Le président Macron veut doubler le nombre d'élèves accueillis au sein du réseau scolaire français de l’étranger d'ici à 2025, alors même que les personnels et les parents d’élèves s’inquiètent de l’avenir du réseau après les récentes coupes budgétaires.
Serait-ce un virage dans la politique du gouvernement concernant l’enseignement français à l’étranger ? Dans son discours sur la francophonie mardi, le président Macron a fixé comme objectif de doubler d'ici 2025 le nombre d'élèves dans les lycées français à l'étranger, qui accueillent actuellement quelque 350.000 jeunes dans les 492 établissements à travers le monde. 60 % d’entre eux sont étrangers et 40 % français.
« Le réseau des lycées français est la colonne vertébrale » de l'enseignement dans le monde, s'est félicité M. Macron. Le président compte « consolider et dynamiser le réseau » afin de lui permettre de répondre de façon nouvelle à la demande croissante d'éducation française. Il faudra pour cela développer des établissements « partenaires » et créer des pôles régionaux de formation, comme au Mexique, pour former les nouveaux enseignants. Le président affirme vouloir « accompagner le développement des sections bilingues dans les établissements de nos pays partenaires ». En 2022, le réseau des écoles proposant des sections bilingues francophones de qualité (LabelFrancEducation) devrait passer de 209 à 500 établissements.
Un paradoxe lorsque l’on sait que l’enseignement français à l’étranger traverse une crise sans précédent. Les récentes coupes budgétaires de plus de 8% touchant l'Agence pour l'enseignement du français à l'étranger (AEFE) ont provoqué plusieurs mouvements de grève très suivis depuis l'automne. Fin janvier, une journée école morte avait ainsi été organisée dans dix écoles de Tunisie lors de la visite du président Macron. La récente pétition de parents d'élèves, lancée par un collectif de parents du Lycée Français de Madrid, a recueilli plus de 11.000 signatures. Personnels et parents d’élèves craignent en effet la suppression de postes d’enseignants titulaires et la hausse des frais de scolarité, souvent déjà très élevés.
Faire du réseau des lycées français du monde le moteur de la francophonie
Le réseau des lycées français à l’étranger, unique au monde, est souvent considéré comme en un réseau d’excellence et un puissant outil d'influence diplomatique et linguistique. Pour doubler le nombre d'élèves dans des lycées français du monde parfois saturés, il faudra des moyens. Le gouvernement a promis à l'AEFE qu'elle retrouverait cette année et en 2019 son budget d'avant les coupes, soit environ 400 millions d’euros.
« Le président de la république a donné une feuille de route très ambitieuse pour la langue française et le plurilinguisme. L'AEFE y a une place renforcée pour être à la hauteur des défis du 21ème siècle. A nous maintenant de concrétiser cette ambition en modernisant l'agence. Je serais pleinement mobilisé avec mes collègues de la majorité pour appuyer le Gouvernement dans cette démarche » a déclaré Roland Lescure, député des Français de l'étranger (Amérique du Nord) et Président de la commission des affaires économiques, à l’issue du discours.
Une trentaine d'autres mesures destinées à renforcer « la place et le rôle » de la langue française et du plurilinguisme ont été dévoilées par le président de la République, avec notamment la volonté d’améliorer son enseignement en Afrique. Emmanuel Macron souhaite doubler le nombre d'étudiants étrangers en France venant des pays émergents, et les accueillir dans de meilleures conditions. Un plan sera présenté début 2019. D'ici à 2065, un milliard de personnes devraient parler français, grâce au dynamisme démographique de l’Afrique, soit cinq fois plus qu'en 1960.