Depuis les attaques du Hamas le 7 octobre 2023, que se passe-t-il du côté des lycées français en Israël et comment les familles et les 369 élèves français sur place réagissent ?
Cinq établissements AEFE proposent un enseignement français en Israël. Selon le site de l’agence d’enseignement, 369 élèves français y sont scolarisés. Parmi les établissements, le Lycée Maimonide Mikve Israël, une école juive française mixte, située dans la ville de Holon qui accueille 100 élèves français. Sylvia Elbaze, Directrice de la Section Française explique la situation sur place : comment l’établissement homologué AEFE est-il impacté au quotidien depuis le 7 octobre ? Comment les équipes pédagogiques prennent-elles en charge les élèves et comment leur parlent-elles au quotidien ? Sont-elles épaulées par la France ?
Les directives du ministère sont claires: pas d'école en présentiel jusqu'à nouvel ordre.
Etes-vous directement ou indirectement impactés par la situation dans la bande de Gaza et les réactions de Israël ?
Nous sommes tous impactés par la situation de guerre dans le pays. Les attaques ont eu lieu sur le territoire israélien et les roquettes tirées de Gaza pleuvent malheureusement sur l'ensemble du pays et dans plusieurs villes où nous vivons et où vivent nos élèves et leurs familles. .Il est impossible de faire prendre le moindre risque à qui que ce soit et comme tout le pays, nous sommes confinés. Les directives du ministère sont claires : pas d'école en présentiel jusqu'à nouvel ordre.
Avez-vous des élèves français (et leur famille) qui ont choisi de quitter l'école ou le pays en rapatriement officiel ou par un autre moyen ?
Nous avons immédiatement mis en place dès le lendemain de la guerre les cours en Zoom , également pour nous assurer de l'état de santé et psychologique de nos élèves, de leurs familles, les rassurer , les faire parler de leurs émotions, de leurs peurs. Quelques rares élèves ont rejoint leurs familles en France mais la grande majorité est restée en Israël. On sent bien l'esprit de solidarité de nos familles et élèves , les professeurs assurent vraiment et n'hésitent pas à arrêter un cours si le besoin de verbaliser se fait ressentir. Nous nous efforçons de maintenir une routine qui permettra un retour au lycée qu'on appelle de tous nos vœux.
Les élèves ont eu accès aux horreurs par les réseaux sociaux (...) Nous leur avons demandé ainsi qu'à leurs parents de se défaire de ces réseaux
Comment expliquez-vous ce qu'il se passe à vos élèves ?
Avant de leur expliquer, ils ont eu accès par les réseaux sociaux des horreurs perpétrées dans les localités et villes du Sud. Les images sont terrifiantes, les récits de ceux qui s'en sont sortis nous ramènent à des périodes abominables de notre histoire et nous leur avons demandé ainsi qu'à leurs parents de se défaire de ces réseaux . Nous avons souhaité - par le biais d'une conférence avec un journaliste et notre enseignante de Géo-politique - leur expliquer que nous avons été attaqués par des terroristes du Hamas, que l'Etat ne peut laisser le pays et le peuple israélien dans cette insécurité .Cette guerre a pour objectif de les protéger et de ramener la sécurité dans le pays, ils l'ont bien compris .
Nous avons contacté l’AEFE au sujet de la situation en Israël. L’agence explique avoir mis en place une cellule de crise depuis le 7 octobre 2023. Concrètement, elle “assure un suivi et un accompagnement des établissements et des personnels” des établissements d’Israël et de la zone et précisait, vendredi 13 octobre qu'”aucune victime n’est à déplorer au sein des communautés scolaires à l’égard desquelles l’AEFE exprime son total soutien et sa pleine solidarité.” Le 17 octobre, l'agence ajoute sur son site que "En lien avec l’AEFE et les postes diplomatiques, les établissements concernés organisent et assurent une continuité pédagogique. Celle-ci prend des formes et modalités différentes selon la situation locale : présentiel, distanciel ou hybride. Ces modalités sont évolutives"
Pouvez-vous nous expliquer concrètement ce que cette cellule fait auprès de vous, des équipes, de l'établissement, des élèves ?
Pour l'heure (samedi 14 octobre), j'ai eu un appel du chef de secteur pour un état des lieux de la situation. Je communique surtout avec mes autres collègues d'Israël, particulièrement du centre du pays. J'attends de voir si cette cellule prendra à nouveau contact cette semaine.