Le ministre britannique des Finances Jeremy Hunt a dévoilé mercredi un paquet de mesures en faveur du pouvoir d'achat et pour inciter davantage de Britanniques à revenir sur le marché du travail afin de relancer la croissance, au cours d'une journée de grèves massives face à l'inflation.
L'ensemble des aides à l'énergie et pour faire face au coût de la vie est chiffré à 94 milliards de livres (107,7 milliards d'euros) sur deux ans, a précisé le ministre.
Il a par ailleurs assuré que le Royaume-Uni ne serait pas en récession technique en 2023 - soit deux trimestres consécutifs de baisse du produit intérieur brut (PIB), une embellie permise par la chute des prix de l'énergie depuis un an.
Le gouvernement anticipe toutefois une contraction de 0,2% sur l'année à cause d'un trou d'air prévu pour le seul premier trimestre, avant un rebond, selon les prévisions de l'OBR, organisme public de prévisions budgétaires.
"L'économie britannique contredit ceux qui doutaient d'elle", a clamé avec emphase le ministre au Parlement, pendant que les marchés mondiaux étaient pris d'un vent de panique face aux difficultés de Credit Suisse et du secteur bancaire.
Le Fonds monétaire international (FMI) avait averti lors de ses dernières prévisions que Londres serait cette année la seule grande économie en récession.
En réponse aux demandes pressantes de Britanniques qui voient une inflation de plus de 10% rogner leur pouvoir d'achat, le Trésor a prolongé pour trois mois le plafond des factures d'énergie payées par la majorité des ménages britanniques, qui aurait dû être relevé au 1er avril.
Le Chancelier de l'Echiquier - titre du ministre de l'Economie au Royaume-Uni - a fait valoir que l'inflation devrait passer "de 10,7% au dernier trimestre de l'année dernière à 2,9% d'ici la fin de 2023", toujours d'après les données de l'OBR.
Parmi les autres mesures pour aider le pouvoir d'achat, le ministre a annoncé une prolongation pour douze mois du gel de la taxe sur le carburant.
Le ministre a aussi promis de mettre un terme à ce qui était largement considéré comme une injustice: les tarifs plus élevés de l'énergie payés par les quelque 4 millions de foyers dans le pays, souvent très modestes, connectés via des compteurs prépayés.
L'annonce du budget a eu lieu au beau milieu de l'une des plus importantes journées de grève depuis des mois, avec des débrayages de centaines de milliers de personnes, enseignants, conducteurs du métro londonien, médecins, qui réclament des hausses de salaires.
- "Trahison historique" -
Le syndicat Unite a d'ailleurs qualifié de "trahison historique" ce budget où "il n'y avait pas un penny pour le NHS", le service de santé public.
Le gouvernement entreprend de réformer le système de garde d'enfants, décrit par M. Hunt comme "l'un des plus chers au monde", admettant qu'il forçait souvent les parents, et particulièrement les femmes, à revoir leurs plans de carrière voire à renoncer à travailler.
"Pour beaucoup de femmes, une pause de carrière signifie la fin d'une carrière", a noté M. Hunt.
Londres va ainsi mettre en place des incitations fiscales pour monter des structures de gardes d'enfants et augmenter ainsi les disponibilités.
Le taux d'inactivité au Royaume-Uni, à 21,3%, reste plus élevé qu'avant la pandémie et pèse sur l'économie, s'ajoutant aux difficultés à embaucher des Européens après le Brexit.
Des milliers de personnes de plus de 50 ans ont choisi de partir en pré-retraite et un nombre record de Britanniques sont empêchés de travailler par des maladies de longue durée, l'une des conséquences de la pandémie et du sous-financement de la santé publique.
Le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer a qualifié d'"énorme cadeau aux plus riches" l'augmentation du plafond défiscalisé des cotisations retraites ainsi que l'abolition de la limite maximale de cotisations au cours d'une vie.
Le ministre conservateur veut parallèlement mettre la pression sur les bénéficiaires de minimas sociaux, avec une application plus stricte de sanctions en cas de manquements à leurs obligations.
Si la Chambre de commerce britannique s'est félicitée des coups de pouce aux parents de jeunes enfants et aux plus de 50 ans, elle a, entre autres, regretté l'absence de soutien énergétique aux entreprises.