A une heure de Hanoi, se dresse le mont Ba Vi et sa région. Et, au cœur d’une forêt dense et humide, des bâtisses envahies par la végétation… les ruines d’un héritage Français datant du début du XXème siècle.
D’une superficie de plus près de 11.000 hectares, Le parc national de Ba Vi est considéré comme le poumon vert de Hanoi, un lieu unique pour se ressourcer. Au cœur de la nature dense et des trois monts, les Français ont laissé quelques empreintes. Des villas coloniales, centre militaire, église ou prison, il n’en reste que des ruines envahies de végétation... Reportage au cœur des vestiges Français, leurs origines et leurs histoires.
Ba Vi, naissance d’une station climatique pendant la période coloniale française
Avec un climat tempéré et un air plus pur, Ba Vi est un lieu idéal pour échapper à la chaleur étouffante de l’été, ce qui n'échappe pas au Français au début du XXème siècle.
Selon les documents d’archives, c’est en 1886 qu’un gouverneur du nord, Paul Bert, découvre le massif de Ba Vi et y voit du potentiel. Il contacte alors un botaniste, nommé Benjamin Balansa qui y fait une expédition. En 1902, un autre Français se rend à Ba Vi, un certain Muselier qui ne peut que constater le potentiel apaisant de la région. Mais c’est en 1914 que de premiers travaux commencent. La montagne n’est alors accessible que par un sentier à 400m d’altitude.
En 1923, Mr Lachaud entreprend la construction d’une route pour prolonger et améliorer le sentier existant. L’idée est de construire une station climatique pour les Français, civils et militaires à une altitude de 800m. Quatre villas voient le jour dès 1937, à 400m d’altitude. A cette époque, Ba Vi est connu pour son centre militaire, à 600m d'altitude. Plus haut, une prison d’une superficie de 2.500m2 est créée, pouvant détenir jusqu’à 200 personnes. A 800m d’altitude, une église sort de terre. Dès 1942, les habitations sont dotées d’éclairage électrique et d’une ligne téléphonique. Un camp de jeunesse est créé en pleine forêt, d’une capacité de 100 enfants.
La bâtisse la plus imposante est celle d’un colonel français, tout en haut d’un flan, avec une vue vertigineuse sur la rivière Da et la ville de Son Tay, quand la brume s’estompe. Ba Vi est en plein essor.
Un siècle plus tard, la nature reprend ses droits à Ba Vi
Mais la guerre fait rage. En 1951, selon les documents d’archives - aujourd'hui exposé à l’hôtel Melia -, les Vietnamiens prennent le dessus sur les Français qui abandonnent Ba Vi. Plus d’un siècle s’écoule alors, permettant à la nature de reprendre ses droits.
En 1991, le Parc Nationale de Ba Vi est officiellement inauguré, et de nouveaux bâtiments y voient le jour comme le Temple de l’Oncle Ho, ou la tour de Bao Thien. Dès 2008, Lemot Ba Vi Resort (qui est aujourd’hui le Melia Ba Vi Resort mountain) décide de restaurer les ruines de Ba Vi.
Aujourd’hui, les racines semblent dévorer les murs des belles bâtisses d’antan. Une ambiance mystique et fantomatique envoûte littéralement les visiteurs. La brume ajoute un côté mélancolique au tableau...
Après avoir emprunté un chemin pentu, et long de 500m environ, une église (ou du moins ce qu’il en reste) se dresse entre la végétation dense. Des Vietnamiens s’y installent un peu plus loin, le temps d’un déjeuner sur le pouce. En face de l’entrée, le mur du fond est intact, dans lequel une croix est sculptée. Digne d’un tableau ou d’une scène de film d’horreur. A l’intérieur, certains motifs sont encore visibles sur les murs annexes. Dehors, le clocher est toujours là, avec quelques briques permettant d’y monter, non sans risque à cause de la mousse de plus en plus épaisse.
Les historiens voient en ces ruines une architecture respectueuse de l’environnement et un patrimoine précieux. La restauration des vestiges se pose aujourd’hui… En attendant, explorer Ba Vi vaut vraiment le détour…