Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Mélanie Vogel, EELV : « Les Français de l’étranger sont prêts au changement »

Mélanie Vogel, candidate EELV aux sénatoriales Mélanie Vogel, candidate EELV aux sénatoriales
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 16 septembre 2021, mis à jour le 26 septembre 2021

Mélanie Vogel a été désignée tête de liste pour EELV,  LFI, Generation.s, place publique et GRS pour les prochaines Sénatoriales, face à Eva Joly. La candidate revient sur le projet pour ce scrutin et les préoccupations écologiques des Français de l'étranger. 

 

 

Les citoyen.ne.s n’en peuvent plus de l’inaction climatique, ils et elles sont prêts au changement

 

Quel bilan tirez-vous des dernières élections consulaires ?

La première réalité qui doit toutes et tous nous alerter est évidemment le niveau vertigineux de l’abstention. Ce n’est pas nouveau lors des élections consulaires, mais chacun.e admettra que les conditions de vote n’ont pas été idéales et doivent être largement améliorées. 

La fermeture d’une série de bureaux de vote, les SMS contenant les codes pour le vote électronique qui ont créé beaucoup de confusion démontrent qu’il existe une forme de nonchalance, de déconsidération de la part du gouvernement.

J’en profite à ce titre pour dire quelques mots de la situation en Inde et à Madagascar. A cause d’un défaut d’anticipation de la part du gouvernement, un grand nombre de citoyen.ne.s ne vont pas pouvoir voter aux élections consulaires, car trop éloigné.e.s des bureaux de vote. C’est dramatique et démontre le peu de sérieux avec lequel le gouvernement traite ces questions.

En ce qui concerne les résultats maintenant, en tant qu’écologiste, je suis évidemment satisfaite et enthousiaste pour la suite. Les scores des écologistes et plus largement des listes qui mettaient l’écologie au cœur de leur projet confirment la tendance qui est à l'œuvre en France mais aussi dans de nombreux pays. Les citoyen.ne.s n’en peuvent plus de l’inaction climatique, ils et elles sont prêts au changement, à porter au responsabilité des personnes qui pensent un chemin juste et efficace pour sortir de la crise climatique. Il était temps qu’une alternative à l'actuelle politique gouvernementale émerge clairement.

 

La confiance que m’ont apportée les militant.e.s m’engage, c’est une grande responsabilité

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections sénatoriales ?

Chez les écologistes, nous avons organisé une désignation interne pour choisir nos candidat.e.s, avec un vote de l'ensemble de nos adhérentes et adhérents. Ce fut une procédure très riche démocratiquement, ponctuée de nombreux débats, avec des candidatures toutes de très grande qualité.

J’ai candidaté parce que je crois que mon parcours, mon expérience et mon profil peuvent être un atout pour enrichir la représentation des Français.es de l’étranger au Sénat mais aussi parce que j’étais soutenue par beaucoup de militant.e.s à travers le monde qui voyaient dans ma candidature une chance de renouveler la représentation de nos concitoyen.ne.s.

La confiance que m’ont apportée les militant.e.s m’engage, c’est une grande responsabilité. Mais cette procédure démocratique inscrit aussi ma candidature dans une dynamique collective et non pas personnelle, et c’est la seule méthode à laquelle je crois en politique.

 

Je connais très bien les problématiques particulières que rencontrent les Français.es de l’étranger

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ? 

J’ai 36 ans et j’ai passé plus du tiers de ma vie à l’étranger, au Chili, au Canada, puis en Belgique où je suis installée. Ma compagne est allemande et je vis donc dans un couple binational à cheval entre la Belgique et l’Allemagne. Une grande partie de ma famille vit à l’étranger, aux Etats-Unis, en Italie, au Japon et à Madagascar, leur parcours de vie familiaux, professionnels et personnels les ayant amenés, comme moi, à s’installer à l’étranger.

Je connais donc très bien les problématiques particulières que rencontrent les Français.es de l’étranger, c’est mon quotidien et le quotidien d’une grande partie de mes proches.

Par ailleurs, au sein d’Europe Ecologie - Les Verts, je représente les Français.e.s de l’étranger au sein de notre Conseil fédéral (le parlement interne du parti), j’ai donc toujours eu à coeur de ramener au sein de nos instances nationales la richesse et la diversité des situations auxquelles sont confronté.e.s nos compatriotes vivant à l’étranger.

 

 

Les Français de l'étranger sont les témoins quotidiens des conséquences de la crise climatique aux quatre coins du globe

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de l'étranger ? 

Les Français.es de l’étranger subissent les conséquences directes des politiques de désengagement de l’Etat dans les services publics votées à Paris. Le plan action publique 2022 en est une démonstration affligeante. Les coupes budgétaires dans les services consulaires, dans le scolaire sont le fruit d’une doctrine politique dévastatrice pour la qualité de nos services publics. Beaucoup d’aides aux entrepreneur.e.s n’ont pas pu être distribuées pendant la crise faute de moyens humains pour traiter les demandes, les frais de scolarité explosent, nos agents consulaires et nos élu.e.s sont à bout face à une augmentation des besoins et une diminution des moyens. C’est cette logique qu’il faut inverser. 

Les Français.e.s de l’étranger ont aussi une spécificité, ils et elles subissent les inondations en Allemagne et en Belgique, les chaleurs extrêmes au Canada, les feux en Algérie. Ils et elles sont les témoins quotidiens des conséquences de la crise climatique aux quatre coins du globe. C’est un message politique extrêmement fort que nous souhaitons porter au niveau national.

 

Cette campagne est de loin la plus agréable et donne confiance pour la suite du travail qui devra être mené en commun

 

 

Comment est organisée votre campagne ? 

C’est une campagne très collective, dynamique et conviviale qui bénéficie beaucoup de nos complémentarités.

Nous avons construit avec les candidat.e.s et avec l’ensemble des élu.e.s, sympathisant.e.s et militant.e.s des différentes forces politiques qui ont rejoint notre campagne, une dynamique humaine très forte et je suis convaincue que cet esprit d’équipe va perdurer au-delà de la campagne.

Nous prenons les décisions ensemble, nous avons bâti la liste par consensus, travaillé avec toutes et tous à la rédaction d’un projet commun qui trace un cap politique ambitieux pour le mandat.

J’ai fait beaucoup de campagnes dans ma vie, je dois vous avouer que celle-ci est de loin la plus agréable et donne confiance pour la suite du travail qui devra être mené en commun.

 

Il faut revenir à une logique d’engagement de l’Etat dans les services publics consulaires et scolaires en berne

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élue ?

Notre première priorité, c’est de renverser la logique austéritaire qui a consisté, ces dernières années, à désinvestir dans les services publics, à baisser les budgets et à affaiblir notre action à l’étranger alors que dans le même temps, les besoins de nos compatriotes à l’étranger s’accroissent. Il faut revenir à une logique d’engagement de l’Etat dans les services publics consulaires et scolaires en berne, mais aussi investir dans le secteur culturel, grand oublié de cette période ainsi que dans les aides à nos entrepreneur.e.s. 

Le soutien aux élu.e.s, mal entendu.e.s, mal écouté.e.s est un autre axe prioritaire. Beaucoup d’élu.e.s consulaires sont désarmé.e.s face à des besoins croissants et des moyens réduits. Ils et elles deviennent parfois les supplétifs d’une action publique qui recule, sans avoir ni les moyens, ni l’écoute nécessaire à accomplir cette tâche. Nous proposons une série d’outils très concrets pour mieux impliquer les élu.e.s, tels que l’organisation de réunions de travail semestrielles, la mise en place de formations thématiques, le partage de notes sur les réformes en cours.

Enfin le Sénat, c’est aussi un mandat national. Et aucun.e responsable politique digne de ce nom ne peut prétendre accéder à des responsabilités nationales en 2021 sans avoir comme priorité absolue de répondre à la crise climatique, sociale et démocratique que nous traversons. C’est le devoir de notre génération. Transformer radicalement notre modèle économique pour passer d’un système d’exploitation à une société du partage où chacune et chacun peut vivre dignement, en bonne santé et dans un environnement sain, dans le respect des limites planétaires, est au cœur de notre programme.