

Les dirigeants des pays les plus puissants de la planète, réunis au sein du G20, ont entamé leurs discussions à Séoul pour tenter de corriger les grands déséquilibres économiques mondiaux. Au coeur des débats, qui s'annoncent orageux, la volatilité des taux de changes fait craindre une ?guerre des monnaies?
Les chefs d'Etat et de gouvernement des principaux pays riches et émergents réunis dans le G20, qui représentent ensemble 90% de l'économie mondiale, se retrouvent à Séoul pour tenter de trouver un accord sur les sujets-clés que sont les devises et les déséquilibres des comptes courants. "Nous avons besoin de coordination internationale à tout prix", estime le président sud-coréen Lee Myung-Bak. "Si chaque pays essaye de survivre en ne comptant que sur ses propres forces, il y parviendra peut-être à court terme, mais au final, l'économie mondiale régressera".
La guerre des monnaies
Alors que l'euro atteint à nouveau des sommets, ce qui pénalise les exportations des pays de l'UE, la Chine affiche une croissance et un excédent commercial insolents grâce à un yuan faible, et les États-Unis, qui peinent à renouer avec la croissance, ont injecté 600 milliards de dollars de liquidités pour relancer l'économie, provoquant un affaiblissement du billet vert. Or, ?ramener de l'ordre dans les monnaies, c'est ramener de l'ordre dans l'économie française, c'est faciliter les décisions d'investissement, c'est faciliter les décisions d'embauche?, rappelle Christine Lagarde, la ministre de l'Economie. Lors des discussions préparatoires au sommet, les vingt pays ont campé sur leurs intérêts nationaux, les ministres des Finances n'ayant pu se mettre d'accord que sur des ?taux de change davantage déterminés par le marché?. ?Le ton est monté?, a reconnu le porte-parole coréen.
Hu Jintao et Barack Obama lors du G20 de Pittsburgh, 24 septembre 2009 (photo AFP)
Chine et Etats-Unis dans le collimateur
Washington réclame une hausse du yuan, sous-évalué de 20% à 40% par rapport au dollar selon les Américains. De même, le Premier ministre britannique, David Cameron, demande à la Chine de ?poursuivre l'ouverture de ses marchés et de travailler avec les autres pays du G20 à rééquilibrer l'économie mondiale?. Pour l'instant, le président chinois, Hu Jintao, refusant une réévaluation du yuan, a prié les autres pays de "prendre leurs responsabilités et à faire face à leurs propres problèmes". Clin d'oeil du calendrier, le chiffre de l'excédent commercial de la Chine pour octobre vient de sortir : 27,15 milliards de dollars, contre 16,88 milliards en septembre. Les Etats-Unis eux, affichent un déficit commercial de 44 milliards de dollars pour septembre. Barack Obama a dû réfuter les critiques selon lesquelles son pays veut affaiblir sa monnaie pour regagner des parts de marché à l'étranger. ?La force du dollar repose sur la vigueur de l'économie américaine. Une reprise forte, créatrice d'emplois et de richesses, est le meilleur service que les États-Unis puissent rendre à l'économie mondiale?.
Réduire les déficits
Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, juge dans un entretien au Figaro, que le principal problème du G20 est la réduction des déséquilibres des balances de paiement. "Chaque zone doit progresser vers un meilleur équilibre entre épargne, consommation et investissement?. Pour l'instant, personne ne souhaite de contrainte chiffrée dans la déclaration finale sur ce sujet, pourtant l'une des menaces les plus lourdes sur la croissance.
Malgré les appels à passer outre aux divisions, le sommet risque fort d'accoucher d'une souris. Des progrès ont été réalisés sur les dossiers les moins controversés, comme la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international. A partir du 13 novembre, Nicolas Sarkozy prendra la présidence d'un G20 qu'il a contribué à promouvoir comme la principale arène de concertation internationale sur les affaires économiques et financières. Pour Christine Lagarde, "ça va être tout le défi de l'année 2011 de prouver que le G20 est pertinent, qu'il est crédible et efficace".
Marie-Pierre Parlange (www.lepetitjournal.com) vendredi 12 novembre 2010
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L'Expansion : Le G20 peine à dépasser le simple engagement à mieux coopérer


































