Se déplacer en métro dans toute l’Europe d'ici à 2040 ? C’est la promesse du projet Starline 21st Europe. Ce groupe de réflexion, basé à Copenhague, ambitionne de mener les grands chantiers pour une Europe plus intégrée et résiliente. La couleur est annoncée : Starline espère réinventer l’infrastructure ferroviaire. Relier Helsinki à Berlin en cinq heures pourrait bientôt devenir une réalité.


Le think tank Starline 21st Europe entend repenser en profondeur le transport ferroviaire sur le continent. Selon ses fondateurs, l’infrastructure actuelle est « fragmentée, inégale et lente ». Leur ambition : déployer un réseau de trains ultrarapides capable de concurrencer l’avion.
Le projet vise à relier l’ensemble du continent européen, d’Helsinki à Lisbonne, d’Athènes à Oslo, en passant par près de quarante grandes villes. Le réseau intègrera également le Royaume-Uni, la Turquie et l’Ukraine. En s’appuyant sur 22.000 kilomètres de lignes, il mêle infrastructures existantes et nouvelles connexions. Starline veut bâtir un système de transport à la fois fluide, rapide et unifié, au service des voyageurs comme des marchandises. Les trains pourraient circuler à des vitesses allant jusqu’à 400 km/h. D'ici à 2040, le réseau promet d’être 30 % plus rapide que les modes actuels, routiers ou ferroviaires. Une avancée majeure vers une Europe plus connectée et résiliente.

Métro européen, un rêve partagé par Railee
Un avis que partage Railee, startup française spécialisée dans l’agrégation de billets de train européens. Selon son co-fondateur, Camille Barneaud, « le constat est clair : la billetterie ferroviaire est encore trop morcelée, chaque pays a ses codes, ses langues, ses plateformes ».
Fondée il y a un an et demi, Railee se donne pour mission de rendre la billetterie ferroviaire européenne aussi simple que celle de l’avion. Sur la plateforme, il est possible de chercher, comparer et réserver des trajets à travers l’Europe.
En 2023, d'après Interrail, 1,2 million de Pass interrail ont été vendus, soit une hausse de 25 % par rapport à l’année précédente et un doublement par rapport aux niveaux d’avant-COVID. Selon le cabinet de conseil OC&C, le marché ferroviaire européen représente 55 milliards d’euros en 2025 et devrait atteindre 85 milliards d’euros d’ici 2030. Quant au marché des liaisons ferroviaires transfrontalières, il est estimé à 4 milliards d’euros actuellement.
Ils placent leurs espoirs dans la centralisation des offres de transporteurs encore trop souvent cloisonnés. « On ne devrait pas avoir à être des spécialistes du ferroviaire pour choisir le train plutôt que l’avion », argumente Camille Barneaud.

Au-delà du prix, Railee affiche aussi les émissions carbone de chaque trajet, pays par pays. De quoi guider les choix des voyageurs soucieux de leur impact climatique.
Un train contre l’avion ?
Starline, comme Railee, part du constat partagé qu’il faut réduire la place de l’avion, surtout pour les distances de moins de 1.000 km. Un impératif écologique avant tout, mais aussi une question de confort. Le train émet entre 10 et 100 fois moins de CO₂ par passager que l’avion. Selon Camille Barneaud, pour respecter le budget carbone individuel, estimé à deux tonnes par an pour limiter le réchauffement climatique, trois vols suffisent à tout consommer.
Selon les données Eurostat de 2023, environ 7% des déplacements longue distance en Europe sont effectués en train, contre 15% en avion. Sur le plan environnemental, un passager en train émet entre 3 et 14 grammes de CO₂ par kilomètre contre environ 285 grammes pour un passager en avion. Avant la pandémie, le trafic aérien européen augmentait de 3 à 4 % par an, une croissance bien plus rapide que celle du train.
Mais au-delà de l’empreinte carbone, le train s’impose aussi comme une alternative plus agréable. « C’est plus confortable que l’avion, en réalité. Pas de longues files à l’embarquement, moins de stress, et surtout, on part et on arrive en centre-ville », explique le co-fondateur de Railee. Car selon lui, l’offre existe déjà, mais elle est parfois mal visible. Mais pour y parvenir, encore faut-il surmonter de nombreux obstacles, dont la coordination entre opérateurs.
Un train futuriste reliera Istanbul aux grandes villes d’Europe d’ici 2040
Un réseau ferroviaire européen unifié : rêve ou réalité en 2040 ?
« Il faut être un peu pragmatique aussi. Il y a beaucoup de freins », exprime Camille Barneaud.
D’ici à 2040, une coordination centralisée du ferroviaire en Europe est-elle envisageable ? Pour les acteurs engagés comme Railee, la réponse est claire : « Nous, nous travaillons pour ça ». Mais l’enthousiasme s’accompagne d’un certain réalisme. « Il faut être un peu pragmatique aussi. Il y a beaucoup de freins », tempère le co-fondateur. Derrière le rêve d’un réseau intégré se cachent des résistances profondes, notamment les intérêts nationaux. « Il y a une volonté politique d’avancer ensemble, mais tant que les opérateurs ne voient pas d’intérêt commun, ils freinent ou font du lobbying dans un sens contraire à l’intégration ».

Du côté des solutions concrètes, certaines entreprises, comme cette startup, ont pris les devants : « Ce que nous avons déjà construit, c’est la partie booking : une plateforme où, en trois clics, on peut réserver un train comme on le ferait pour un vol ». Une brique essentielle dans la vision portée par Starline.
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