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« C’est un peu comme une deuxième famille… » - interview de Luc Chatel

C'est le mercredi 27 mars que l'équipe du Petit Journal Hanoï a eu l'honneur de rencontrer Luc Chatel, ancien ministre français de l’Éducation nationale entre 2009 et 2012, lors de l'inauguration de La Petite École Hanoï. M. Luc Chatel a accepté de répondre à nos questions.

« C’est un peu comme une deuxième famille… » - interview de Luc Chatel« C’est un peu comme une deuxième famille… » - interview de Luc Chatel
Leïla Bello, M. Luc Chatel, Didier du Petit Journal d'Hanoï

Le Petit Journal : Monsieur le Ministre, bonjour, et tout d’abord, merci de nous accorder cette interview. Vous êtes donc à la tête d’Odyssey Education, qui est un groupe privé, dévolu à l’enseignement à l’étranger, et qui a choisi d’accompagner La Petite École… Après Ho Chi Minh-ville en 2017, c’est au tour d’Hanoï… Alors pourquoi cet intérêt manifeste pour le Vietnam ?


(Interview audio)

Luc Chatel : Odyssey est né de l’idée de développer l’enseignement français à l’étranger sur un concept hybride : le meilleur de l’enseignement français mais aussi le meilleur de l’enseignement anglo-saxon, c’est-à-dire une éducation internationale, avec notamment un renforcement de l’enseignement des langues dès la plus petite classe, un enseignement « half-half » en anglais dès la maternelle et une ouverture sur le monde avec une troisième langue. Vous voyez, par exemple, j’étais hier à Singapour où on a un programme en mandarin qui fonctionne très bien.

Alors le Vietnam… Lorsque nous avons repris La Petite Ecole, il y avait cette école d’Ho Chi Minh-ville qui avait été ouverte en 2017. Et alors on s’aperçoit que ce modèle séduit, au Vietnam. Il y a toute une part de la population vietnamienne qui est intéressée, à la fois par l’enseignement de la langue française, mais aussi par les valeurs de l’enseignement français à l’étranger.

Donc on a un vrai succès à Ho Chi Minh-ville, avec plus de 350 élèves, sur un très beau campus, et du coup, la rencontre qu’on a eue avec Leïla et Thu*, qui avaient monté un projet de crèche, au départ, puis de crèche-école, on s’est dit que ça avait du sens de monter un projet au sein du groupe Odyssey, et c’est comme ça qu’on a ouvert La Petite Ecole Hanoï.  
*La directrice et la directrice associée de l’école

LPJ : A quel « public » s’adresse La petite Ecole ? Est-ce que ce sont plutôt des expatriés ou plutôt des locaux ?

Luc Chatel : Dans le groupe Odyssey, qui compte en tout 4.500 élèves, nous avons majoritairement des familles locales ou internationales. Les Français ne sont pas majoritaires. Pourquoi ? Parce que les Français, les expatriés français sont déjà dans les lycées français de l’AEFE. Donc nous avons une population très internationale dans nos écoles. A la Petite Ecole Hanoï, nous avons plutôt des Français, en majorité, mais nous avons aussi des Vietnamiens et plusieurs autres nationalités, donc c’est un « mix » international très intéressant.


LPJ : Selon vous, quel serait le profil d’un enfant qui aurait fait ce parcours Petite Ecole ? Et au fond, quels en sont les « avantages différentiels »?  

Luc Chatel : Je crois que ce qui plait aux familles, d’abord, c’est que nous soyons pleinement dans le système français, c’est-à-dire que nous sommes homologués par l’éducation nationale, ce qui permet un continuum du cursus français, c’est-à-dire que si vous quittez Hanoï pour Singapour et après pour Paris, vous pourrez être dans le système français, passer votre baccalauréat, être diplômé dans le système français.

interview de luc chatel : ancien ministre de l'education par lepetitjournal hanoi
interview de Luc Chatel : ancien ministre de l'Éducation par Lepetitjournal Hanoï

Le deuxième élément, c’est qu’à Odyssey, nous avons fait un « mix » entre l’enseignement français et l’ouverture internationale, donc l’apprentissage des langues renforcé, ce qu’on ne trouve pas dans toutes les écoles françaises. Et ensuite nous croyons beaucoup à des valeurs de l’enseignement anglo-saxon, qui sont les « soft skills »… Vous voyez, je parlais, tout à l’heure avec des parents, et ils sont très attachés à la notion de bienveillance. Il y a ce sentiment que les enfants vont être pris en charge, accompagnés. C’est un peu comme une deuxième famille, et ça, ça fait partie de nos valeurs.

LPJ : La première Petite Ecole a été créée en 2012 à Singapour. Ce n’est donc que quelques années après qu’Odyssey Education est venu s’y « greffer », si je puis dire… Comment cela fonctionne-t-il ? S’agit-il de soutien financier, de soutien pédagogique, de soutien financier et pédagogique… Et par rapport à l’AEFE, on est dans une certaine complémentarité, j’imagine…

Luc Chatel : Nous sommes un groupe français privé, homologué par l’AEFE, c’est-à-dire que nos écoles sont des écoles privées, que nous ne recevons pas de subventions de l’Etat ou de l’AEFE. Par contre, on a le tampon. Nos écoles sont homologuées, ce qui permet, comme je le disais, le continuum du cursus français.

Ensuite, nous avons soit ouvert des écoles, soit repris des écoles. Nous avons ouvert des écoles à des endroits où nous pensions qu’il y avait un potentiel de développement, soit parce qu’il n’y avait pas d’école française, soit parce qu’il y a avait encore un potentiel, même s’il y avait déjà des écoles françaises. Et puis, dans le réseau français, vous avez des tas d’écoles qui sont des écoles indépendantes, associatives parfois, des fondations et qui cherchent un opérateur, un groupe d’éducation à rejoindre. Et donc nous avons été sollicités et c’est pour ça que nous avons repris plusieurs écoles qui existaient déjà.

Et pour ce qu’Odyssey apporte, je dirais qu’il y a à la fois une pratique décentralisée, c’est-à-dire, par exemple, que Leïla et Thu, elles gèrent leur école au quotidien, mais nous, nous apportons un peu des « fonctions support ». A Paris, nous avons une plateforme, avec toute une partie pédagogique. On met à disposition de nos services des pratiques pédagogiques pour aider dans l’enseignement. Ensuite, on a tout un volet qui concerne les ressources humaines, qui est le nerf de la guerre. On va avoir plusieurs recrutements de directeurs, cette année, chez Odyssey. On fait bouger nos directeurs entre différentes écoles, mais on a besoin aussi d’aller recruter ailleurs et on a un service dédié à cela, très utile pour nos écoles. Ensuite, on a toute la partie marketing, communication, où on va aussi aider les écoles qui en ont besoin, et puis enfin, on a la partie finances-comptabilité-gestion. Nous sommes un groupe et il faut que chaque école soit intégrée dans un système, de comptabilité, de gestion, cohérent.

LPJ : L’Asie du Sud-Est est une région très dynamique, qui évolue très vite. Comment envisagez-vous l’avenir d’Odyssey dans la région ?

Luc Chatel : L’avenir d’Odyssey dans cette région, c’est d’abord le développement de nos quatre écoles. Depuis que nous avons repris La Petite Ecole, qui rassemblait trois écoles, à Singapour, à Ho Chi Minh-ville et à Bangkok, nous avons quasiment doublé le nombre d’élèves, donc on a un vrai développement sur la zone. Nous avons beaucoup investi, par contre !... Je reviens de Singapour où je viens d’inaugurer notre nouveau campus. Ce sont des efforts d’investissement énormes et ensuite, vu le potentiel, nous avons pensé que c’était utile d’ouvrir une nouvelle école, et c’est là que nous avons, avec Thu et Leïla, investi dans cette nouvelle école.

Donc je dirais que l’avenir immédiat, c’est le potentiel, la potentialisation de nos écoles existantes et nous pensons qu’elles ont de vraies perspectives de développement.

LPJ : Mais y-a-t-il des projets de nouvelles écoles à venir, au Vietnam ou ailleurs ?

Luc Chatel : Nous regardons. Nous avons été sollicités à plusieurs reprises, au Vietnam, en Thaïlande… Mais nous n’avons pas aujourd’hui de nouveaux projets fixés En Asie, à ce stade.

LPJ : Il me reste à vous remercier, Monsieur le Ministre, au nom de tous les lecteurs du Petit Journal, d’avoir bien voulu répondre à ces quelques questions.

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