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Jérôme Youssef, candidat aux Sénatoriales : "J’ai conscience que je suis un outsider"

Jérôme Youssef, candidat aux SénatorialesJérôme Youssef, candidat aux Sénatoriales
Écrit par Damien Bouhours
Publié le 17 septembre 2021, mis à jour le 16 juin 2023

Jérôme Youssef est un candidat indépendant aux sénatoriales. Ce formateur à l'Ecole de la 2ème Chance de Marseille, d’origine guinéenne et libanaise, revient sur sa liste Protéger les Français de l’étranger et sur son engagement pour les Français de l'étranger. 

 

 

Je suis un optimiste, un brin idéaliste

 

Pourquoi avez-vous souhaité vous présenter aux prochaines élections sénatoriales ?

Mon engagement, c’est celui d’un citoyen qui, à 35 ans, décide de mettre son énergie et ses idées au service des Français vivant sur tous les continents. 

Je souhaite m’investir en politique depuis longtemps, j’ai pris goût à cela par la découverte de nos institutions, notamment par un stage à l’Assemblée Nationale pendant mes études à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée. 

J’aime me sentir utile pour les autres. Je crois qu’il ne faut pas se contenter de critiquer le monde qui nous entoure mais au contraire, je pense profondément qu’il faut agir en mettant tout en œuvre pour appliquer ses propositions afin d’améliorer et de changer les choses. C’est pourquoi je suis candidat. 

Je suis convaincu que l’évolution vers une amélioration du quotidien des Français de l’étranger passe par une action politique. Je suis un optimiste, un brin idéaliste.

Je vois chaque jour, dans mon engagement à l’école de la deuxième chance à Marseille, les difficultés de nos jeunes qui pour beaucoup viennent de l’étranger. Et bien, avec de l’investissement, du travail et des moyens, on arrive à transformer leurs vies.

 

J’avoue être surpris par l’accueil chaleureux et bienveillant de certains conseillers et délégués qui m’encouragent à faire vivre notre démocratie

 

Qui sont vos soutiens dans cette campagne ? 

Mes soutiens sont des chefs d’entreprises, des parents, des jeunes, mes amis et ma famille.

J’avoue, également, être surpris par l’accueil chaleureux et bienveillant de certains conseillers et délégués qui m’encouragent à faire vivre notre démocratie. Je pense que beaucoup d’entre eux ne souhaitent pas que l’élection soit écrite d’avance. J’ai conscience que je suis un outsider. Qu’importe les critiques sur ma démarche, moi, je me sais sincère et droit.

Vous savez, une élection n’est jamais gagnée d'avance. Aux électeurs de prendre leur avenir en main en choisissant le candidat qui leur paraît le plus crédible, le plus compétent. Les grands électeurs ont par leurs bulletins de vote leur destin en main mais aussi celui de l’ensemble de leurs électeurs. 

Les sénateurs jouent un rôle concret pour nos expatriés. Nous l’avons constaté à maintes reprises. Par exemple, lorsque le Sénateur Ronan Le Gleut dépose son projet de loi visant la création d’un Fonds d’urgence pour les victimes des Français à l’étranger de catastrophes naturelles ou d'événements terroristes majeurs.

 

Je me suis, et depuis toujours, profondément senti Français de l’étranger

 

En quoi votre parcours est-il marqué par les préoccupations des Français de l'étranger ? 

Je me suis, et depuis toujours, profondément senti Français de l’étranger. Mes parents sont nés en Guinée et au Liban, de nombreux membres de ma famille résident à travers le monde.

C’est en les écoutant et par ce que je constate lors de mes déplacements à l’étranger que j’ai décidé de m’investir pour eux et pour tous les Français installés loin de la France.

Je me sens proche des Français expatriés. Proche parce que ce nom que je porte me rappelle, chaque jour depuis ma naissance, mes origines, mon identité, mon histoire. Ce nom me rappelle constamment qui je suis et d’où je viens.

Durant cette campagne, beaucoup ont affirmé que s’appeler « Youssef » ne rend pas légitime pour une candidature à l’élection des Sénateurs représentant les Français établis hors de France. Pour paraphraser un célèbre homme politique, les auteurs de ces commentaires ont-ils le « monopole » pour savoir qui doit ou peut se présenter à ce scrutin ?  Je sais ce qu’est être un Étranger dans un pays... Je le suis tous les jours depuis 35 ans dans le regard de certains.

Je sais les difficultés rencontrées quotidiennement par les Français de l'étranger, de la plus anecdotique à la plus révoltante...

Je sais ressentir ce que ressentent les éloignés de leurs racines, de leur famille... même si le choix de vivre dans un territoire est choisi et assumé.

 

Le monde n’a jamais été aussi instable sur les plans politique, sanitaire et environnemental

 

Quels sont, selon vous, les défis qui attendent les Français de l'étranger ? 

Les défis sont nombreux et incroyablement difficiles. Mais le défi majeur est la sécurité des Français établis hors de France. Ma liste s’appelle « Protéger les français de l’étranger », ce n’est bien entendu pas un hasard. Le monde n’a jamais été aussi instable sur les plans politique, sanitaire et environnemental. Il n’a donc jamais été aussi anxiogène, pour les Français de l’étranger encore plus que pour les Français de la métropole. 

Sur ce défi, il faudra aller encore plus loin que le Fonds d’urgence pour les Français de l’étranger victimes de catastrophes naturelles ou d’évènements politiques majeurs. C’est une avancée majeure mais il faut encore plus rassurer et être toujours plus réactif lorsqu’un drame se produit. 

 

J’ai une équipe restreinte mais motivée et efficace

Comment est organisée votre campagne ? 

C’est une campagne express et à distance durant laquelle se dégage une incroyable énergie. 

Je suis heureux du nombre de grands électeurs ayant accepté d’échanger avec moi, même lorsqu’ils sont présents sur une autre liste ou même s’ils savent déjà pour qui ira leur vote. C’est la preuve d’une très appréciable ouverture d’esprit de leur part. 

J’ai une équipe restreinte mais motivée et efficace. Une personne s’occupe des réseaux sociaux, une autre de mon agenda car j’ai au moins quinze rendez-vous téléphoniques par jour, d’une heure en moyenne, avec les grands électeurs. Avec les décalages horaires, il faut jongler pour caler les entretiens. Nous faisons aussi des mailings. Je regrette de ne pas pouvoir aller au contact des électeurs mais, même hors Covid, cela aurait été compliqué de rencontrer tout le monde.

 

Je veux être un élu abordable, qui travaille main dans la main avec les conseillers et délégués

 

Quels sont les axes de travail que vous souhaitez mener à bien si vous êtes élu ? 

L'un de mes axes principaux de travail sera d'œuvrer pour un accès équitable pour tous nos jeunes à nos établissements scolaires de l’étranger. L’éducation est chaque jour ma priorité à l’E2C Marseille, c’est donc une continuité pour moi et un combat que je mène déjà.

 

Pendant cette campagne, j’ai beaucoup échangé avec les conseillers et délégués qui me confirment une précarité accrue d’un nombre de plus en plus important de familles suite à la pandémie, notamment en Asie, aux Etats-Unis et en Afrique. Et, par exemple, les établissements scolaires semblent ne montrer que peu de compassion envers les parents qui connaissent des difficultés financières pour inscrire leurs enfants. Nous devons agir à ce niveau là. L’école gratuite, c’est pour tous nos enfants et jeunes adolescents et pas seulement pour les écoles, collèges et lycées de l’Hexagone.

 

Autre défi, l’argent de nos expatriés ! Je suis un homme d’écoute et de dialogue, c’est pourquoi il me semble plus qu’indispensable de réunir autour de la table tous les acteurs de la finance (banques, gouvernement, TRACFIN, ACPR Banque de France, avocats d’affaires, fiscaliste, juristes...) afin d’aborder l’épineux problème des opérations bancaires. Il complique grandement le quotidien de certains Français mais aussi de leurs entreprises dans leur développement comme dans leur fonctionnement. 

Bien entendu, les risques de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme, entre autres, ne seront pas éludés. Mais, nous devons faciliter le business de nos entrepreneurs tricolores en le rendant plus fluide, plus réactif sur la dimension du financement. Un exemple, les virements de l’Afrique vers l’Europe ne sont-ils pas une épreuve pour vous ? Parfois, souvent ou toujours ?

Le nom du pays où vous vivez, et où vous faîtes rayonner la France qui entreprend, ne doit pas  « financièrement » vous stigmatiser, ne doit pas vous rendre la vie plus difficile.  

 

Il y a encore d’autres sujets comme l’accès aux soins, l’alimentation, l’environnement et le dispositif de soutien au tissu associatif des Français de l’étranger (STAFE). Les conditions d’octroi de ces aides éliminent un nombre incalculable de personnes. Il faut assouplir les conditions d’attributions. Là aussi, je consulterai l’intégralité des conseillers et délégués pour produire un rapport précis et argumenté afin d’apporter des modifications à cela. 

 

Et puis, j’aimerais travailler sur l’évolution du statut des conseillers et des délégués qui ne sont pas assez, selon moi, assez considérés, consultés et reconnus. Je présenterai des propositions en ce sens.

Parallèlement, je souhaite organiser un référendum auprès de tous les conseillers et délégués pour connaître leur avis sur la question suivante : « vous paraît-il pertinent de pouvoir détenir un passeport de services ? ». Ce type de passeport est attribué aux ressortissants d’un pays qui ne peuvent obtenir un passeport diplomatique mais qui accomplissent des missions pour le compte du gouvernement. 

Pour certains d’entre eux, la crise sanitaire a remis sur la table ce sujet. Je veux l’aborder au plus tôt, une fois l’élection passée.  

Enfin, je veux être un élu abordable, qui travaille main dans la main avec les conseillers et délégués. Je veux les associer en permanence aux travaux parlementaires. 

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