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Avorter dans le monde : où est-ce possible ? Quels sont les délais ?

Une femme se demande si elle pourrait avorter dans son pays d'expatriationUne femme se demande si elle pourrait avorter dans son pays d'expatriation
Écrit par Anne-Claire Voss
Publié le 3 juillet 2022, mis à jour le 4 juillet 2022

« Une grossesse sur cinq est interrompue volontairement » déclare sur son site l’OMS. Pourtant, l’accès à l’avortement, parfois totalement interdit dans certaines régions du monde, ou autorisé avec des restrictions bien spécifiques, reste fragile. S’impose alors un état des lieux sur une échelle internationale des possibilités d’IVG.

 

Selon l’OMS, environ une grossesse sur cinq est interrompue volontairement, mais près de la moitié de l’ensemble des avortements, soit 45%, sont considérés comme « non-sécurisés ». Et 97% de ceux-ci ont lieu dans les pays considérés comme en développement. L’organisation ajoute : « L’inaccessibilité des soins de qualité liés à l’avortement risque de constituer une violation d’un éventail de droits humains des femmes et des filles, y compris le droit à la vie. »

 

 

Loi Veil, ou l’IVG légale en France

En France grâce à la loi Veil, il est possible d’avorter depuis 1975. L’IVG peut-être réalisée jusqu’à 14 semaines de grossesse, soit 16 semaines après les dernières règles. Deux méthodes sont pratiquées : médicamenteuse (jusqu’à la 7e semaine) ou chirurgicale (par aspiration). Même si ce droit semble acquis dans notre pays, le discours varie selon les régions du monde.

 

L’IVG n’est plus un droit acquis aux Etats-Unis

La Cour suprême des États-Unis a délibéré ce 24 juin et la loi protégeant le droit à l’avortement au niveau national est désormais supprimée. Cet arrêt, nommé Roe VS Wade, garantissait l’avortement comme droit constitutionnel depuis 1973. Face à ce retour en arrière de plusieurs décennies, dix États, soit le Missouri, l’Arizona, l’Utah, le Wisconsin, le Kentucky, l’Oklahoma, le Texas, l’Arkansas, la Louisiane et l’Alabama ont d’ores et déjà annoncés l’application directe de cette mesure. Et la liste risque encore de s’allonger. Loin d’apporter une solution nationale, cette décision semble avoir remis sur la table internationale le débat autour de l’avortement.

 

 

Une femme meurt toutes les 9 minutes d'un avortement clandestin - Véronique Séhier

 

Quels pays interdisent ou limitent l’avortement ?

Avorter est interdit dans près d’une vingtaine de pays, dont de nombreuses nations africaines - parmi lesquelles l’Egypte, le Sénégal, le Gabon, Madagascar ou encore la Mauritanie.

 

Sur le continent sud-américain, l’accès à l’IVG est aussi délicat. Il est interdit au Nicaragua, au Suriname ou encore au Salvador. D’autres pays appliquent une législation même draconienne, pouvant punir jusqu’à huit ans d’emprisonnement toute personne qui interromprait sa grossesse. Le Honduras - qui interdisait déjà l’interruption y compris en cas d’inceste, de viol ou de malformation grave du foetus - a approuvé en janvier 2021 une réforme constitutionnelle durcissant encore davantage cette législation. Enfin, au Mexique, un arrêt historique de la Cour suprême a déclaré l’interdiction de l’avortement en juin 2021.

 

L’Europe, quant à elle, ne fait pas non plus exception. À Malte, les femmes avortant risquent une peine allant de dix-huit mois jusqu’à trois ans d’emprisonnement. Les micro-États d’Andorre et du Vatican interdisent également l’IVG. L’avortement en Pologne est aussi très restrictif et se durcit davantage. Jusqu’en 2020, la malformation du foetus pouvait être une des raisons permettant l’IVG. Désormais, elle ne peut être demandé qu’en cas de viol ou de risque de santé pour la femme.

 

Quels sont les pays où l’avortement est légal sous certaines conditions ?

Comme la Pologne, d’autres pays ont légalisé l’avortement mais sous des conditions restrictives. L’IVG est accessible uniquement en cas de danger pour la vie de la femme en Libye, Ouganda, Soudan, Irak, Liban, Yémen, Bangladesh, Birmanie, Sri Lanka, Guatemala, Paraguay, Venezuela ou encore en Côte d’Ivoire.

 

Au Brésil, l’IVG est autorisée en cas de viol, risque de mort pour la personne ou grave malformation du foetus.

 

D’autres obstacles existent également. Si cette intervention médicale est autorisée dans certains pays comme en Israël, Irlande ou Italie, elle est en pratique très compliquée, souvent pour des objections de conscience. En Israël, par exemple, le personnel médical décide ou non d’entamer la procédure et ont parfois le droit de « décourager » la patiente.

 

Dans certains pays, c’est le flou législatif qui complique les choses. Depuis le 1er janvier 2021, l’IVG n’est plus interdite en Corée du Sud mais aucune autre nouvelle législation n’a depuis été mise en vigueur - ce qui traduit une « légalité » non-encadrée.

 

 

Plus de 50 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement depuis ces 25 dernières années

 

Régions du monde où l’avortement est légal

Selon Amnesty International, plus de 50 pays ont modifié leur législation pour faciliter l’accès à l’avortement depuis ces 25 dernières années. La Colombie l’a par exemple légalisé en février dernier. Nous pouvons aussi citer la Nouvelle-Zélande, ayant dépénalisé l’avortement en 2020.

 

Le cadre légal est en revanche variable : le nombre de semaines pour avorter change d’un pays à l’autre. En France comme en Argentine, une femme peut avorter jusqu’à 14 semaines de grossesses, soit 16 semaines après les dernières règles. En Afrique du Sud, en Thaïlande ou au Bénin, la limite est de 12.

Selon les chiffres du gouvernement et avant cette législation, près de 200 femmes mouraient chaque année au Bénin des suites de complications de l’avortement.

 

L'IVG est aussi légale et très accessible en Chine - contrairement à la majorité des autres pays asiatiques. Néanmoins, après la politique de l'enfant unique, des contrôles stricts ont été mis en place. L’objectif étant de stopper les demandes d'avortement de la part des parents pour avoir un garçon plutôt qu’une fille.

 

Encore dans d’autres pays, la loi n’est pas identique selon les Etats fédéraux. C’est notamment le cas au Mexique, en Australie ou désormais aux Etats-Unis.

 

Des aides à l’avortement

Si vous êtes expatrié, les possibilités d’IVG dépendent de la législation du pays dans lequel vous vous trouvez. Vous pouvez cependant consulter un médecin français en téléconsultation sur Livi si vous êtes en Europe ou sur les antennes du Planning familial français par exemple. De nombreux organismes peuvent également vous aider telles que Women Help qui envoie une pilule contraceptive ou abortive, Women on Web ou encore Abortion Support Network qui apporte une aide financière aux Européens afin de se rendre dans un pays où l’avortement est autorisé.