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HANDBALL - FRANCE/CROATIE - Olivier Girault : "Ne pas perdre son sang-froid"

 

Le 22 août 2008, les Experts battaient la Croatie en demi-finale des Jeux Olympiques avant de conquérir l'or face à l'Islande. Quatre ans plus tard, Olivier Girault, capitaine de l'époque et désormais retraité, analyse la victoire des Bleus en quart de finale et nous livre les clés de ce nouvel affrontement face à la bande à Balic

(Crédit : AFP)

Lepetitjournal.com - Comment avez-vous vécu ce match face à l'Espagne ?


Olivier Girault - Difficilement, comme tout le monde je crois. Le quart de finale est toujours le match le plus important lorsque tu joues des Jeux Olympiques. C'est celui où tu n'as pas le droit à l'erreur, celui qui te donne un passe droit pour penser à une médaille.

Comment analysez-vous cette victoire ?


Le fait est que d'avoir eu une poule assez facile nous amenait à croiser une équipe forcément compliquée à jouer en quart. L'Espagne était l'équipe qui avait commencé à nous faire perdre pied lors du premier match du championnat d'Europe et qu'on battait de moins en moins en compétition officielle. Inconsciemment, on avait un petit déficit de confiance. Pourtant les Bleus ont répondu présent. Il faut une grande force mentale pour réussir à rehausser son niveau de jeu dans les moments importants. Mercredi c'était un très très grand match de handball avec très peu de pertes de balles. Les Français n'ont pas fait un mauvais début de match mais les Espagnols étaient sur un nuage avec un gardien qui arrêtait tout. On parle souvent de tirs ratés mais là c'est surtout un gardien qui a su faire des superbes arrêts. Les Bleus ont su courber l'échine, laisser passer l'orage puis revenir dans le match petit à petit. C'est un grand pas de franchi mais c'est surtout une victoire pour la suite. Être capable de résister et de faire un tel match lance un signal fort aux adversaires.

On a assisté à deux mi-temps très différentes dans ce match. Quel a été le déclic à la pause ?


Le déclic c'est qu'il n'y avait plus de questions à se poser. Ce n'est plus un match de classement où tu peux te permettre de perdre un match et être quand même qualifié pour les quarts de finale. C'est justement dans ces matchs à pression, à enjeux que les Français sont forts.

La performance de William Accambray vous a-t-elle surpris ?

Non elle ne m'a pas surpris. Elle est arrivée à point nommé. Il a fait le match qu'il fallait faire au moment où on avait besoin de lui. En deuxième mi-temps, le coaching a été très bon. William est rentré avec beaucoup de fraicheur et l'envie de montrer qu'il avait sa place dès le départ.

Quelle sera la clé du match face aux Croates en demi-finale ?

La clé du match c'est de ne pas perdre son sang-froid. La Croatie, c'est un peu l'Italie en football. Ils sont talentueux, truqueurs et font déjouer les équipes adverses. C'est un match qui ne va pas se gagner dans les premières minutes et il faudra être très très patient comme les Bleus ont su l'être mercredi contre les Espagnols. Quand on arrive dans le dernier carré, ce sont de toutes façons des matchs qui se jouent sur des détails. Il faut faire une erreur en moins ou un exploit en plus que l'adversaire. La réussite n'est qu'une suite de détails, d'opportunités et de chances d'un but à l'autre, d'un poteau à l'autre.  Les Croates ont fait un début de compétition extraordinaire mais ils ont eu énormément de difficultés face à la Tunisie en quart de finale. On rentre dans cette demi-finale à égalité avec eux et c'est un match qui rappelle fortement celui de Pékin. En espérant la même issue?

Le coaching peut-il une nouvelle fois jouer un rôle déterminant ?


C'est là où il est le plus important. Lorsque c'est serré, lorsqu'il faut prendre la bonne décision, faire le bon changement, le coaching est primordial. C'est à ce moment-là que les grands managers entrent en action.

(Crédit : AFP)

Les matchs France-Croatie nous ont aussi habitués à des duels intenses entre Balic et Karabatic. Est-ce que ce sera encore le cas cette fois-ci ?

Balic joue un peu moins dans l'équipe de Croatie alors que Nikola est toujours un élément très important avec la France. Les forces en présence ont un peu changé. Les Croates ont amené de la jeunesse dans leur équipe avec des nouveaux joueurs hyper talentueux qui sont les principaux artisans des bonnes performances de l'équipe actuelle. Les deux équipes vont se redécouvrir et c'est de toute façon à chaque fois un match différent. C'est celui qui mène à une finale olympique!

L'équipe de France vous semble-t-elle plus forte aujourd'hui qu'en 2008 ?

Le jeu n'a pas énormément évolué mais physiquement et surtout dans l'approche des matchs et la capacité à résister même quand elle ne joue pas bien, l'équipe est bien meilleure aujourd'hui. Les joueurs ont muri et sont capables de s'adapter aux différents styles de jeu.

Vous connaissez bien sûr très bien l'équipe et vous en êtes resté proche. Comment le groupe vit-il à l'approche de cette demi-finale ?

Le groupe vit bien. Les joueurs sont prêts. La pression qui les habite est celle de ne pas gâcher la dernière aventure qu'ils vivent avec certains qui vont s'en aller.

Justement, après l'échec au dernier Euro, on a entendu parler d'une équipe vieillissante?Qu'est ce que vous en pensez ?


Quand une équipe est capable de se hisser depuis cinq ans toujours sur les quatre dernières marches, je crois qu'il faudrait arrêter les critiques et, au contraire,  encourager les Bleus.  

Propos recueillis par Simon Gleize (www.lepetitjournal.com/jeux-olympiques) vendredi 10 août 2012

Début du match à 20h30 heure locale

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