Les violences conjugales peuvent toucher n’importe quelle famille et n’ont pas de frontières. Elles débutent rarement au moment de l’expatriation mais peuvent être exacerbées dû à l’éloignement des proches, dans un pays inconnu. Pour venir en aide aux victimes de violences de tous types, The Sorority a lancé en octobre 2022, un réseau d'écoutantes et de conseils : Save You. Mais que se passe-t-il une fois que l'on décide de faire appel à Save You ?
A l’occasion de la journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il est important de rappeler que la violence peut se trouver dans n’importe quel foyer, en France ou à l’étranger. Pour proposer un accompagnement aux victimes, hommes ou femmes - principalement des femmes - de violences à en expatriation, la fondatrice de The Sorority, Priscillia Routier Trillard, a créé la platerforme Save You. Lepetitjournal.com s’est demandé comment fonctionne l’outil une fois la première prise de contact et a interrogé Sandrine Calhoun, juriste de formation et bénévole pour la plateforme Save You.
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Les violences conjugales sont toujours une réalité pour les expatriés français : en 2023, 109 cas de violences conjugales en expatriation ont été comptabilisés par le Quai d’Orsay, mais toutes les victimes ne sont pas recensées. L’action Save You est plus que jamais nécessaire. Depuis son ouverture en octobre 2022, la plateforme est venue en aide à plus de 320 familles. Rien que pour 2024,150 familles ont été aidées.
Plusieurs conditions à remplir pour entrer dans la boucle d’écoute Save You
Tout commence par un e-mail à envoyer à Priscillia Routier Trillard. Elle s’occupe de vérifier chaque demande, entre 10 et 15 par semaine. Il y a trois conditions à remplir “et parfois, elles ne sont pas remplies, donc nous redirigeons les victimes vers les bons services” explique Sandrine Calhoun. Il faut que la personne qui contacte Save You soit française, soit toujours en expatriation à l’étranger et qu'elle vive des violences conjugales et intrafamiliales.
Dès que tout est vérifié, Priscillia s’occupe d’envoyer les formulaires, nécessaires pour recueillir un maximum d’informations et ainsi guider et aider au mieux les victimes.
Sur le formulaire, il faut renseigner ses coordonnées, son adresse, un numéro de téléphone utile, les personnes ressources à contacter en cas d'urgence, les personnes ne pas contactées - en l'occurrence souvent le conjoint violent ou l'ex-conjoint violent -, le nom des enfants, les papiers d'identité, etc.
Une vingtaine d’écoutantes pour venir en aide aux victimes
Ensuite, Sandrine Calhoun prend le relais. Elle s’occupe de mettre en relation la victime et l’écoutante qui lui correspond. “Toutes ont des profils différents : il y a des juristes, des personnes issues du milieu médical ou encore des assistantes sociales. Mais, elles ont toutes un point commun : elles savent faire des écoutes actives.” Save You est composé d’une vingtaine d’écoutantes - bénévoles et uniquement des femmes - à travers le monde. Lorsque Sandrine met en relation les deux personnes, via un groupe WhatsApp, elle fait en sorte qu’elles soient toutes les deux dans la même zone géographique, “pour qu’il n’y ait pas trop de décalage horaire et surtout, car l’écoutante connaîtra mieux les démarches à suivre”.
Dernière étape avant que l’échange et l’écoute active ne débutent vraiment, Sandrine renvoie, en amont, à l’écoutante, le formulaire rempli par la victime, pour qu’elle prenne connaissance de la situation. La victime n’est ainsi pas forcée de devoir à nouveau raconter son histoire douloureuse. L’écoutante peut entamer l’écoute par “J’ai eu accès à votre dossier, je suis là pour écouter”.
Les plateformes d’entraide THE SORORITY et SAVE YOU s’exportent à l’international
Les violences conjugales souvent exacerbées en expatriation
Même dans son propre pays, il est souvent compliqué de sortir de la sphère des violences conjugales : il y a des questions d’emprise, de contrôle coercitif ou même de garde d’enfants lorsqu’il y en a, explique Sandrine. “En expatriation, il est encore plus difficile d’en sortir. La question la plus fréquente que nous recevons est : 'est ce que je peux rentrer en France avec mes enfants?' Malheureusement dans la majorité des cas, la réponse est non.”
Concrètement, Sandrine nous explique la situation juridique : Si le pays de résidence de la victime est signataire de la Convention de La Haye de 1980, le conjoint dispose d’un délai d’un an, à compter du départ de la victime et de ou des enfants du territoire, pour déposer une déclaration d’enlèvement illicite d’enfants. La Convention vise à assurer le retour immédiat, dans sa résidence habituelle, de l’enfant déplacé illicitement. “En 48 heures, les enfants peuvent être ramenés dans le pays où réside le parent et surtout la victime a interdiction de retourner dans le pays. Save You existe pour leur venir en aide. Parce qu’il ne faut pas faire n’importe quoi et que très souvent, la peur entre en ligne de mire”.
Besoin urgent de prévention et de sensibilisation
Au-delà de l’accompagnement des victimes, Save You met également en lumière un besoin urgent de prévention et de sensibilisation sur les violences conjugales, y compris dans le cadre de l’expatriation. “La clé réside dans l’information et l’éducation”, rappelle Sandrine Calhoun, “en connaissant leurs droits, les victimes peuvent envisager des solutions adaptées et éviter des démarches précipitées qui pourraient leur nuire”. Parce que chaque situation est unique, il est essentiel de s’entourer de ressources fiables et adaptées pour reconstruire un avenir en toute sécurité.