Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 1
  • 0

Le Bangladesh en proie à de violentes manifestations

Depuis début juillet, le Bangladesh fait face à des manifestations massives de la part de l’opposition politique et des étudiants. Les manifestants protestent contre la volonté du gouvernement de vouloir réintroduire un quota pour les fonctionnaires dans le but de réserver un tiers des emplois aux descendants des combattants pour l’indépendance du pays en 1971. Ces protestations ont entraîné la mort d’au moins 155 personnes.

manifestations au Bangladeshmanifestations au Bangladesh
Écrit par Paul Le Quément
Publié le 22 juillet 2024, mis à jour le 22 juillet 2024

Cela fait maintenant plusieurs semaines que le Bangladesh est en proie à de violentes manifestations presque quotidiennes. Les profils des manifestants sont variés allant des dirigeants de l'opposition à des étudiants. Le porte-parole de la police de Dacca, capitale du Bangladesh, a rapporté à l’AFP le lundi 22 juillet qu’ "au moins 532 personnes ont été arrêtées à la suite de violences". Hasan Yelias, journaliste bangladais et militant des droits de l’homme, décrit auprès de la rédaction lepetitjournal.com de véritables scènes de chaos dans le pays : “La situation actuelle au Bangladesh est très grave. Internet a été déconnecté. Des chars blindés de l'armée ont été déployés sur les routes. Des étudiants protestataires ont mis le feu aux bureaux de la chaîne de télévision publique BTV. De nombreux bâtiments gouvernementaux et privés importants ont été réduits en cendres.”

Les manifestants protestent contre le gouvernement bangladais et son ambition de mettre en place des quotas réservant un tiers des emplois de fonctionnaires aux descendants des combattants de l’indépendance du pays. Une réforme très mal accueillie par l’opinion publique alors que le chômage des jeunes est très haut et que les emplois gouvernementaux sont très convoités. 

 

Des manifestations meurtrières au Bangladesh 

Pour enrayer les protestations, le gouvernement a mis en place un couvre-feu 24h sur 24h dans tout le pays. L'armée a aussi été déployée pour rétablir l’ordre. Le bilan provisoire est difficile à estimer : “J'ai appris que 185 personnes avaient été tuées par des tirs de la police. Le bilan officieux s'élèverait à plus de 300 morts. Le nombre de morts augmente à chaque seconde. Il est très difficile d'estimer le nombre de blessés et de morts en raison de la déconnexion d'Internet du monde international.”

Avec un tel climat au sein de son pays, la Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, a annulé sa tournée diplomatique à l’étranger. Depuis son arrivée au pouvoir en 2009, le pays n’a de cesse de sombrer dans l’autoritarisme : “D'innombrables dirigeants de l'opposition ont disparu et ont été tués. De nombreux journalistes et militants des droits de l'homme ont été expulsés du pays pour avoir critiqué le gouvernement.” affirme Hasan Yelias.

 

Une réduction du quota annoncée par la justice du Bangladesh 

La réforme au cœur des contestations a été modifiée. La justice du Bangladesh a abaissé le nombre d'emplois réservés à certains groupes de personnes, passant de 56 % à 7 % pour l’ensemble des postes de fonctionnaires. Une mesure encore insuffisante pour faire cesser les protestations : “Le verdict stipule que si le gouvernement le souhaite, il aura la possibilité de modifier le quota. Les manifestants ont rejeté le verdict en le qualifiant de farce et de conspiration. Le mouvement a annoncé qu'il se poursuivrait.” 

Cette décision de la justice du Bangladesh a même augmenté la colère des manifestants : “Les manifestants sont devenus davantage furieux en protestant contre la mort de centaines d'étudiants lors de tirs aveugles. Le principal parti d'opposition a déjà appelé la population à descendre dans la rue pour exiger la démission du gouvernement.”


Dans le même temps, Nahid Islam, chef de file du principal mouvement organisateur des manifestations, a déclaré suspendre “les manifestations pour 48 heures”. En échange, il demande au gouvernement de “lever le couvre-feu pendant cette période, de rétablir l'accès à Internet et de cesser de s'en prendre aux manifestants étudiants".

Pensez aussi à découvrir nos autres éditions