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L’UE soutient le mouvement LGBT au Vietnam

La délégation de l’Union Européenne posant avec des drapeaux, Hanoi - VietnamLa délégation de l’Union Européenne posant avec des drapeaux, Hanoi - Vietnam
La délégation de l’Union Européenne posant avec des drapeaux, Hanoi, 25/09/2022, Léo-Paul Guyot
Écrit par Léo-Paul Guyot
Publié le 13 décembre 2022, mis à jour le 5 janvier 2023

Dans le pays de l’oncle Ho, la sexualité des vietnamiens s’affirme de plus en plus grâce au soutien d’organismes occidentaux et des changements de mentalité des vietnamiens.

La capitale vietnamienne a accueilli fin septembre la gay pride. Cet événement a pour but de proposer une série d'activités financées et réalisées par 12 organisations nationales et étrangères, qui comprend des instituts de recherche, des entreprises travaillant sur les droits LGBT, ou bien des ambassades qui cherchent à défendre la cause des minorités sexuelles du pays encore acceptée timidement au sein du pays.

En effet, malgré un début de parade marquée par des avertissements de l’organisateur qui stipulent aux militants de ne pas sortir le drapeau vietnamien à côté du drapeau arc-en-ciel. Certains représentants de pays occidentaux comme l’ambassadeur de France, Nicolas Warnery, tient à rappeler les volontés d’ouverture de l’Etat vietnamien:

 

“Le fait que cet événement puisse avoir lieu paisiblement un dimanche après-midi au cœur de Hanoi, nous prouve que le gouvernement suit cela avec beaucoup d'attention."

La présence de ces personnalités politiques au sein de cet événement n'est pas un hasard, la France comme d’autres pays de l’Union Européenne soutiennent ouvertement les droits à l'égalité des sexes et à la liberté sexuelle.

Nicolas Warnery nous explique:

 

“C’est un des droits de l’homme les plus importants et la France est engagée partout dans le monde pour faire valoir ce droit. Et donc nous sommes heureux d'être ici par notre présence et notre soutien financier.”

Cette dotation généreusement distribuée par la France reste secrète, et l’ambassadeur assure que la délégation européenne a le plus contribué à cette aide.

En effet, l'Union Européenne intervient comme un bailleur de fonds important dans ce type de manifestation. Cette institution ainsi que ses États membres ont continué d'être le premier pourvoyeur mondial d'aide publique au développement avec une contribution de 66,8 milliards d’euros, et ont intensifié leurs efforts à l'égard des pays en développement.

L'UE soutient l'organisation de Prides au Vietnam

Selon Thomas Wiersing, premier conseiller et député en chef de la délégation Européenne au Vietnam:

 

“L'UE s’efforce de s’engager sur les questions LGBT dans toutes ses relations extérieures y compris avec le Vietnam. Dans notre dialogue avec le gouvernement, nous ne cessons de défendre les droits de cette communauté afin de sensibiliser le public à la diversité sexuelle, l'UE a soutenu l'organisation de Prides dans tout le pays au cours des dernières années par le biais de subventions à des organisations de la société civile.”

L'égalité et la non-discrimination sont des valeurs qui sont inscrites dans les traités et dans la Charte des droits fondamentaux de l’organisation. En outre, l'UE est le premier cadre politique à aborder spécifiquement la discrimination contre les personnes LGBT à travers les actions de la Commission. Cette stratégie a pour but “de contribuer à faire entendre la voix de ces communautés et de rassembler les États membres et les acteurs à tous les niveaux dans un effort commun pour traiter la haine envers ces minorités de manière efficace.”

 

Une jeune fille écoutant le discours de l’Ambassadeur britannique au Vietnam
Une jeune fille écoutant le discours de l’Ambassadeur britannique, Hanoi, 25/09/2022, Léo-Paul Guyot

 

Des pratiques visant a «guérir l'homosexualité»

Les questions concernant la façon de vivre ouvertement son genre et sa sexualité sont récentes, car elle n'a été abordée qu'en 2008 au Vietnam. Cela a commencé, lorsqu'une organisation civile du pays, l’iSEE (l'Institut d'études sur la société, l'économie et l'environnement), a invité des administrateurs de forums LGBT à se réunir et à discuter sur l'idée de s’interroger sur une cohésion de ces communautés, dans le but de faire évoluer la mentalité de la population. Une réunion qui a pu faire germer les mouvements gays dans le pays.

Actuellement, le Vietnam n’a aucune loi qui criminalise les actes sexuels consentis de même sexe ou bien n’emploie pas de réglementation sur la liberté d’expression des genres. Mais il n’y a aucune définition légale de "crime de haine". En effet, les crimes et la violence motivés par la haine à l'égard des personnes LGBT sont traités comme des crimes dans d'autres catégories en fonction d'actes précis. Ces actes malveillants qui cherchent à blesser les minorités sexuelles peuvent prendre des formes de harcèlement moral, en utilisant l’exercice illégal de la médecine, comme les pratiques visant à «guérir l'homosexualité».

Selon l’iSEE, plus de 30 % de la population vietnamienne croit que le fait d'être homosexuel, lesbienne, bisexuel, transgenre ou queer est une maladie. C’est ce qu’a pu découvrir le groupe SCDI (Center for Supporting Community Development Initiatives). Cette organisation non gouvernementale à but non lucratif, avait reçu divers messages de membres de la communauté LGBT qui avaient été conduits à l'hôpital par des membres de leur famille afin de corriger leur "maladie homosexuelle". Certains parents s'inquiétaient également de savoir s'ils devaient prendre les mêmes soins que leurs enfants. Profitant de cette angoisse, de nombreux professionnels de la santé ont commencé à faire de la publicité pour des «recours contre l'homosexualité», provoquant la confusion chez les parents et la détresse des jeunes homosexuels vietnamiens.

Cette affaire a fait vivement réagir le ministère de la santé du Vietnam qui a délivré le mois d’aout, un communiqué de presse qui explique que l'homosexualité, la bisexualité et la transsexualité ne sont pas des maladies. De plus, en 2016, le Vietnam, alors qu'il était membre du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, a voté en faveur d'une résolution qui porte sur le besoin de se protéger contre la violence et la discrimination basées sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Des décisions qui mettent la politique de santé du Vietnam en conformité avec les normes mondiales en matière de santé et de droits de l'homme, et qui sont saluées par la délégation de l’Union Européenne dans le pays.

Sources :
- interview Nicolas Warnery Ambassadeur de France au Vietnam
- Interview Thomas Wiersing, premier conseiller et député en chef de la délégation Européenne au Vietnam

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