommes se rencontrent deux ans plus tard, à Chicago, et militent activement pour la paix.
Lorsque Martin Luther King est finalement assassiné en 1968, Thich Nhat Hanh est sous le choc, mais décide de poursuivre son combat pour la paix.
Pleine conscience au village des pruniers
Il finira par s’établir durablement dans le sud-ouest de la France, dans un lieu dit “village des pruniers”, où il fonde une communauté qui, très vite, va devenir particulièrement influente. C’est là qu’il théorise le concept de “pleine conscience” qui va faire de lui le maître à penser de toute une génération.
“Lorsque vous tenez la main d’un enfant, investissez-vous à cent pour cent dans l’acte de lui tenir la main. Lorsque vous étreignez votre partenaire, faites de même. Oubliez tout le reste. Soyez totalement présent, totalement vivant dans l’acte d’étreindre”, écrira-t-il dans L’art du pouvoir.
On lui doit plus de 120 livres, mais également quelques initiatives remarquables et remarquées comme ces cours de méditation qu’il dispense à des Israéliens et à des Palestiniens pour leur apprendre à s’écouter mutuellement.
En 2005, malgré ses 81 ans, il est à la tête d’une marche pour la paix, à Los Angeles, qui rassemble plusieurs milliers de personnes.
Ce n’est qu’en 2005 qu’il retourne au Vietnam, après près de quatre décennies d’absence.
Il s’y rétablira définitivement en 2018, en réintégrant la pagode Tu Hieu de Hué, où il a donc fini ses jours “calme et apaisé”.