Le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia, qui revendique la victoire à la présidentielle du 28 juillet face à Nicolas Maduro, est menacé d'arrestation s'il ne se présente pas vendredi matin à une convocation de la justice qu'il a déjà ignorée à deux reprises.
Le courant revenait peu à peu au Venezuela vendredi après une coupure généralisée d'électricité, attribuée par le pouvoir à un "sabotage" et à une tentative de coup d'Etat, un mois après la réélection contestée de Nicolas Maduro.
L'électricité, qui a été complètement coupée pendant une dizaine d'heures, est revenue par intermittence dans certaines parties de Caracas et des Etats de Tachira (sud-ouest) et de Merida (ouest), a constaté l'AFP. Des témoignages sur les réseaux sociaux faisaient état d'une normalisation dans d'autres régions du pays mais des zones restaient sans courant.
"Nous sommes en train de normaliser, régulariser, pas à pas avec garanties, avec sécurité", a lancé M. Maduro à la télévision en soirée, sans toutefois donner de chiffres précis ni sur les coupures ni sur l'état de la récupération du réseau.
"C'est une attaque pleine de vengeance, de haine, qui vient des courants fascistes (...) prétendant être l'opposition politique", a-t-il dit, se disant persuadé qu'elle a été organisée depuis les "Etats-Unis".
"Il s'agit d'une attaque contre Guri", village (sud-est) où se trouve la plus grande centrale l'hydroélectrique du pays, a-t-il affirmé.
Le courant a été coupé pour des raisons indéterminées vers 05H00 heure locale. Le ministre de la Communication Freddy Nanez a évoqué à la télévision "un sabotage contre le système électrique national" qui a affecté les "24 Etats du pays".
Ce black-out est survenu au moment où le Venezuela est plongé dans une grave crise post-électorale après la présidentielle du 28 juillet, l'opposition revendiquant la victoire face Nicolas Maduro.
Le pays connaît régulièrement des pannes de courant localisées et des délestages mais rarement des coupures généralisées. Il avait toutefois été traumatisé par un black-out de cinq jours en mars 2019.
- "Sous contrôle" -
Le pouvoir attribue régulièrement ces incidents à des "attaques" orchestrées par les Etats-Unis et l'opposition afin de le renverser.
Cependant, l'opposition et de nombreux spécialistes estiment que ces coupures récurrentes résultent d'une mauvaise gestion du secteur industriel, qui s'est détérioré avec la crise économique.
Le Venezuela a connu au cours de la décennie écoulée une contraction sans précédent, de 80%, de son PIB, que la timide reprise des deux dernières années n'a pas compensée. Quelque sept millions de Vénézuéliens ont fui le pays.
Le ministre de l'Intérieur Diosdado Cabello, souvent considéré comme un des hommes les plus puissants du Venezuela, a estimé que les opposants n'avaient "pas atteint leurs objectifs (...) que le pays soit en feu un mois après l'élection".
"Je pensais qu'il s'agissait d'une coupure comme il y en a tous les jours ici", s'amuse Elena Jimenez, une femme au foyer de 66 ans de Maracaibo, la capitale de l'Etat de Zulia.
- Convocation -
Sur le plan politique, le candidat de l'opposition Edmundo Gonzalez Urrutia a ignoré vendredi la troisième convocation qui lui avait été adressée par la justice, selon la télévision officielle VTV.
Le parquet avait menacé d'émettre un mandat d'arrêt à son encontre en cas de nouvelle non-comparution.
Cet ancien ambassadeur de 75 ans n'est pas apparu en public depuis le 30 juillet. Dimanche, il avait dit craindre une justice "sans garantie d'indépendance".
Il est visé par une enquête pour "usurpation de fonctions" et "incitation à désobéir aux lois".
Après l'annonce de la réélection de Nicolas Maduro, des manifestations spontanées ont fait 27 morts et 192 blessés, tandis que quelque 2.400 personnes ont été arrêtées, de source officielle.
Le président socialiste, dont la victoire a été validée par la Cour suprême, a été proclamé vainqueur avec 52% des voix par le Conseil national électoral (CNE).
L'opposition affirme que M. Gonzalez Urrutia a remporté le scrutin avec plus de 60% des voix.
Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a dit vendredi "ne pas accepte(r) la victoire de Maduro ni celle de l'opposition. L'opposition dit qu'elle a gagné. Lui (Maduro) dit qu'il a gagné mais il n'y a pas de preuves. Nous exigeons des preuves".